Page 68 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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64 LES MÉMOIRES DU CUTÉ DU MAQUIS
ÉPILOGUE
J_,, A s'arrête mon histoire parce que là, finit mon action
dans le maquis .. Je ne raconterai pas les souffrances et les
horreurs de la déportation parce que beaucoup de camarades
les ont narrés avant moi. Et puis je ne crois pas utile à la
Grandeur d'un Pays de raconter toujours les crimes de son
ennemi. Cela ne fait qu'exciter ses enfants à la haine etce
n'est pas avec de la haine que l'on rebâtira le monde et qu'on
apaisera les querelles. Il faut savoir pardonner même quand
on a bien souffert et apprendre à ses bourreaux que l'amour
est plus fort que la haine. Il ne faut pas en effet reprocher
aux autres ce que par vengeance, on désire leur faire. On
devient en effet à ce momenttel qu'eux et ce n'estpas la
peine de les combattre si nous ne valons pas mieux qu'eux.
Pour moi, je remercie mes bourreaux de Neuengam-
me, de Wantestet, de Dachau et je les bénis de m'avoir fait
souffrir pour la France et pour Dieu. J'ai pu en effet ap-
porter ma petite coopération à la libération de mon Pays
en souffrant pour lui. Et puis cela m'a permis de témoigner
en faveur de ma Foi puisque l'on m'a surtout frappé parce
que j'étais Prêtre. Ils ne pensaient pas ces pauvres bour-
reaux que chaque fois qu'ils nous torturaient chaque fois
qu'ils nous frappaient, ils avancaient la libération de la
France et l'heure de leur défaite. C'est en effet avec de la
souffrance et le sang de ses enfants que l'on délivre un Pays.
Là où il n'y a pas de sacrifice, il ne peut pas y avoir de
Rédemption. Heureux donc ceux qui ont donné leur sang
pour la Patrie. Heureux vous les quatre fusillés du Petit
Bornand qui avez été jugés dignes par Dieu de sauver, par
le sacrifice de votre vie, votre si belle France... Heureux
vous les sacrifiés de Glières qui avez donné au monde en-
tier l'exemple du Sacrifice total et lui avez appris que la
France était en train de ressusciter... Heureux vous les