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hommes, femmes et enfants — femmes
                                                                                          et jeunes filles sont nombreuses et achar­
                                                                                          nées : une jeune fille de quinze ans, bles­
                                                                                          sée au pied, tend soir arme à sa cama­
                                                                                          rade, afin « de ne pas tomber vivante
                                                                                          entre leurs mains ». Des moines condui­
                                                                                          sent des bataillons. Tous sont unis par
                                                                                          l’idéal et par la souffrance. Ce qu’ont
                                                                                          souffert ces hommes et ces femmes, on
                                                                                          peut à peine l’imaginer. Les unités pas­
                                                                                          saient la moitié de leur temps en dépla­
                                                                                          cement, voici un exemple donné par un
                                                                                          médecin des partisans :
                                                                                            « Entre deux marches de nuit qui tota­
                                                                                          lisaient 13 heures, la première brigade
                                                                                          prolétaire a effectué une troisième mar­
                                                                                          che qui a duré 26 heures. La distance
                                                                                          parcourue fut de cinquante kilomètres ;
                                                                                          la température de ces nuits variait entre
                                                                                          — 25 et — 30°. La nourriture ne fut pas
                                                                                          distribuée, il n’y eut pas de halte. Parmi
                                                                                          les 1.200 camarades qui effectuèrent ces
                                                                                          maiches, plus de 150 eurent les pieds
                                                                                          gelés. Chez certains, les chaussures adhé­

                                                                                          DES MULETS DESTINES AUX PARTISANS
                                                                                          DU MARÉCHAL TITO, SONT CHARGES A
                                                                                          BORD D’UN AVION DAKOTA EN ITALIE.










                l’Armée Rouge, épousa une Russe et
                laissa en Russie un fils qui, lieutenant de
                l’Armée Rouge perdra un bras devant
                Moscou. Dès ce moment, Tito s’intéresse
                aux choses de l’Armée, et, il fonde une
                Ecole militaire.
                  En 1923, il retourna en Croatie où il
                organisa le parti communiste, tout en
                travaillant comme ouvrier métallurgiste.
                Arrêté en 1928 par la police yougoslave,
                il fut condamné à cinq ans de prison et
                enfermé à Lopoglava.
                  Libéré en 1932, il revint à Belgrade
                d’où il part pour Paris où, sous le nom
                de Bronzef, il organise le recrutement
                des Brigades Internationales engagées
                dans la guerre d'Espagne.
                  Après l’écrasement de la Yougoslavie,
                Tito s’impose peu à peu comme le chef   L’ÉCOLE IMPROVISÉE : LA GUERRE A TOUT RAVAGE, ET C’EST LE PARTISAN QUI PROFITE
                                                             D’UN MOMENT DE REPOS POUR FAIRE LA CLASSE AUX ENFANTS.
                de la Résistance.
                  Cela n’ira pas sans mal. Ici aussi la
                lutte, contre l’ennemi se double d’une
                crise intérieure. Deux organisations se   plantes, sévissent de toute part : la ma­  raient à la chair. Les amputations se
                concurrencent : celle de Mihailovitch, les   ladie fait plus de victimes que le combat.   faisaient sans anesthésie, le sérum anti­
                Tchetnicks, et les Partisans de Tito. Les   Certains jours, par prudence il est inter­  tétanique manquait et cependant il n’y
                Tchetnicks soutiennent la monarchie et   dit de faire du feu : alors les partisans   eut que deux morts ».
                sa politique "d’hégémonie serbe. Tito,   mangent de la viande de cheval crue.   Mais aucun de ces efforts ne fut perdu.
                croate lui-même, intègre dans ses trou­  Ils ep ont toujours un bout pendu à la   Tito réussissait à mettre sur pied une
                pes des éléments de toutes les régions,   ceinture : le.urs vivres de réserves.  armée de 250.000 hommes, et progressi­
                et préconise une large fédération. Mihai­  Cependant, Italiens et Allemands sont   vement expulsait les Allemands de You­
                lovitch temporise et prétend attendre le   fort malmenés : pendant la campagne de   goslavie. Enfin l’Armée Rouge venant lui
                moment favorable. Tito, lui, attaque.  Tunisie, les partisans détruisirent 217   donner la main, Russes et partisans en­
                  Les Italiens, harcelés, demandent le   trains allemands qui amenaient des trou­  traient à Belgrade. Et une partie seule­
                secours des Allemands. C’est alors une   pes et des munitions vers le sud. Pen­  ment du territoire demeurait occupée.
                lutte terrible. Six offensives allemandes   dant la campagne de Sicile, tandis que   Magnifique exemple de ténacité et
                vont se succéder. Et chaque fois, l’armée   les troupes régulières des Alliés faisaient   d’union. La Yougoslavie, par soi-même
                des partisans doit se replier, emmenant   face à 2 divisions allemandes, les Parti­  libérée, put revendiquer l’honneur de
                avec elle des blessés, des convalescents   sans en combattaient 12.       tenir à la Conférence de la Paix, une
                qui meurent d’épuisement sur la route.   Pendant l’invasion de l’Italie par les   place égale à son sacrifice. Un million
                Pendant les jours de famine, on se nour­                                  six-cent mille morts, hommes et femmes,
                rit de plantes de forêts et de feuilles de   Alliés, ils immobilisaient de 16 à 20 divi­  combattants et civils, c’est-à-dire exacte­
                hêtres. On ne boit pas d’alcool, mais par   sions italiennes.             ment le dixième de sa population, sont
                contre on a grande envie de fumer : on   Le 27 mai 1943, Tito reçoit une mission   tombés pour sa liberté et sa grandeur.
                fume donc les feuilles de noyer et de   militaire Britannique. Désormais, des se­  « Jamais auparavant, a dit le Maréchal
                hêtres, roulées dans les tracts ennemis.   cours arrivent par avion qui permettent   Tito, un petit peuple n’a dû payer un
                Le scorbut, la faiblesse consécutive à. des   de remédier, mais dans une faible me­  aussi haut prix, pour prouver au monde
                jeûnes répétés, les intoxications causées   sure, au dénuement des partisans.  que le sang qui était versé était son pro­
                par la mauvaise nourriture et par les   Le peuple tout entier est au combat :   pre sang ».


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