Page 105 - Apiculture Moderne
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CONDUITE DU RUCHER.                  101

             Ces chiffres montrent suffisamment que les populations nom­
             breuses, entièrement adonnées à la récolte, peuvent faire dans
             certains cas de véritables prodiges. Il est certain que si l’abon­
             dante miellée des 3 et 4 juin avait duré quelques jours de plus il
             aurait été possible de tirer de cette ruche une moisson abondante.
             Mais, ajoute l’auteur, le mauvais temps survenu pendant la florai­
             son du sainfoin a arrêté complètement la récolte, ce que montre
             nettement le diagramme. »

                                  8.  Pillage.

               On sait qu’il n’est pas rare de voir des abeilles chercher à s’in­
             troduire dans des ruches voisines qui ne sont pas suffisamment
             gardées. Réussissent-elles à y pénétrer, elles se gorgent de miel,
             et elles ne s’en vont que pour revenir, accompagnées de beau­
             coup d’autres. Un combat s’engage alors contre les abeilles de la
             ruche envahie, et celle-ci est bientôt vidée, si ses habitants n’ont
             pas la force de résister. Aussi doit-on, dès que la grande miellée est
             passée, rétrécir les entrées des ruches pour éviter ces attaques.
               Le pillage excite beaucoup les abeilles. Pillardes et pillées
             deviennent vite furieuses ; c’est surtout dans ces moments qu’elles
             attàquent et poursuivent parfois, mais bien rarement, les per­
             sonnes et les animaux qui passent près d’elles. Faute à l’apiculteur
             d’avoir pris les précautions nécessaires, il est responsable du
             préjudice qui peut en résulter pour autrui, suivant la loi.
               Dès qu’on voit des batailles s’engager, il faut se hâter de rétré­
             cir l’entrée des ruches pour en faciliter la défense aux habitants
             légitimes; il est utile, en même temps, d’activer la ventilation.
               Il n’est pas toujours facile d’empêcher le pillage d’une ruche.
             Quelquefois il suffit, pour chasser les pillardes, de placer près de
             l’entrée, sur la planche de vol, un chiffon imbibé d’acide phénique.
             Parfois aussi on réussit en arrosant la ruche avec de l’eau sous
             forme de pluie fine. Enfin, un moyen souvent très efficace consiste
             à envelopper la ruche pillée dans une toile un peu claire lais­
             sant circuler l’air, et à la faire séjourner dans une cave pendant
             vingt-quatre heures, après quoi on la remet en place le soir, en
             ayant soin de rétrécir l’entrée de façon qu’elle ne puisse livrer
             passage qu’à une seule abeille à la fois. On peut encore arrêter le
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