Page 64 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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6o        LES  MÉMOIRES  DU  CURÉ  DU  MAQUIS
                        Pour traiter de  cette  situation,  je  vous  serais  bien reconnaissant
                    de venir me trouver cet après-midi afin que nous discutions et que vous
                    puissiez communiquer à vos Chefs ce que je vous aurais dit.

                        Voici la réponse que je reçus :

                        Chef de Bourmont,
                        Il a été convenu depuis  l'arrivée  de  la  milice  au  Petit-Bornand
                    que  Monsieur le  Curé devait rester dans  sa cure  ou  dans  son  Eglise.
                        Il est entendu
                        «  1°)  Qu'entre la cure et l'Eglise  Monsieur le  curé ne doit parler
                    •  à qui que ce soit ;
                        •  2°)  Que s'il est appelé pour administrer les derniers sacrements
                    •  il devra être accompagné d'un milicien.
                        •  Monsieur  le  Curé  ne  devrait  pas  s'étonner  de  telles  mesures
                    •  étant donné ses relations avec le  Maquis.  Nous sommes décidés  à ne
                    pas tolérer  plus  longtemps  les  agissements  des  prêtres  qui  couvrent
                    leur activité néfaste sous l'inviolabilité de leur ministère.»
                                                      Thorens,  le  29-3-44,
                                                   Signé DE  BOURMONT

                        Que fallait-il faire  ? •..  Devais-je rester à mon poste ou
                    partir ? . . .  Déjà  une  maison  est  prête  pour  me  recevoir ...
                    J'apprends que l'Adjoint au Maire est arrêté ainsi que d'au-
                    tres personnes. Toute la nuit j'hésite sur la conduite à tenir ..
                    Si  je  pars,  j'ignore ce  que les  Allemands  savent  sur  moi,
                    et je me demande  avec  angoisse s'ils n'exerceront  pas des
                    représailles sur mes paroissiens ...  Finalement par peur des
                    représailles, je décide de rester. A midi Jacquet en compagnie
                    du Chef de Légion vint me dire que je serais libre le lende-
                    main ...  Mais  à  trois heures  la  Gestapo  venait  m'arrêter ...
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