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288 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
laissent une masse de charbon remplie de deux dernières arcades de l’aqueduc gallo-
cavités. Le voyageur, le soldat en campa romain d’Arcueil.
gne, le colon africain, le coureur des bois Le second aqueduc qui amenait à Paris
dans le nord de l’Amérique, peuvent se pro les eaux potables, suivait le bord droit de
curer instantanément une eau pure au la Seine. On a retrouvé en 1850, pendant
moyen de cet appareil. Pour cela on adapte que l’on perçait le prolongement de la rue
à une douille de cuivre que porte le bloc de de Rivoli après l’Hôtel de ville, une partie
charbon, l’une des extrémités d’un tube en de cet aqueduc, qui ne consistait qu’en une
caoutchouc, muni d’un pas de vis en cuivre, simple conduite en poterie.
s’adaptant à la douille de charbon, et l’on Après la chute de la puissance romaine,
aspire par l’autre extrémité. L’eau impure les aqueducs furent détruits. Sous les rois
attirée par l’inspiration, traverse les inters mérovingiens et carlovingiens, les habitants
tices de toute la masse du charbon, et s’é de la ville de Paris, qui était encore ren
coule par le tube de caoutchouc, parfaite fermée dans les limites de l’étroite enceinte
ment pure et limpide, car elle a été tout de la cité, ne buvaient que l’eau de la Seine,
à la fois filtrée et purifiée par la masse puisée directement dans le fleuve, et celle
charbonneuse. des puits quand les eaux du fleuve étaient
troubles.
A Belleville et aux Prés-Saint-Gervais
existent de petites sources très-nombreuses,
CHAPITRE XXVII émergeant des terrains situés au-dessus des
marnes gypseuses, et qui renferment de
LES EAUX DE PARIS A L’ÉPOQUE GALLO-ROMAINE, A l’ÉPO- fortes proportions de sulfate de chaux,
QUE DES ROIS MÉROVINGIENS ET CARLOV1NGIENS. — LES
comme la plupart des eaux du bassin pari
SOURCES DES PRÉS-SAINT-GERVAIS ET DE BELLEVILLE
sien. Ces sources ont suffi pendant quatre
ALIMENTENT PARIS DE 1200 A 1600. — CONSTRUCTION
DES POMPES DE LA SAMARITAINE SUR LE PONT-NEUF, EN siècles à l’alimentation des Parisiens.
1608. — CONSTRUCTION DE L’AQUEDUC d’aRCUEIL SOUS
L’aqueduc des Prés-Saint-Gervais, qui fut
LOUIS XIII, EN 1613. — NOUVELLE PÉNURIE D’EAU. —
construit pour recueillir une partie de ces
ÉTABLISSEMENT DES POMPES DU PONT NOTRE-DAME,EN
1670. — ÉTAT DU SERVICE DES EAUX DE PARIS A LA FIN sources, fut l’œuvre des moines de l’abbaye
DU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE. Saint-Laurent, à une époque qu’il est im
possible de fixer avec exactitude. Situé au
Nous passons à la description du ser pied de la butte Montmartre, le monastère
vice des eaux potables dans les principales Saint-Laurent remonte au delà du sixième
villes de l’Europe. Paris nous occupera siècle. La fontaine Saint-Lazare, qui dé
d’abord. pendait de ce monastère, était alimentée
Pendant la domination gallo-romaine, par les eaux de l’aqueduc des Prés-Saint-
Paris recevait ses eaux potables de deux Gervais.
aqueducs. Le principal était l’aqueduc d’Ar- C’est encore à des religieux qu’il faut
cueil, ‘qui conduisait, au palais des Ther attribuer la construction de l’aqueduc qui
mes, l’eau de la source d’Arcueil, ou plutôt servit à réunir les sources de Belleville. 11
du village de Rungis. Parmi les ruines en existait, en 1244, dans l’enceinte de l’ab
core debout du palais des Thermes, dont la baye de Saint-Germain des Champs, une
construction est, comme on le sait, attri fontaine qui recevait les eaux de cet aque
buée à l’empereur Julien, et dont la figure duc.
135 représente une partie, on reconnaît les Ces sources, aux eaux dures et séléniteu-