Page 741 - Les merveilles de l'industrie T1
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738                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


              l’usure de l’appareil représentent une dé­  3 ou 4 centimètres de la colonne baromé­
              pense de 24 francs par jour.              trique. M. Kuhlmann a essayé de faire
                Le prix élevé et l'usure des appareils de   passer cette idée dans la pratique, mais il
              platine empêchent quelques fabricants d’en   n’a qu’imparfaitement réussi.
              faire usage. Dans les localités où le verre   En 1872, un fabricant de produits chi­
              est à bas prix, on a avantage à opérer la   miques de Belgique, M. de Hemptinne, de
              concentration de l’acide sulfurique dans de   Molenbeeck, dont l’usine se trouve à Saint-
              simples cornues de verre, bien que cha­   Jean, près de Bruxelles, a repris les recher­
              que cornue ne puisse servir qu’à un très-   ches de M. Kuhlmann, et paraît être arrivé
              petit nombre de distillations.            à résoudre le problème de se passer des ap­
                Il faut que le verre destiné à opérer la   pareils de platine, si coûteux, ou des appa­
              concentration de l’acide sulfurique, soit très-   reils de verre si fragiles et qu’il faut si sou­
              pauvre en alcali, pour n’être pas attaqué par   vent renouveler.
              l’acide sulfurique bouillant. Les verreries de   La Revue de chimie de M. Ch. Mène, dans
              Birmingham fournissent à très-bas prix des   son numéro du 6 février 1873, a donné la
              cornues ayant cette qualité. Aussi, en An­  description suivante des appareils de M. de
              gleterre, les 70 centièmes de l’acide sulfuri­  Hemptinne pour la concentration de l’acide
              que sont-ils concentrés dans le verre.    sulfurique dans le vide.
                Nous représentons (fîg. 412) le fourneau
                                                          « La concentration de l’acide sulfurique à 66“ se
              qui sert à opérer la concentration de l’acide
                                                        fait au moyen du vide dans une chaudière en plomb
              sulfurique dans des cornues de verre, chez   dont les parois épaisses résistent à la pression at­
              la plupart des fabricants anglais.        mosphérique parce que cette cuvette a été remplie
                                                        de cailloux siliceux ou de boules de grès ou de verre
                Les cornues dans lesquelles on condense
                                                        de 3 à 4 centimètres de diamètre, inattaquables par
              l’acide sulfurique, sont munies d’allonges,
                                                        l’acide. On produit le vide au moyen de la conden­
              dont les becs plongent dans des bonbonnes.   sation de la vapeur injectée dans une chaudière de
              Chaque cornue est placée sur une marmite   fonte accolée à l’appareil et qui est garnie à l’inté­
                                                        rieur de douves de bois, d’un plafond et d’un plan­
              en fonte contenant du sable, qui lui trans­
                                                        cher de même matière destinés à empêcher (point
              met la chaleur du fourneau, pour qu’elle   capital de l’opération) réchauffement inutile du
              ne reçoive pas directement la chaleur.    métal. La vapeur y est amenée par un tuyau ou
                                                        elle expulse en quelques minutes l’air de l'intérieur
                Quand la distillation est terminée, on
                                                        à l’aide d’un tuyau à robinet de décharge. Lorsque
              laisse les cornues se refroidir, et on en retire   l’air est sorti, une injection d’eau en fine poussière
              l’acide à 66 degrés qui s’y trouve. La même   amenée par un tuyau à boules produit rapidement
              cornue ne peut servir qu’à cinq ou six con­  un vide de 70 à 72 centimètres qui est indiqué par
                                                        un baromètre à mercure.
              centrations.
                                                          «La première condensation se fait par l’eau en ré­
                                                        serve dans une boule de cuivre et par celle qui est
                On a essayé de se passer du platine ou du   aspirée facilement d’un réservoir supérieur par un
                                                        robinet à filtre. Le reste de la condensation s’achève
              verre pour la concentration de l’acide sulfu­
                                                        au moyen de l’eau aspirée et filtrée plus bas dans la
              rique. M. Kuhlmann, de Lille, a proposé de   cuve inférieure ou dans un puits de profondeur
              concentrer l’acide sulfurique dans descornues   moyenne. Lorsque le vide le plus élevé possible est
              de plomb, eu faisant le vide dans l’appareil.  obtenu, on ouvre un robinet et I on extrait l’air des
                                                        diverses parties de l'appareil de concentration. Le
                En effet, l’acide sulfurique à 66 degrés de   f. u ayant été allumé dans le fourneau de l’alambic,
              Baumé, qui bout, à l’air libre, à la tempé­  les vapeurs acidulées se dégagent par deux chapi­
              rature de 325", peut n’entrer en ébullition   teaux et un tuyau refroidi dans une gouttière de
                                                        plomb : les petites eaux produites se rendent dans
              qu’à 190" s’il n’est plus soumis qu’à une
                                                        un récipient cylindrique formé de trois tronçons de
              faible pression atmosphérique, mesurée par   tuyaux de poterie de grès, recouverts de plomb. On
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