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        1° Cet insecte, qui se nourrit des feuilles du mûrier,
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      ne peut être élevé que dans les régions qui conviennent à
      cet arbre. Or le mûrier, assez indifférent sur la composi­
      tion du sol, pourvu qu’il soit léger et pas trop humide,
      a besoin d’une température assez élevée, ce qui limite
      sa culture, pour nos contrées, à la région méditerranéenne.
      Dans les régions tropicales, il suffira d’établir ses cultures
      sur des terrains en pente où l’èau ne séjourne pas.
        2° L’élevage du ver à soie exige donc des conditions
      physiques qu’on trouve plus facilement dans les pays
      chauds qu’en Europe, et il demande une main-d’œuvre
      nombreuse et peu coûteuse.
        a)  Or, jusqu’ici, les pays d?Extrême-Orient seuls (Sud
      de la Chine et Japon) ont réuni toutes ces conditions ;   Le ver à soie et ses produits. — Lorsque, au printemps, les pre­
      aussi ce sont ceux où la production de la soie est de beau­  mières feuilles de mûrier commencent à pousser, on expose les œufs
                                                         recueillis l’année précédente, dans les magnaneries dont la tempé­
      coup la plus forte.                                rature est maintenue entre 20 et 25 degrés.
                                                          Au bout de quinze jours, les vers éclosent, sous forme de petites
        Sur les 45.000 tonnes de la production mondiale, en   chenilles noires, longues de 2 millimètres. On les place sur des claies
      1922, le Japon a fourni 25.000 tonnes et la Chine 16.000,   garnies de feuilles de mûrier, qu’on renouvelle plusieurs fois par
      soit les 90/100 de la production totale.          jour. Leur développement dure un mois ; puis, chaque ver commence
                                                        à filer son cocon. Il sécrète un liquide épais qui durcit à l’air et forme
        b)  En Orient : Indes anglaises (800 tonnes), Perse,   la soie. Sur la branche de mûrier, lorsqu’il est élevé en plein air, ou
      Turkestan, Caucasie, Asie-Mineure, Syrie, quoique la   sur des brindilles de bruyère disposées exprès, dans les magna­
                                                        neries, le ver à soie attache, d’abord en tous sens, ses fils légers
      culture du ver à soie soit probablement aussi ancienne   destinés à maintenir son cocon, puis il déroule son fil sans discon­
      qu’en Extrême-Orient, la production est très faible (les   tinuer et en se contournant sur lui-même, il finit ainsi par être
                                                        entièrement enveloppé ; son cocon est achevé ; deux ou trois jours
      2 /100 seulement de la production mondiale), à cause du   lui ont suffi. Enfermé dans son cocon, le ver à soie subit une dernière
                                                        transformation et au bout de trois semaines il en sort sous forme
      manque de main-d’œuvre et de moyens d’exportation ;   de papillon.
      d’autre part, les préceptes brahmanistes qui interdisent   Ces papillons vivent de huit à dix jours pendant esquels les
      de tuer les êtres vivants entravent l’élevage du ver à soie   femelles déposent leurs œufs, par plaques, sur des feuilles de papier
      dans les Indes.                                    disposées à cette fin.Ces œufs, appelés graine de ver à soie, sont livrés*
                                                         au commerce à des prix très élevés. Cent grammes d’œufs produisent,
        c) Dans les Pays méditerranéens : en Italie (3.700 tonnes)   dans de bonnes conditions, 80.000 à 120.000 cocons, dont le poids
      en France (100 tonnes), en Espagne (70 tonnes), etc.,   varie de 150 à 200 kg. et peuvent fournir de 15 à 16 kg. de soie
                                                         filée.
      cette culture est relativement récente et souffre de la   Après avoir fait la réserve des cocons destinés à la production
      concurrence des soies d’Extrême-Orient ; aussi ne fournit-   des œufs, on plonge "tous les autres dans l’eau bouillante pour faire
                                                        mourir le ver avant qu’il soit en état de percer son enveloppe. Ces
      elle que les 8 /100 de la production mondiale.    cocons sont remués dans l’eau bouillante afin de dissoudre la gomme
                                                        qui agglutine les filaments et d’en ‘faciliter le dévidage. Chaque
        3° Les grands centres industriels des soieries sont   cocon pèse 2 grammes environ et contient 2.000 mètres de fil.
      généralement autres que ceux de la production de la soie   Les premiers fils qui se déroulent, réunis à ceux qui proviennent
      grège, ce qui détermine un double commerce de soie   des cocons percés, constituent la bourre, dont on fait une soie gros­
                                                        sière appelée filoselle ou coconelle.
      brute et de soieries.
                                                          Dès que lé fil simple et pur se développe, on procède au tirage
        C’est la France, région de Lyon, qui tient le premier   en réunissant de 3 à 6 fils, à l’aide de métiers à tirer ; la gomme
      rang pour la valeur des soieries. En 1913, sa production,   humide dont ils sont encore imprégnés facilitant leur adhérence,
                                                         ils ne forment ensemble qu’un seul fil appelé soie grège. On n’emploie
      qui consomma 4.000 tonnes de soie grège, était estimée   ces fils qu’à la confection d’étoffes très légères. Si, avec des machines
      600 millions de francs; celle des États-Unis (région de   spéciales, appelées moulins, on tord ensemble deux ou trois fils
                                                        de soie grège (moulinage), on obtient la soie ouvrée, employée dans
      Paterson, sur l’Atlantique) qui consomma plus du double   le tissage. La soie grège ou la soie ouvrée qui n’a subi aucune prépa- .
      de la France (9.000 tonnes) n’était estimée que 500 mil­  ration est dite soie écrue ; on en fait des étoffes appelées gazes ou
                                                         blondes.
      lions. L’Allemagne (région de Crefeld, en Rhénanie)   Pour faire acquérir plus de souplesse à la soie, en la débarrassant
      produisit, cette même année, pour 400 millions de soie­  du vernis qui la couvre, on la fait bouillir dans une dissolution de
      ries ; la Suisse (région de Zurich) pour 200 millions, et   savon ; elle porte alors le nom de soie cuite ou décruée ; on l’emploie
                                                        à la fabrication du velours et du satin.
      l’Italie (région de Milan) pour 70 millions.
        4° Tandis que les États-Unis ne peuvent suffire à leur   2° Les chèvres fournissent un poil soyeux et lisse. Avec
      consommation des soieries et qu’ils en importent, la   celui des chèvres de Cachemire (Haute Vallée de l’Indus)
      France en a exporté pour .345 millions en 1913 ;   on confectionne des châles, jadis fort estimés.
      l’Allemagne pour 188 millions, la Suisse pour 146 mil­  Les chèvres angora (originaires d’Asie Mineure) ont été
      lions, le Japon pour 75 millions, l’Italie pour 56 millions   acclimatées dans l’Afrique Australe où l’on en compte
      et la Chine pour 49 millions.                     aujourd’hui plus de 7 millions. Leur poil, importé en
        5° Les soieries étant des tissus de luxe, les grands   Angleterre, sert à fabriquer une étoffe fine, le mohair,
      importateurs sont des pays riches : la Grande-Bretagne,   dont on confectionne des vêtements légers. (Mohair vient
      pour 287 millions de francs, en 1913, et les États-Unis,   de mo, nom indien d’une sorte de chèvre, et de hoir, poil,
      pour 150 millions.                                en anglais).
                                                          3° L’Angleterre, aussi, importe la laine de ! alpaga, sorte
        3.  Autres textiles d'crigine animale. — Outre la laine   de lama des Plateaux Andins, pour en fabriquer un tissu
      et la soie, il existe encore d’autres textiles d’origine   léger, noir et brillant, nommé alpaga ou alpaca comme
      animale, employés surtout dans les régions d’élevage des   l’animal qui fournit le poil.
      animaux qui les produisent, mais dont quelques-uns
      cependant font l’objet d’un certain commerce.
                                                          DEVOIR. — 1. Exercice 38 du Cahier de Croquis. — 2. Quels sont
        1° Les poils de chameau sont employés par les Arabes   les principaux pays producteurs de laine, et ceux qui en font une plus
                                                        grande consommation industrielle ? — 3. Faites l’histoire d'une cravate
      à la confection des toiles et des cordes de tente.  de soie.
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