Page 730 - Les merveilles de l'industrie T1
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726                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

               c’est-à-dire dans la vaste capacité pleined’air ,  nicaux. Aussi, quand on veut obtenir de
               et de vapeurs d’eau, à l’intérieur de laquelle   l’acide sulfurique de qualité supérieure,
               doit se produire la réaction qui transfor­  faut-il avoir recours au soufre ; et dans les
               mera l’acide sulfureux en acide sulfurique.  fabriques importantes, on réserve toujours
                 Nous avons supposé, dans cette descrip­  ( ue'qnes chambres de plomb pour les
               tion, que c’est le soufre qui sert à la prépa­  faire, au besoin, marcher au soufre, et pro­
               ration de l’acide sulfurique. Le soufre a été,   duire un acide irréprochable. Si les pro­
               en effet, pendant plus d’un siècle le seul   priétaires de Sicile comprenaient leurs vé­
               agent employé à la fabrication de l’acide  ritables intérêts, ils s’arrangeraient pour
               sulfurique. Mais il importe de savoir qu’il   perfectionner leur système d’exploitation
               est-aujourd’hui remplacé par les pyrites,   des mines, ainsi que leur procédé d’exploi­
               c’est-à-dire par le sulfure de fer naturel. Vers  tation du minerai, et, pouvant ainsi abais­
               1835, les propriétaires des usines de soufre  ser leurs prix, ils permettraient à l’indus­
               de la Sicile, se croyant sûrs du monopole de   trie européenne de revenir à leur soufre.
               cette matière, crurent pouvoir en augmen­  Malheureusement, il n’en est pas ainsi. Les
               ter le prix dans des proportions exorbitan­  propriétaires siciliens, qui ont perdu le dé­
               tes. En présence de cette élévation de prix,   bouché de leur soufre dans les fabriques
               qui rendait impossible la fabrication de l’a­  d’acide sulfurique, ont retrouvé un marché
               cide sulfurique, les manufacturiers français  équivalent dans l’immense consommation
               et allemands cherchèrent à substituer les  de soufre que l’agriculture fait depuis plu­
               pyrites au soufre. Les essais réussirent au   sieurs années pour combattre la maladie de
               delà de toute attente. On reconnut que les  la vigne. Assurés de placer les produits de
               pyrites pouvaient, tout aussi bien que le   leurs solfatares, les propriétaires de la Si­
               soufre, être brûlées dans des foyers, et four­  cile ne se préoccupent de rien aujourd’hui;
               nir de l’acide sulfureux, qui se transformait   mais que la maladie de la vigne vienne à
               parfaitement en acide sulfurique dans les  cesser, et ils seront bien forcés de donner sa­
               chambres de plomb. Seulement, il fallut  tisfaction au vœu de l’industrie européenne,
               modifier la disposition des foyers pour les  qui ne demanderait pas mieux que d’en re­
               adapter à la combustion des pyrites.      venir au soufre des solfatares.
                 La substitution des pyrites au soufre est   En attendant, le soufre est aujourd’hui
               aujourd’hui générale. Les fabriques de Mar­  entièrement banni de la fabrication de l’a­
               seille, de Rouen, de Paris, de Lyon, etc., ainsi   cide sulfurique. 11 est donc nécessaire, pour
               que les usines de l’Allemagne, de la Belgi­  compléter ce qui précède, de donner la des­
               que et de l’Angleterre, ont complètement  cription des foyers où l’on brûle les pyrites
               renoncé au soufre. Disons, toutefois, qu’il est  destinées à la préparation de l’acide sulfu­
               regrettable que les soufres de Sicile soient  rique.
               ainsi absolu ment bannis, et qu’ils ne puissent   Comme les pyrites varient beaucoup dans
               pas subir une réduction de prix qui leur per­  leurs propriétés physiques, leur combus­
               mettrait de reprendre possession des usines  tibilité et leur richesse en soufre, il est à
               européennes. 11 ne faut pas se dissimuler,  peu près impossible de donner une descrip­
               en effet, que l’acide sulfurique fourni par  tion rigoureuse des différentes espèces de
               les pyrites est inférieur à celui qui provient  foyers dont l’industrie se sert pour brûler
               du soufre. Les pyrites sont toujours arseni­  les pyrites destinées à la fabrication de l’a­
               cales, et l’acide sulfurique qui en provient  cide sulfurique.
               est nécessairement souillé de produits arse- j   On s’est longtemps servi des fours dits
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