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plus  acharne.  Vers  14  /z.,  Delalzotte  Joseph  tombe,  frappé
                d'une  balle  au  front,  à son  poste  de  combat.  Il  est  remplacé
                par  Ange.  Celui-ci  déserte  son  poste  peu  après.  Les  miliciens
               ne  trouvant  plus  de  résistance  sur  la  face  ouest,  tentent  une
               attaque  et  parviennent  jusque  dans  la  cuisine  d'où  ils  sont
               délogés  à la  grenade,  laissant  plusieurs  morts  sur  place.  Né-
               anmoins,  ils  réussissent  à mettre  le  feu  à nos  paillasses  avec
               de  l'essence et  emmènent Ange.  Celui-ci  se  rend,  en  déclarant
               qu'il  est  notre  prisonnier  (il  est  fusillé  le  samedi  à Thonon).
               Voyant l'impuissance de  leur attaque,  les  miliciens  nous  bom-
               bardent  d'obus  fumigènes.
                   Vers  14  h.  30,  Blase  Léon  tombe à son  tour.  Nous  restons
               5 et  menons  un  combat acharné  sous  les  rafales  des  F.M.,  les
               obus  de  mortiers  et  les  grenades  V.B.  Le  feu  gagne  peu  à
               peu  le  chalet.  La  fumée  nous  aveugle  et  nous  devons  cesser
               le  feu  à  18  h.
                  Après  perforation  du  plancher,  nous  gagnons  un  réduit
               d'où  il  nous  est  impossible  de  continuer  le  combat.  Les  mi-
               liciens  s'approchent du  chalet  qui  flambe  presque  entièrement
               et achèvent de mettre le  feu  à la  face  est. Nous  restons  jusqu'à
               19 h. 30 dans  ce  réduit  au  milieu des  flammes  et de  la  fumée.
               A cette  heure,  la  situation  devient  intenable  et  nous  décidons
               d'en  sortir.  A  notre  grand  étonnement,  il  n'y  a  plus  un  seul
               ennemi  aux  alentours  et  nous  regagnons  le  village.

                                  Le chef du  bataillon  Maurice  BARRO
                                                                               •

                  Quelle  leçon  devons-nous  tirer  de  cette  épopée  héroïque !
               Celle  du  courage indomptable  de  nos  F.T.P.  et  du  sang-froid
               de  leurs  chefs.
                  Voilà  12  hommes,  en  effet,  sans  expérience  militaire,  qui
               sont  pris  à  partie  par  400  miliciens.  Voilà  12  h.  de  combat
               ininterrompu,  sans  défaillance,  sans  que  l'idée  de  se  rendre
               vienne  à  aucun  de  nos  camarades,  à  l'exception  d'un  seul  qui
               paiera  cher  sa  trahison,  tous  refusent  de  cesser  la  lutte.  Les

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