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En  tous  ces  lieux,  un  mot  d'ordre  étranger  a  fait  se  gmu-
           per  des  réfractaires  ou  des  combattants  du  maquis  sous  pré-
           texte  de  constituer  une  parfaite  organisation  militaire,  ou  de
           former  un  « réduit »,  ou  d'établir  des  terrains  idéaux  de  pa-
           rachutage.  Chaque  fois  ce  fut  le  massacre.
               Il  était  pourtant  clair,  et  nous  l'avons  montré  au  début
           de  ce  chapitre,  que  des  jeunes  gens  très·  mal  équipés,  mal
           armés,  ne  pouvaient  pas  affronter  en  bataille  rangée  une
           armée  régulière.
               En  isolant  les  combattants de  la  Résistance  sur  des  mon-
           tagnes  inaccessibles,  il  était  clair  également  qu'on  faisait  le
           jeu  des  Allemands.  Non  seulement  parce  que  ceux-ci  gar-
           daient toute  leur  liberté  d'action  dans  les  vallées,  mais  encore
           parce  que  les  combattants  s'éloignaient  eux-mêmes  de  la
           masse  de  la  population  française.  L'es  Allemands  auraient
           voulu,  en  effet,  que  le  combat  se  déroulât  entre  eux  et  les
           Alliés  soutenus  par  les  seuls  F.F.I.,  le  peuple  de  France  res-
           tant  sagement  à  l'écart.
               Il  était  clair  que  de  tels  rassemblements  se  prêtaient  à
           merveille  aux  grandes  expéditions  punitives  propres  à  démo-
           raliser  les  Français  et  à  les  dégoûter  de  faire  de  la  Résis-
           tance.
               En  revanche,  tout  homme  de  bon  sens  comprenait  que  la
           seule  forme  de  combat  possible  était  celle  de  la  guerilla;
           des  groupes à effectif  réduit,  très  mobiles,  attaquant  l'ennemi
           par  surprise,  lui  portant  les  coups  les  plus  durs  possibles,
           puis se retirant avant d'avoir essuyé la contre-attaque adverse,
           et  disparaissant  au  sein  de  la  population.
               Mais  pour appliquer  une  telle  stratégie,  il  fallait  avoir  une
           confianc~  profonde  dans  le  peuple  français;  confiance  entiè-
            rement  justifiée,  puisqu'on  a  vu  la  Nation  dans  son  immense
            majorité  se  soulever  contre  l'occupant.
               Comment  ne  pas  remarquer,  au  contraire,  que  les  pro-
            moteurs de la tactique désastreuse du  « rassemblement » sont,
           en  même  temps  les  champions  de  l'attentisme?
               Cette  radio  de  Londres  qui  appelait  les  réfractaires  à  se
            rassembler  en  un  immense  camp,  c'est  la  même  qui  depuis

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