Page 734 - Les merveilles de l'industrie T1
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            formés dans le fourneau à soufre et à nitre,   Ainsi tous les éléments nécessaires à la
            G, ne pénètrent pas immédiatement dans les   production de l’acide sulfurique, à savoir, les
            chambres de plomb. Leur température est    gaz acide sulfureux et hypo-azotique, l’eau
            trop élevée au sortir du foyer pour qu’on   et l’oxygène de l’air, se trouvent réunis. Alors
            puisse leur donner immédiatement accès     se produisent les réactions chimiques que
            dans ces chambres ; il est indispensable de   nous avons analysées en donnant la théorie
            les refroidir avant de les admettre dans   de l’opération, c’est-à-dire, la formation des
            ces enceintes. Pour cela, les gaz sortant du   cristaux d’acide azoto-sulfurique, puis la dé­
            fourneau G traversent le large tube N et vont   composition de ces cristaux par l’eau, avec
            plonger dans de l’eau froide, contenue dans   production d’acide sulfurique, lequel reste
            un bac, DD. Ce tube s’infléchit et plonge   dissous dans l’eau, et dégagement d’acide
            dans l’eau,suivant la direction représentée   azoteux, lequel devient libre, se répand dans
            sur la figure 409 par une ligne ponctuée.   l’air de la chambre et se transforme en acide
            Comme l’eau de ce bac est courante et se re­  hypo-azotique aux dépens de l’oxygène de
            nouvelle sans cesse, grâce au robinet r, elle   l’air. Il y a donc de nouveau en présence
            refroidit considérablement le tube N qui con­  les acides sulfureux, hypo-azotique, de l’air,
            tient les gaz, et par conséquent le gaz lui-   de l’eau, de sorte que les mêmes combinai­
            même.                                      sons recommencent ; c’est-à-dire, qu’il se
              En sortant du bac réfrigérant le gaz pénè­  forme de nouveau de l’acide azoto-sulfu-
            tre, par le tube T, dans la première chambre   rique, etc.
            de plomb, C. 11 y a trois chambres de plomb   Danfe cette réaction, l’une des plus cu­
            C,C',C", communiquant entre elles par des   rieuses assurément que puisse citer la chi­
            tubes de plomb N'F, N'F'. La première est la   mie, et l’une des plus fécondes pour l’in­
            plus petite, la seconde est la plus vaste, et la   dustrie, par ses conséquences économiques,
            troisième est de grandeur moyenne entre la   le composé nitreux reste pour ainsi dire
            première et la deuxième. Cette succession   intact. Il n’est qu’une sorte d’agent inter­
            de vastes capacités a pour but d’offrir aux gaz   médiaire qui provoque la suroxydation conti­
            réagissants la quantité d’air nécessaire pour   nuelle de l’acide sulfureux par l’oxygène
            leur combinaison. C’est dans la première ca­  de l’air. Le composé nitreux fait la navette,
            pacité, ou dans le premier tambour, comme   pour emprunter l’oxygène à l’air atmosphé­
            on l’appelle dans les usines, que se font les   rique et le transporter sur l’acide sulfu­
            réactions principales; dans le dernier tam­  reux. Voilà pourquoi la fabrication de l’acide
            bour les réactions ne font que se compléter.  sulfurique se fait à si peu de frais ; elle
              Dans la figure 409 on s’est borné à repré­  se réduit, en définitive, à brûler du soufre
            senter la première et la troisième chambre   pour produire de l’acide sulfureux, et à
            C et C" ; la chambre moyenne, C', est suppo­  transformer cet acide sulfureux en acide
            sée coupée.                                sulfurique, grâce à l’intervention d’un com­
              Considérons isolément la première de ces   posé nitreux, lequel, en théorie, n’est jamais
            chambres,C. Dans cette chambre arrivent à   perdu, et dont, en pratique, les pertes sont
            la fois les gaz sulfureux et nitreux, par le   très-faibles.
            tube T, et un courant de vapeur d’eau, qui   L’air est un élément essentiel à l’opé­
            débouche par le tube O. A la partie infé­  ration, puisque c’est son oxygène qui doit
            rieure de la chambre de plomb est une cou­  opérer la suroxydation de l’acide sulfureux.
            che d’eau liquide, provenant de la conden­  D’un autre côté, il faut agir en vase clos,
            sation de la vapeur.                       pour conserver les produits. Le lecteur s’ex­
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