Page 110 - Chartreuse de Vallon
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jours meilleurs. L'un d'eux, chargé de mettre en sécurité
les objets précieux du monastère, prend les devants, et se
fait conduire en barque à Vevey. Mais, à peine a-t-il mis
pied à terre, le batelier, virant aussitôt de bord, disparait
au large, emportant les ressources du couvent.
Un autre malheur suit de bien près celui-ci. Au mo-
ment où les religieux fidèles vont s'embarquer pour passer
en Suisse, voici que des officiers municipaux apparaîssent
soudain, les arrêtent et les conduisent au couvent des Bar-
nabites transformé en maison de réclusion provisoire.
A partir de ce moment, nous ne retrouvons plus
traces de Dom :Hélas, ni de Dom André Désallcment.
Quant aux autres religieux, nous avons recueilli les ren-
seignements que voici. Dom Timothée Comte se retire à
Lausanne en 1819, et meurt à la chartreuse de la Part-
Dieu, en 1823. Dom Claude Buisson meurt dans le même
couvent, mais beaucoup plus tôt, en 1799. On trouve Dom
Jacques Muguet à la Part-Dieu en 1794 ; il meurt en 1798,
chez les PP. Trinitaires, à Turin. Dom Michel Delisle est
signalé en 1793, à la Part-Dieu, sans autres détails. Dom
Antonin Galtier meurt également au milieu de ses confrè-
res en 1827 ; contrairement à l'usage de !'Ordre qui est
d'inscrire sans commentaire le décès des religieux dans
l'obituaire, il est fait cependant une exception en faveur
de celui-ci : cc Vir egregiœ indolis et religiosissimus », y
est-il mentionné.
Quant aux religieux qui prétèrent le serment, deux
d'entre eux quittent Ripaille assez vite, mûs probablement
par le repentir de leur faute ; ce sont Dom Antoine Guy,
et Dom Simon Goutry. Le premier se retire à Ivrée, et le
second à Nyon. Dom Ange Boissonney revient certaine-
ment à de bons sentiments, puisqu'il meurt dans un cou-
vent de l'Ordre, en 1821.
Ainsi disparaissent les derniers Chartreux de Ripaille-
Vallon. Ils sont les ultimes unités de cette longue série
de Chartreux qui chantèrent dans le Chablais les louanges
de Dieu par l'harmonie de leurs voix et la sainteté de leur
vie. Ils ne surent que faire du bien à tous, spécialement