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PEUT-ON RÉÉDUQUER




               LE PEUPLE ALLEMAND?





                 ■ e n’est pas la haine, si justifiée   néantir leurs ennemis. Il faut donc étu­  dive de l’esprit allemand, il suffit de
              HE soit-elle, qui inspire ces lignes.  dier 'a possibilité d’une transformation   citer son début : Cet esprit « est univoque
                I _ Sinon, elles se résumeraient en   des espiits allemands. Pour cela, deux   et fait à la fois des plus grands con­
                     une seule question : « Que fe-   moyens paraissent nécessaires :   trastes : haute intelligence et absurdes
                 ™ raient les Allemands si, à notre                                     concepts ; facultés remarquables d’inven­
              place, ils avaient été vainqueurs ? ». On   D’abord, une pénitence collective,   tions mécaniques et, en même temps,
              sait du reste ce qu’ils ont voulu être   constamment expliquée et justifiée par   absence complète de tout sentiment noble
              lorsqu’ils se sont crus les maîtres du   la réalité de la responsabilité collective   et élevé, ténacité puissante et à coups
              monde, et quelles conditions d’esclaves   dans la poursuite unanime des desseins   stupides, fourberie et mensonge, doublés
              nous étaient réservées.              guerriers et dans, leur exécution barbare.   de la passion du vol. Le tout est dominé
                C’est encore moins le pardon ou le   Il sera indispensable de montrer qu’on   par un orgueil démesuré et universel,
              désir d’oubli. Il est essentiel que le ta­  ne reproche pas au peuple allemand son   absurde par son exclusivité et la dispro­
              bleau de leurs crimes collectifs soit éta­  sentiment patriotique, mais bien ce qu’il   portion entre le réel pouvant le justifier
              bli, et demeure présent à la conscience   en a fait : Un rêve impérialiste de domi­  et le factice sur lequel il s’appuie ».
              mondiale et allemande. Déjà, dans son   nation univei selle à satisfaire par tous   C’est cette unanimité du sentiment
              discours du 24 février dernier, Hitler   les moyens même inhumains.       allemand qui frappe d’abord. Chacun,
              osait dire : « Les ennemis de l’Alle­                                     pendant ces quatre ans, a pu faire pour
              magne lui ont infligé et appris tellement   Surtout l’étude du mécanisme qui a   son compte l’expérience d’une naïve pay­
              d’horreurs qu’il ne peut pas y en avoir   universalisé cet esprit d’agression. C’est   sanne cévenole, qui fraternisait avec le
              de plus grandes ». On voit clairement   seulement ainsi qu’on pourra s’en pren­  gentil occupant, lui rendant de menus
              l’immense danger que, dans un avenir   dre à ses causes et l’annuler. A cet égard,   services, bavardant avec lui, l’appelant
              proche ou lointain, la confusion se fasse   une Conférence faite en février 1916 par   par son prénom. Un jour elle lui de­
              entre le bourreau et la victime, et qu’au   le Docteur Capitant, Professeur au Col­  manda : « Mais enfin, si l’on vous ordon­
              mieux la postérité ne voit plus entre   lège de France, est suggestive jusque   nait de nous tuer tous, vous ne le feriez
              eux qu’une différence de degré.      dans son titre « Psychopatologie crimi­  pas ? » L’autre marqua quelque étonne­
                Il ne s’agit ici que du désir légitime   nelle des austro-allemands ». Pour savoir   ment, puis répondit d’un mot : « Ser­
              de sécurité. Nous nous trouvons placés   ce qu’il pensait de la criminalité mala­  vice ».
              à un moment décisif. Man­                                                              Cette unanimité est due
              quer l’occasion serait trahir                                                         à un dressage scientifique,
              à la fois nos morts et nos                                                            utilisant systématiquement
              successeurs.                                                                          les bas instincts de la tribu
                                                                                                    dans ses manifestations les
                Nous ne nous occuperons
              pas des indispensables pré­                                                           plus intellectuelles comme
                                                                                                    dans ses mythes les plus
              cautions économiques et
              militaires. Il faut évidem­                                                           primitifs.
              ment enlever à la volonté                                                              C’est Nietzsche (dont les
              de puissance germanique                                                               œuvres complètes offertes
              ses moyens d’agression.                                                               par Hijtler, devaient récon­
              Mais il faut aussi envi­                                                              forter Mussolini après sa
              sager une action complé­                                                              chute) qui annonce « l’Eu­
              mentaire sur la mentalité                                                             rope Nouvelle » avec son
              allemande.                                                                            cortège de sang et de lar­
                A cet égard, montrer par                                                            mes. « Nous autres Euro­
              la défaite et les sanctions                                                           péens, nous allons entrer
              que l’agression ne paye                                                               maintenant dans l’âge
              pas est insuffisant. D’abord                                                          classique de la guerre.
              l’agression a payé pen­                                                               Vous dites : C’est la bonne
              dant quatre ans. Et l’idée                                                            guerre qui sanctifie la
              qu’une agression encore                                                               guerre, et moi je vous dis :
              mieux préparée aurait pu                                                              C’est la bonne guerre qui
              payer définitivement, peut                                                            justifie n’importe quelle
              toujours subsister ou re­                                                             cause... Ressentir la souf­
              naître. Allemands et Ita­                                                             france d’autrui comme si
              liens s’étaient crus déjà                                                             c’était la nôtre, quelle dé­
              invincibles : « Nos armées                                                            testable maxime ! S’endur­
              sont terrible0 », s’écriait                                                           cir et non s’attendrir, voilà
              Mussolini, et Gœring af­                                                              qui a été de tout temps le
              firmait : « Aucun avion                                                               style noble et classique...
              ennemi ne survolera Ber­                                                              Soyez durs, et ainsi les dé­
              lin ». Ces derniers mois                                                              cadents nous obligeront,
              ont vu la naissance des                                                               nous les rorts et les puis­
              armes V, qui ont un mo­                                                               sants, si eux-mêmes n’en
              ment fait croire aux Alle­                                                            ont pas le courage, à deve­
              mands que la victoire al­                                                             nir leurs propres extermi­
              lait repasser de leur côté.                                                           nateurs. Et cette mission
              Et certains d’entre eux,                                                              d’exterminateurs, il la voit
              . malgré tout, conservent                                                             déjà entre les mains de la
              l’espoir indéracinable que                                                            jeunesse allemande, pour
              des armes encore plus per­                                                            laquelle on créera plus
              fectionnées pourront un                                                               tard le mythe de la race
              jour leur permettre d’a­                                                              supérieure, conquérante et
                                          CETTE BOUCHE SENSUELLE. CE REGARD FROID ET CRUEL. C'EST HIMMLER. ■
                                          L'HOMME QUI AURA PEUT ÊTRE LE PLUS CONTRIBUÉ A PET; RTIR
                                                            LE PEUPLE ALLEMAND.  JfcS                 21
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