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un  de  nos  camarades,  D .....  vient  chercher  cet  homme  et  le
           conduit  à  Alex.  Ils  se  réfugient  tous  deux  dans  un  chalet
           derrière  le  Mont-Veyrier,  après  une  marche  épuisante  dans
           un  mètre  de  neige.  Ainsi  naquit  le  « camp  de  Lanton ».
             En  février,  de  nombreux  réfractaires (plus  d'une  trentaine)
           se  présentent  à  notre  camarade
              « Tant  qu'ils  n'ont  pas  été  trop  nombreux,  raconte-t-il,
           « c'est  ma  mère  et  moi  qui  avons  nourri  ces  jeunes  gens.
           «  Ensuite,  je  les  ai  envoyés  au  chalet  de  Leau,  à  Alex.  En
           « ce  lieu,  je  leur  ai  procuré  des  armes  et  des  munitions  que
           « j'avais  personnellement  transportées  et  dissimulées  lors  de
           « la  dissolution  de  l'armée  française.  Le  24  mars,  les  cama-
           « rades  que  je  dirigeais  depuis  chez  moi,  mais  qui  avaient
           « à  leur  tête  notre  ami  F ..... ,  profitèrent  de  l'absence  de  ce
           « dernier  pour  faire  un  tir  à  la  mitrailleuse  qui  fut  entendu
           « dans toute la vallée par les collaborateurs.  Aussitôt,  inquiété
           « par  les  gendarmes,  j'ai  pris  moi-même  le  maquis,  le  27
           « mars,  assurant  le  commandement  du  camp.
              « Le  1 .,  avril,  une  opération  nous  concernant  est  effec-
           « tuée  par  les  gendarmes  et  les  gardes  mobiles.  Ayant  reçu
           « l'ordre  de  décrocher  et  ne  pas  résister  en  raison  de  l'inop-
           « portunité  du  moment,  je  suis  parti  à la  tête  de  mon  groupe
           « et lui  ai  fait  faire  huit  heures  de  marche dans  la  neige  vers
           « Thônes.  Nous  brassions  de  la  neige  jusqu'à  la  ceinture,  et
           « ceci  à  1.800 m.  d'altitude.  Parvenus à  un  chalet dépourvu  de
           « toute  nourriture,  nous  sommes  redescendus  jusqu'à Thônes,
           « quatre  d'entre  nous,  pour  y  chercher  du  ravitaillement.  Je
           « suis  repassé  par  Morette  prendre  livraison  de  trente  kilos
           « de  pain,  préalablement  déposés  par  nous,  et  je  suis  remon-
           « té  au  camp,  tandis  que  mes  trois  camarades  rejoignaient
           « directement  depuis  Thônes.  Personnellement,  j'ai  ainsi  ef-
           « fectué  cinquante  heures  de  marche  sans  repos.
              « Nous  nous  sommes  alors  installés  au  chalet  du  Linaion.
           « Ayant  appris  que  j'étais  activement  recherché  par  les  lta-
           « liens,  on  me  persuada  de  quitter  le  camp,  sous  prétexte
           « que  j'attirais  l'attention  de  ces  derniers.  J'allai  me  cacher
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