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INDUSTRIE DE L’EAU. 283

qui ne puisse passer entre les grains de la sions et les filtres fermés, dont l’usage avait
couche précédente; déjà été proposé, aux pressions basses et
4° Une troisième couche de sable fin ou de aux filtres ouverts.
grès pilé, qui ne puisse également passer En 1837, il ajouta à son brevet un système
entre les grains de sable moyen ; de nettoyage par l’action simultanée de plu­
5° Une couche de charbon concassé. S’il sieurs courants d’eau. L’eau pénétrant brus­
est fin, il suffit de lui donner 5 à 6 milli­ quement dans la masse du filtre, dans des
mètres d’épaisseur; dans ce cas, le filtre est directions et à des hauteurs diverses, re­
propre aux eaux de rivière, qui sont peu in­ muait et entraînait rapidement les matières
fectes et qui n’ont besoin que d’être peu cla­ terreuses qui engorgeaient le filtre.
rifiées ; s’il est gros, l’épaisseur de la couche En Angleterre, James Peacock et Robert
peut aller jusqu’à 30 centimètres, ce qui Thom avaient déjà filtré dans des vases clos ;
convient pour les grandes filtrations et pour et ils nettoyaient leur filtre en y faisant pas­
celles où l’on doit épurer les eaux infectes ser rapidement, dans la direction contraire,
et corrompues ; une grande quantité d’eau pure. Henri Fon­
6° Une couche de grès ou de sable fin, vielle n’avait donc rien inventé sur ces deux
comme la troisième, surmontant le char­ points. Mais où résidait son invention, c’é­
bon pour le retenir et l’empêcher de s’é­ tait dans le moyen rapide et économique de
lever; nettoyer les filtres par l’action de plusieurs
7° Une couche de sable plus gros que le courants d’eau, agissant simultanément ou
précédent; presque simultanément sur les matières fil­
8° Une couche de gros sable, comme celui trantes sans les bouleverser. Ce moyen n’é­
du fond ; tait pas connu avant Fonvielle.
9° Enfin, un plateau percé de trous, pour
« Nous ne pouvons avoir aucun doute, dit Arago,
éviter que la chute de l’eau ne dérange les
dans un rapport fait à l’Académie des sciences sur
matières filtrantes (1). le filtre Fonvielle, sur la grande utilité de ce conflit
Un filtre de 1 mètre carré de section, com­ des doux courants opposés ; car, après avoir nettoyé
posé suivant celte méthode, peut aisément le filtre de l’Hôtel-Dieu, à la manière de l'ingénieur
Thom, nous voulons dire à l’aide d’un courant ascen­
filtrer, d’après l’inventeur, 4,000 voies d’eau
dant, nous avons été assurés que ce même courant
par vingt-quatre heures; ce qui correspond ascendant ne donnait, au robinet de dégorgement,
à plus de 450 ou 460 litres par heure. que de l’eau limpide; dès qu’on manœuvrait les
deux autres robinets, l’eau sortait au contraire du
Le 27 novembre 1835, Henri Fonvielle
filtre, dans un état de saleté extrême. Pour le dire
prit un brevet de dix ans, pour un appareil en passant, les malades, témoins de l’opération, ex­
mobile servant à la filtration des eaux. Le primaient hautement leur surprise en voyant, à
quelques secondes d'intervalle, la même fontaine
filtre était composé de couches superposées
fournir, tantôt une épaisse bouillie jaunâtre, et tan­
d’éponges, de cailloux, de zinc, de limaille tôt de l’eau claire comme du cristal. »
de fer et de charbon. Sur ce filtre tombait,
à ciel ouvert, un courant d’eau, qui le tra­ Vivement recommandé dans le rapport
versait en descendant, et s’échappait, après d’Arago à l’Académie des sciences de Paris,
la filtration, par un robinet. Ce premier le filtre Fonvielle fut appliqué à l’Hôtel-
appareil était fort imparfait. Dieu, et adopté ensuite par divers établisse­
En 1836, Henri Fonvielle, dans une addi­ ments publics et particuliers,usines, maisons
tion à son brevet, substitua les hautes pres- et châteaux. Son mérite essentiel, et la véri­
table innovation réalisée par Henri Fonvielle,
(1) Description des brevets d’invention expirés, tome XII,
page 8. c’était le mode de nettoyage et l’emploi régu­