Page 105 - Chartreuse de Vallon
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94              LA  CHARTREUSE  DE  VALLON

                        en  présence  des  parties  intéressées.  En  suite  de  quoi,  le
                        Prieur  de  Vallon  signifie  :  «  Nous  déclarons  libl'es  et
                         exempts,  pour  leurs  personnes  et  leurs  descendants,  de
                         toute  taillabilité,  main-morte,  échute  envers  ladite  char-
                        treuse  de  Vallon  et  celle  de  Ripaille ...  »  Suivent  les  noms
                         de  onze  habitants,  lesquels  «  signent  en  leur  nom  propre
                        et an  nom  de  tous  les  autres  habitants  de  Vallon,  dont  les
                        noms  sont  consignés  aux  registres  de  l'intendance  de  Tho-
                         non,  et  qu'il  est  inutile  de  rappeler  ici  pour  lecture.  »
                            Ainsi,  les  communiers  de  Vallon  se  trouvent  affranchis
                         de  la  main-morte  personnelle  à  l'égard  des  PP.  Chartreux.
                         Heste encore,  pour compléter leur affranchissement,  la libé-
                         ration  de  la  main-morte  réelle,  laquelle  affecte  les  biens
                         qu'ils  tiennent  des  religieux  par  contrat  emphythéotique.




                            Charles-Emmanuel  III,  poursuivant  sa  grande  œuvre
                         d'affranchissement,  porte,  le  Hl  décembre  1771,  un  nouvel
                         édit  prescrivant  le  rachat  général  et  obligatoires  des  rentes
                         féodales  et  de  la  directe.  Cette  fois,  le  Duc  ne  laisse  plus
                         la  liberté  d'opter  pour  l'affranchissement  ou  de  la  refuser.
                         L'édit  de  1762  laissait  cette  liberté.  <<  Un  assez  grand  nom-
                         bre  de  main-mortables,  écrit  le  ~Iarquis  Costa  de  Beaure-
                         gard,  aima  mieux  rester  dans  son  ancienne  condition,
                         dont  rien  ne  lui  faisait  sentir  le  poids  que  de  se  racheter
                         par  un  sacrifice  actuel.  »  Le  nouvel  édil est tout differend ;
                         il  impose  l'affranchissement.
                            En  conséquence,  une  réunion  plénière  des  deux  sections
                         de  Vallon  et  de  Bellevaux  a  lieu  le  31  mars  177~,  pour
                         délibérer  sur l'exécution  de  l'édit.  58  communiers en  accep-
                         tent  l'application,  contre  7  opposants.  Ces  derniers,  tou-
                         tefois,  ne  refusent  leur  consentement  que  dans  la  seule
                         crainte  des  frais.  ~lais  l'assemblée  ayant  décidé  que  les
                         dépenses  seraient  prises  sur  le  carnet  du  rôle  de  l'impôt,
                         ces  derniers  se  rendent  aussitôt  à  -l'avis  de  la  majorité.
                            Comme  il  fallait  s'y  attendre,  la  fixation  de  l'indem-
                         nité  à  verser  aux  religieux  provoque  d'interminables  dis-
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