Page 130 - Abbé Marin DUCRET
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L'habitation offrait cep,mdant bie.n de~ dan-
ge-rs. EIJi, ,\tait requise frêquemmènt pour loger
des ,r.ilitaire-s. Que de fois la uoble dame eut
peur. - elle en lit elle-même l'aveu, - en voyant
le prètre coude à coude à sa tahl" avec des offi-
der"'i. Les tran~~s étaient d'autant phts vives qu~
notre ahh~ avait apporti, 1,\ 1.,s témérité• d~con-
certantes de sa nature audacieuse.
Il sc1nblait fort peu se souc:Îo,r du pouvoir re-
doutahle des agents cle la nation. Il leur tenait
tète a v~c llardiei;$t-;, a.u besoin.
Le comma11<\aot du poste eut un jour le soup-
çon que la maison abritait qu"l'lue prêtre. « Je
ve\lx m•assurer, dit-H, qu'il n'y a pa5 ici de calo-
tin r,aché. " Il <ieman<la la c\,\ de la cave. Marin
Ducr~y toisa froirl~n1ent l'officier, comme si une
telle ~upposition e11t tté offensante pour la fa-
mill.,. et, frappant violemment la table du poing.
il <lit: ,1 Non~ nont ,·itoyen. cette de, tu ne ra11-
ra• pas (1). ,,
A la longue. pourtant, il fut obligé de se metlre-
c-n garde contrt-; lui-même. Son activité religieuse
ne passait pas inaperç.uc. ll é-tait pruJent pour
lui de J1e pas trop se montr~r aux officiers de pas~
sage. qui pouvaient avoir son signalement.
Mais voici què œrtain jour il n'y tint plus. Il
voulut diner avec Pun <l'eus.
- Vous êt~s fou, lui ùir ,~\ •de Baudry.
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- Point du tout, Madame; dites seulcm<.>nt à
ce militaire quG dans le pays les fermiers, r1ui