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740 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

la température de zéro degré. On voit souvent gage de la lumière et détermine une explo­
se former des cristaux semblables dans les sion avec fracture du flacon, qui vole en
flacons d’acide sulfurique des laboratoires éclats. Ce même acide mis en contact avec un
exposés au froid. Ces cristaux persistent fragment de baryte sèche, produit, en se com­
jusqu’à une température de 7 ou 8 degrés binant à cet oxyde, un dégagement de chaleur
au-dessus de zéro. Mais ce dernier hydrate qui va jusqu’à amener l’incandescence.
se décompose par la chaleur. Soumis à la On voit de quelle énergie sont douées les
distillation, il abandonne de l’eau et se affinités chimiques de ce composé.
transforme en acide monohydraté, SO3,HO. On désigne sous le nom A'acide sulfurique
Cet acide monohydraté, SO3,HO, est celui de Nordhausen, ou de Saxe, un acide sulfu­
qui marque 66° à l’aréomètre de Baumé. rique qui fume à l’air, c’est-à-dire qui rend
C’est un corps parfaitement constitué au visible la vapeur d’eau contenue dans l’air,
point de vue chimique. Il a un point d’ébul­ en fixant cette vapeur.
lition constant (32o degrés). Il distille alors \dacide de Nordhausen a la propriété de
sans altération, et c’est le seul hydrate d’a­ dissoudre l’indigo, tandis que les autres
cide sulfurique qui puisse distiller sans se états de l’acide sulfurique ne peuvent pro­
détruire. C’est donc l’hydrate dont la cons­ duire qu’imparfaitement cette dissolution.
titution chimique est la mieux établie. Xd acide de Nordhausen n’est pas, comme
L’acide sulfurique anhydre (SO3) existe on le croit généralement, de l’acide sulfuri­
pourtant, et il n’est pas difficile de l’obtenir, que anhydre : c’est une dissolution de l’acide
il diffère par quelques propriétés de l’acide anhydre SO3, dans l’acide monohydraté,
hydraté. SO3,HO. En effet, si on le soumet à l’action
Pour obtenir cet acide anhydre, il faut de la chaleur, il laisse dégager de l’acide
commencer par se procurer du bisulfate anhydre, qui se condense, sous forme d’ai­
de soude. Il faut, pour cela, mêler 3 par­ guilles, dans le récipient refroidi par de la
ties de sulfate de soude privé d’eau par la glace, et l’acide monohydraté reste dans la
calcination, avec 2 parties d’acide sulfu­ cornue.
rique concentré. On chauffe, pour chas­ L’acide sulfurique de Nordhausen s’ob­
ser toute l’eau et fondre la matière. Le bi­ tient en distillant le sulfate de protoxyde
sulfate ainsi préparé est coulé en plaques. de fer. Les phénomènes que cette distilla­
On casse ces plaques en morceaux, et on les tion présente ont besoin, pour être compris,
introduit dans une cornue de terre, munie d’être analysés avec soin.
d’un récipient, que l’on tient refroidi au Le sulfate de protoxyde de fer a pour for­
moyen de la glace. On chauffe fortement mule chimique :
la cornue, et l’acide sulfurique en excès FeO,SO3 4- 7(H0)
dans le bisulfate s’en sépare, distille et Sulfate Eau.
de protoxyde de fer.
vient se condenser dans le récipient.
L’acide sulfurique anhydre est un corps Par l’action de la chaleur, il perd d’abord
solide, cristallisant en aiguilles blanches et toute son eau. Si l’on élève davantage la
brillantes, qui ressemblent à l’amiante. Ces température, l’acide sulfurique se décom­
aiguilles fondent à -|- 25° et entrent en ébul­ pose : il se forme de l’acide sulfureux, qui se
lition à + 35°. Jeté dans l’eau, l’acide sulfu­ dégage, et l’oxygène, au lieu de se dégager,
rique anhydre y produit le bruit qu’y ferait rencontrant le protoxyde de fer, se porte sur
un fer rouge. Une seule goutte d’eau versée cet oxyde et le fait passer à l’état de pcr-oxyde.
dans uu flacon qui renferme cet acide, dé­ Ce n’est toutefois que la moitié de l’a-