Page 742 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 742

LE SOUFRE ET L’ACIDE SULFURIQUE.                             739


         reconnaît que l’acide est suffisamment concentré   sité considérable (1,84). 11 entre en ébulli­
         lorsque deux thermomètres marquent 200 à 205 de­  tion à -j- 325 degrés et devient solide à —
         grés centigrades aux deux extrémités opposées de
         l’appareil et que le vide est maintenu à 70 ou 75 cen­  35 degrés. Il rougit le tournesol avec beau­
         timètres de mercure comme point de sûreté. Un petit   coup d’énergie, et produit cet effet même
         flotteur indicateur qui ne danse plus, montre que   quand il est étendu de mille fois son poids
         l'ébullition a cessé; alors on laisse rentrer l'air dans
                                                   d’eau.
         l’appareil par une ouverture spéciale et l'on extrait
         l’acide jusqu’à lu cen imètres du fond par un si­  L’acide sulfurique est un corps très-avide
         phon qui plonge dans un puits de 6 mètres afin de   d’eau et qui s’y combine avec dégagement
         former tuyau barométrique infranchissable à l'air.   de chaleur. Quand on fait un mélange de
         Le feu avait déjà pu être retiré depuis une heure
         environ du fourneau de l’appareil. Pendant le sou­  cet acide avec la moitié environ de son
         tirage et pour éviter le surchaufl'ement du plomb   volume d’eau, le thermomètre peut accuser
         de l’alambic, on injecte à l’intérieur du fourneau,   une température de 100 degrés. Aussi faut-il
         de l’eau en pluie fine au moyen d'une Imce d’arro­
         sage, l’acide chaud est d’abord refroidi dans le man­  opérer ce mélange avec précaution, pour
         chon, puis il coule dans le cylindre réfrigérant. 11   éviter les projections d’acide résultant d’une
         passe de là, à l’abri du contact de l’air, dans une   brusque ébullition.
         citerne filtre qui se compose d’une digue quadran-   C’est en vertu de son affinité pour l’eau
         gulaire formée par des cloisons en plomb percées
         de trous, dans l’intervalle desquels on a tassé un   que l’acide sulfurique abandonné à l’air li­
         mélange d’amiante, de pierre ponce, de verre pilé   bre, finit par s’affaiblir beaucoup, en ab­
         et de cailloux. Ces matières renferment du sulfate   sorbant l’humidité répandue dans l’air.
         de plomb en suspension dans l’acide : le produit
         clarifié qui a traversé la muriille poreuse delà   Aussi ce corps est-il employé dans les labo­
         digue est soutiré par un robinet de gr s, dans les   ratoires pour dessécher les gaz, c’est-à-dire
         bonbonnes destinées au commerce. Au lieu de filtie,   pour absorber l’eau contenue en vapeurs
         on peut employer de grandes citernes de décanta­  dans ces gaz.
         tion en plomb, dans lesquelles, à labri du contact de
         l’air, le dépôt se fait en quatre ou cinq jours : dans   L’affinité de l’acide sulfurique pour l’eau
         l’intervalle et pour recommencer une nouvelleopé-   fait que cet acide mis en contact avec des
         ration, on a rétabli le vide dans l'alambic, et l’< n
                                                   matières organiques, en provoque la destruc­
         y a aspiré l’acide d’une des cuvettes pr> parantes,
         on a appliqué à cette chaudière le chauffage tubu­  tion. 11 s’empare de leur hydrogène et de leur
         laire intérieur, c’est-à dire 6 tuyaux de plomb de   oxygène, sous forme d’eau, qu’il absorbe, el
         12 centimètres de diamètre.               met ainsi leur charbon à nu. C’est pour cela
           «Le robinet à air qui est de l’invention deM. de
         hemptinne mérite une grande attention. Ce robinet,   que le bois, les allumettes, les bouchons, etc.,
         qui tient parfaitement le vide, se compose de deux   plongés dans l’acide sulfurique, sont, comme
         rondelles de bronze exactement dressées qui tour­  on le dit, charbonnés, carbonisés, par ce puis­
         nent l’une sur l’autre. Elles sont percées de deux   sant réactif.
         trous ronds de 12 millimètres de diamètre; lorsque
         l’on veut ouvrir le robinet, c esl-à-dire faire corres­  Quand on voit cette avidité extraordinaire
         pondre les deux trous, on fait tourner la menotte   de l’acide sulfurique pour l’eau, on est porté
         de cuivre qui est creuse. »
                                                   à penser que ce corps est anhydre. 11 n’en
                                                   est rien pourtant, car l’acide sulfurique
                                                   dont nous venons de parler, contient de
                      CHAPITRE X                   l’eau : c’est un hydrate, pour employer le lan­
                                                   gage des chimistes. Sa composition est re­
         PROPRIÉTÉS DE L’ACIDE SULFURIQUE. — i?ACIDE SULFURI­
                                                   présentée par la formule chimique SO3,HO
           QUE ANHYDRE. — l’aCIDE SULFURIQUE DE NORPHAÜ5EN.
           — PRÉPARATION DE l’aCI-E DE NORDHAL’SEN DANS l’1N-   (un équivalent d’acide et un équivalent d’eau).
           baSTRIE.
                                                      11 existe aussi un second hydrate d’acide
           L’acide sulfurique constitue un liquide   sulfurique, SO3,2HO, qui diffère du précé­
         incolore, comme oléagineux, et d’une den­  dent en ce qu’il cristallise en gros cristaux, à
   737   738   739   740   741   742   743   744   745   746   747