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malgré  sa  sympathie  pour  la  milice,  cacher  son  dégoût  pour
             de  tels  procédés.
                L'exemple  de  Maurice  Flandin  inspirera  tous  nos  F.T.P.
             En  fait  d'héroïsme,  nos  gars  ne  connaissent  pas  de  rivaux.
             Témoin,  l'attitude  de  ce  camarade  arrêté  par  les  miliciens  :
             ayant  réussi  à  s'échapper,  un  coup  de  feu  tiré  par  l'un  des
             bandits  le  couche  par  terre;  ramené  dans  la  voiture  de  la
             milice,  il  insulte  ironiquement  ses  bourreaux  :  « Vous  voyez,
             vous  ferez  du  bon  boudin.  C'est  du  sang  de  Franc-Tireur ! »
                Conduit  à  l'hôpital  de  Thonon,  il  s'évade  malgré  sa  bles-
             sure  et  prend  la  direction  de  Sciez.  Il  devait  tomber  évanoui
             à  3  kms,  mais  heureusement  fut  recueilli  et  soigné  par  nous.
             Après  quelques  semaines  de  repos,  il  reprenait  sa  place  dans
             nos  rangs.
                Devant  cette  sauvagerie  organisée,  il  ne  faut  pas  croire
             que  nos  F.T.P.  restent passifs.  Ils  tentent  par tous  les  moyens
             de  contre-attaquer.  Malheureusement,  le  manque  d'armes  se
             fait  sentir.  D'autre  part,  n'écoutant  que  leur  haine  légitime
             et  leur  folle  audace,  les  hommes  des  2°,  7°  et  1 oe  compagnies
             veulent  s'en  prendre  directement  aux  différents  P.C.  de  la
             milice.  Mudry  leur  démontre  pourtant  que  la  « Grange  Al-
             lard »  est  pratiquement  inattaquable  et  il  s'oppose  à  des
             actions  dont  la  témérité  n'aura  que  d'affreuses  conséquences.
             En  effet,  dix  F.T.P.  dont  Marius  Bouvet  de  Margencel,  Cor-
             bet,  Douche,  Crépiat  sont  arrêtés  le  20  février  au  moment
             même  où  ils  se  préparent  à  donner  l'assaut.  Ils  sont  marty-
             risés  plusieurs  jours et  achevés  à  Thonon.  Un  sort  semblable
             est  hélas  réservé  à  Henri  Boujard  qui  est  pris  par  la  milice
             lors  d'une  attaque  infructueuse  du  P.C.  de  Champanges  le
             20  février  également.  Martyrisé,  il  est  promené  à  Evian  la
             figure  barbouillée  d'excréments,  une  corde  au  cou,  avec  sur
             le  ventre une  pancarte où s'inscrivent ces  mots:  « Voilà ce  que
             nous  faisons  des  terroristes ! »  Ce  héros,  qui  tient  le  maquis
             depuis  1942,  sera  fusillé  à  La  Doua,  près  de  Lyon.

                Pendant  tout  l'hiver,  nos  cadres  « permanents »  de  ba-
             taillons  et  de  compagnies  sont  traqués.  Ils  se  réfugient  de

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