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régional  Angeli  et  du  préfet  de  la  Haute-Savoie.  Immédiate-
            ment,  le  9  mars,  le  détachement  Tournier  exécute  une  bril-
            lante  opération  en  arrêtant  le  capitaine  de  gendarmerie  Pru-
            net,  le  sous-préfet  et  le  préfet  régional.  Pendant  plusieurs
            heures  ces  trois  sbires  sont  gardés  prisonniers,  mais  vu  le
            nombre  important  de  réfractaires  sans  armes  qui  séjournent
            dans  les  montagnes  et  par  crainte  que  la  population  n'eût
            pas  compris  cette  action,  ils  sont  finalement  relâchés.
               Deux  jours  plus  tard,  trois  mille  gardes  mobiles  sont  à
            Thonon,  l'état  de  siège  est  proclamé  dans  le  Chablais  :  ca-
            mions  militaires  et  side-cars  sillonnent  les  routes.
               Le  15  mars,  les  gardes  mobiles  attaquent  le  camp  « Al-
            lobroges»,  au  Chatillonet.  On  parlemente,  les  F.T.P.  dé-
            clarent  ne  pas  vouloir  tirer  les  premiers  et  donnent  l'ordre
            à  l'assaillant  de  s'en  retourner.  C'est  le  maquis  maintenant
            qui  encercle  les  forces  du  maintien  de  l'ordre.  Les  G.M.  sont
            dispersés  et  trente  sont  faits  prisonniers.  Mais  nos  cama-
            rades  trop  confiants,  commettent  à  nouveau  la  faute  de  les
            relâcher  peu  après.
               Erreur  tactique  qui  n'est  pas  sans  conséquences.  Le  20
            mars,  deuxième  attaque,  à  Très-le-Mont,  par  deux  compa-
            gnies  de  gardes  mobiles.  A  leur  tête,  les  félons  précédem-
            ment  libérés.  Beaucoup de jeunes avaient déjà quitté  le  camp,
            impressionnés  par  le  déploiement  de  forces.  Voici  comment
            le  chef  de camp  nous  raconte l'histoire  :
               « Le  commandant  des  Mobiles  demande  à  parlementer :
            « Je suis aussi Français que vous,  dit-il,  mais  aujourd'hui nous
            « sommes  vaincus  et  nous  devons  nous  soumettre  aux  ordres
            « du  vainqueur.  Rendez  vos  armes,  sans  quoi,  je  serai  obligé
            « de  commander  le  feu.
               « Nous  répondons  :
               « Si  vous les voulez,  venez  les  prendre.  Nous avons  décidé
            « de  vaincre  ou  de  mourir  pour  notre  Patrie,  la  France ! »
               Devant  l'attitude  énergique  de  nos  hommes,  les  mobiles
            se  replient.  Mais  notre  chef  de  camp  juge  prudent  de  passer
            la  vallée  de  Boëge.  Pendant  plusieurs  jours,  le  camp  ira  de

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