Page 748 - Les merveilles de l'industrie T1

LE SOUFRE ET L’ACIDE SULFURIQUE. 745

l’avons dit, c’est l’Anglais Ward que l’on à la chaux, et cette matière existe dans
regarde comme ayant fondé cette industrie la nature en masses inépuisables et à notre
en Angleterre. D’après d’autres, Roebuck portée, attendu que des collines entières,
l’aurait déjà établie à Birmingham, en 1746. comme celles de Montmartre, par exemple,
Nous avons expliqué les progrès et les ne sont composées que de sulfate de chaux.
développements qu’a reçus au siècle dernier Extraire l’acide sulfurique du sulfate de
et pendant notre siècle la fabrication de chaux, paraît chose fort simple, et pourtant
l’acide sulfurique dans les chambres de cette opération est une des plus difficiles
plomb. Ainsi se trouvent raccordés nos deux que la chimie puisse se proposer, ou pour
chapitres d’histoire industrielle relatifs à mieux dire, on n’a jamais réussi à l’exécuter
l’acide sulfurique. industriellement.
Pelouze a proposé de désoxygéner le sul­
fate de chaux par le charbon, pour obtenir
un sulfure de calcium, que l’on décompose­
CHAPITRE XII rait ensuite par l’acide chlorhydrique, de
manière à en dégager l’acide sulfhydrique
NOUVEAUX PROCÉDÉS PROPOSÉS POUR LA PRÉPARATION DE
gazeux. En enflammant le gaz sulfhydrique,
l’acide SULFURIQUE.
on produirait de l’eau et de l’acide sulfureux,
Ce chapitre sera court. Quand on sait que gaz que l’on dirigerait immédiatement dans
l’acide sulfurique ne se vend guère que les chambres de plomb.
15 centimes le kilogramme (15 francs les Quant à l’opération pratique, Pelouze
100 kilogrammes), prix inférieur à celui de proposait d’opérer comme il suit. Introduire
la matière, c’est-à-dire à celui du soufre, dans une cornue en fonte, de la forme des
qui vaut toujours 20 à 25 francs les 100 ki­ cornues à gaz, un mélange de 150 kilo­
logrammes, on se demande s’il est bien ra­ grammes de plâtre cuit et de 20 kilogrammes
tionnel de demander à la science des mé­ de coke en poudre, et calciner ce mélange
thodes nouvelles pour la préparation de cet pendant3 à 4 heures. Le charbon désoxydant
acide. Cependant l’esprit de recherche ne le plâtre, dégage de l’oxyde de carbone et
s’arrête jamais. Nous allons voir ce qu’il de l’acide carbonique, et laisse le sulfuré de
nous a donné quant à la production de l’acide calcium. On place ce sulfure de calcium
sulfurique par des procédés qui seraient plus dans un étoufioir en tôle, où on le laisse
économiques que le moyen aujourd’hui en refroidir, à l’abri de l’air, qui oxyderait le
usage dans le monde entier. sulfure. On décompose ensuite ce sulfure de
calcium par l’acide chlorhydrique, qui est
Parmi les procédés nouveaux qui ont été à très-bas prix dans le commerce. On re­
proposés ou essayés, les uns ont pour objet cueille, dans un gazomètre, le gaz acide suif-
la suppression du soufre, les autres la sup­ hydrique, et quand on veut fabriquer l’acide
pression de l’azotate de soude employé pour sulfurique, on amène ce gaz, au moyen d’un
fournir les vapeurs nitreuses. tube, à l’entrée des chambres de plomb. On
Pour supprimer le soufre dans la prépa­ l’enflamm'e et on dirige l’acide sulfureux
ration de l’acide sulfurique — ce qui serait dans la chambre, simultanément avec les
très-avantageux, si les soufres de Sicile ou vapeurs nitreuses.
les pyrites venaient à nous manquer — on a L’idée de faire manier dans des ateliers
surtout songé à s’adresser au plâtre. Le industriels un gaz aussi vénéneux que l’a­
plâtre est formé d’acide sulfurique combiné cide sulfhydrique était assez malheureuse.
T. i. t'4