Page 109 - Chartreuse de Vallon
P. 109
98 LA CHARTREUSE DE RIPAILLE-VALLON
Dans le dessein manifeste de s'emparer des immeubles
ecclésiastiques et conventuels, la Commission Provisoire
donne l'ordre de grouper les religieux des diverses com-
munautés en certains monastères déterminés. Les Char-
treux de Pomier et de Vallon devront être transférés au
Reposoir. Cette mesure ne fut point exécutée.
Enfin un décret du 28 mars 1793 prescrit : « Tous les
ecclésiastiques, tant séculiers que réguliers, seront tenus,
dans le terme de trois jours, dès la publication du présent
acte, de prêter serment par devant les municipalités de
leurs domiciles respectifs, d'être fidèles à la nation, à la
République française, et de maintenir la liberté et l'égalité,
ou de mourir en les défendant. » Le 10 avril suivant, des
sanctions sont portées contre les prétendus « récalci-
trants ». « Tous les ecclésiastiques, tant séculiers que ré-
guliers, clercs minorés, frères convers, et tous autres géné-
ralement qui n'auront pas prêté le serment civique, seront
mis aussitôt en état d'arrestation par les municipalités de
leurs domiciles respectifs, et traduits par la Garde natio-
nale au chef-lieu du département, pour y être enfermés
dans une maison d'arrêt qui sera préparée à cet effet. >>
La situation est des plus graves. Nos religieux délibè-
rent. E:t comme il arrive en pareil cas, les interprétations
du Droit ne concordent point ; les opinions sont parta-
gées sur la ligne de conduite à tenir. La grande majorité
des moines incline pour le refus. Ce sont : Dom Mélos,
prieur, Dom Timothée Comte, Dom Claude Buisson, Dof'l
Jacques :\Iuguet, Dom :\liche) Delisle et Dom Antonin
Galtier. Quatre religieux cependant pensent pouvoir conci-
lier les exigences de la conscience avec la prestation du
serment : Dom Ange Boissonney, Dom Antoine Guy,
Dom André Désallement et Dom Simon Gouq-y. Les docu-
ments se taisent sur les frères convers.
Ces derniers aussitôts sont couverts par le Directoire
de Thonon qui les autorise à demeurer dans les bâtiments
de Ripaille, et même leur fournit une pension sur les biens
nationaux. Quant aux premiers, ils décident d'aller de-
mander au Valais un abri hospitalier, en attendant des