Page 65 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
P. 65

DE  GLIÈRES                   61



                           MON  ARRESTATION

           L        Gérard Pessey,  vers trois heures de l'après-midi,
                E  Jeudi 30 mars,  après  la  visite  des  miliciens,  et de

           j'entends une  voiture ...  Ca y  est ; c'est  pour moi ...  Je me
           présente devant la porte de ma cure et un sous-officier de la
           Gestapo me demande de le suivre pour quelques renseigne-
           ments ...  Je lui réponds que je prends ma douillette et que
           je suis à  sa disposition ...
               J'arrive ainsi à  l'école du Chef-lieu où je retrouve une
           vingtaine de mes paroissiens et où je vais subir trois inter-
           rogatoires ...  Ces  Messieurs de la Gestapo commencent  par
           me  demander  tout  ce  que  je  sais  sur  Glières ...  Il  paraît
           que j'y suis monté très souvent ... Je commence par affirmer
           avec force  que  je ne  suis monté que deux  fois  à  Glières;
           une fois  pour la libération. des gardes mobiles et une autre
           fois pour la sépulture de Tom ...  J'insiste en disant que c'est
           un devoir de mon ministère et qu'il n'y a rien à redire à ce
           sujet  et  que  si  d'aventure  il  y  avait  des  officiers  ou  des
           soldats allemands à enterrer, je le ferais volontiers car l'E-
           glise est au-dessus des Pays ...
               Mal  m'en prit, car il  m'est  aussitôt  déclaré  par l'offi-
           cier de la Gestapo que les maquisards étaient des terroris-
           tes  qu'on  devait  laisser  crever  sur  place  et  qu'on  devait
           abandonner leur corps aux bêtes ...
               Puis il  me demande  des  renseignements sur ceux qui
           ont ravitaillé Glières ...  La réponse est  aisée,  car  j'aHirme
           que tous ceux qui ont ravitaillé Glières n'ont  pas  été  assez
           bêtes pour les attendre et qu'il sont tous montés au Plateau
           avant leur arrivée. On les retrouvera donc, me fut-il répon-
           du, car ils seront tous pris là-haut ...
               Et alors ce  fut  l'interrogatoire sur les boulangers.  Les
           boulangers,  dis-je,  n'avaient  rien  à  faire  à  Glières  étant
           donné  que  les  maquisards avaient  leur farine  et  faisaient
           leur pain eux-mêmes ...  Le  boucher?  Mais ils  étaient bien
           mal  renseignés,  s'ils  ne  savaient  pas  que  le  maquis  avait
   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70