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c’est-à-dire dans la vaste capacité pleined’air , nicaux. Aussi, quand on veut obtenir de
et de vapeurs d’eau, à l’intérieur de laquelle l’acide sulfurique de qualité supérieure,
doit se produire la réaction qui transfor faut-il avoir recours au soufre ; et dans les
mera l’acide sulfureux en acide sulfurique. fabriques importantes, on réserve toujours
Nous avons supposé, dans cette descrip ( ue'qnes chambres de plomb pour les
tion, que c’est le soufre qui sert à la prépa faire, au besoin, marcher au soufre, et pro
ration de l’acide sulfurique. Le soufre a été, duire un acide irréprochable. Si les pro
en effet, pendant plus d’un siècle le seul priétaires de Sicile comprenaient leurs vé
agent employé à la fabrication de l’acide ritables intérêts, ils s’arrangeraient pour
sulfurique. Mais il importe de savoir qu’il perfectionner leur système d’exploitation
est-aujourd’hui remplacé par les pyrites, des mines, ainsi que leur procédé d’exploi
c’est-à-dire par le sulfure de fer naturel. Vers tation du minerai, et, pouvant ainsi abais
1835, les propriétaires des usines de soufre ser leurs prix, ils permettraient à l’indus
de la Sicile, se croyant sûrs du monopole de trie européenne de revenir à leur soufre.
cette matière, crurent pouvoir en augmen Malheureusement, il n’en est pas ainsi. Les
ter le prix dans des proportions exorbitan propriétaires siciliens, qui ont perdu le dé
tes. En présence de cette élévation de prix, bouché de leur soufre dans les fabriques
qui rendait impossible la fabrication de l’a d’acide sulfurique, ont retrouvé un marché
cide sulfurique, les manufacturiers français équivalent dans l’immense consommation
et allemands cherchèrent à substituer les de soufre que l’agriculture fait depuis plu
pyrites au soufre. Les essais réussirent au sieurs années pour combattre la maladie de
delà de toute attente. On reconnut que les la vigne. Assurés de placer les produits de
pyrites pouvaient, tout aussi bien que le leurs solfatares, les propriétaires de la Si
soufre, être brûlées dans des foyers, et four cile ne se préoccupent de rien aujourd’hui;
nir de l’acide sulfureux, qui se transformait mais que la maladie de la vigne vienne à
parfaitement en acide sulfurique dans les cesser, et ils seront bien forcés de donner sa
chambres de plomb. Seulement, il fallut tisfaction au vœu de l’industrie européenne,
modifier la disposition des foyers pour les qui ne demanderait pas mieux que d’en re
adapter à la combustion des pyrites. venir au soufre des solfatares.
La substitution des pyrites au soufre est En attendant, le soufre est aujourd’hui
aujourd’hui générale. Les fabriques de Mar entièrement banni de la fabrication de l’a
seille, de Rouen, de Paris, de Lyon, etc., ainsi cide sulfurique. 11 est donc nécessaire, pour
que les usines de l’Allemagne, de la Belgi compléter ce qui précède, de donner la des
que et de l’Angleterre, ont complètement cription des foyers où l’on brûle les pyrites
renoncé au soufre. Disons, toutefois, qu’il est destinées à la préparation de l’acide sulfu
regrettable que les soufres de Sicile soient rique.
ainsi absolu ment bannis, et qu’ils ne puissent Comme les pyrites varient beaucoup dans
pas subir une réduction de prix qui leur per leurs propriétés physiques, leur combus
mettrait de reprendre possession des usines tibilité et leur richesse en soufre, il est à
européennes. 11 ne faut pas se dissimuler, peu près impossible de donner une descrip
en effet, que l’acide sulfurique fourni par tion rigoureuse des différentes espèces de
les pyrites est inférieur à celui qui provient foyers dont l’industrie se sert pour brûler
du soufre. Les pyrites sont toujours arseni les pyrites destinées à la fabrication de l’a
cales, et l’acide sulfurique qui en provient cide sulfurique.
est nécessairement souillé de produits arse- j On s’est longtemps servi des fours dits