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282 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE

cet effet dans le fond de ce premier compar­ En 1800, Smith, Cuchet et Montfort pri­
timent, qui est le fond de toute la fontaine. rent le premier brevet qui ait été décerné
L’espace compris entre ce réservoir et les en France pour un appareil de filtration. Cet
parties supérieures est divisé en deux autres appareil, que les inventeurs appelaient filtre
réservoirs. Le réservoir inférieur est séparé inaltérable tiré des trois règnes de la nature, se
d u précédent par une pierre percée de trous, composait delà réunion des procédés déjà dé­
et il est de plus rempli de charbon. 11 est crits et employés par Amy et Peacock, car
séparé du troisième par une pierre filtrante. il renfermait à la fois du charbon, du sable
Par cette disposition, l’eau arrive dans le et de l’éponge.
premier réservoir, après y avoir opéré un En 1806, Smith, Cuchet et Montfort con­
premier dépôt. Par le poids de l’eau conte­ struisirent en grand leur filtre inaltérable,
nue dans la partie supérieure, elle est forcée et fondèrent, au quai des Célestins, à Paris,
de filtrer par ascension d’abord au travers le premier établissement pour la filtration
du charbon que contient le deuxième réser­ de l’eau de la Seine, ou la première fontaine
voir, ensuite au travers du filtre qui le sé­ marchande. On filtrait l’eau du fleuve dans
pare du troisième. de petites caisses prismatiques, doublées
Cet appareil était trop compliqué dans en plomb, et contenant, à leur partie infé­
ses dispositions pour pouvoir se faire ac­ rieure, une couche de charbon comprise
cepter. entre deux couches de sable, puis une cou­
En 1791, James Peacock, en Angleterre, che d’éponges placée à la partie supérieure.
prit un brevet d’invention pour un appareil L’eau traverse ces quatre couches de haut
à filtrer par descente et ascension de l’eau en bas; après quoi, elle retombe en pluie
à travers le sable et le gravier. Cet appareil dans un réservoir inférieur, de manière à
se composait : 1° d’un grand réservoir d’eau reprendre l’air dont elle s’est dépouillée
placé à une hauteur convenable; 2° d’une pendant ces diverses filtrations. Elle s’é­
caisse fermée placée au-dessous et remplie chappe alors par un robinet, percé au bas
de gravier ou de sable lavé, ou d’un mé­ du réservoir.
lange de charbon et de carbonate de chaux, Chaque mètre superficiel de filtre ne
lorsqu’il s’agissait de désinfecter l’eau. L’o­ donnait que 3,000 litres d’eau clarifiée par
pération de la filtration s’effectuait ainsi : vingt-quatre heures. En outre, quand les
L’eau contenue dans le grand réservoir eaux de la Seine et de la Marne étaient très-
supérieur descendait, au moyen d’un tuyau, chargées de limon, il était indispensable de
dans le fond de la caisse inférieure. Elle fil­ renouveler tous les jours les matières fil­
trait par ascension à travers le gravier ou le trantes contenues dans la caisse, ou au
charbon, et sortait en descendant par un moins leur couche supérieure.
tuyau fixé à la partie supérieure de la caisse. En 1814, Ducommun prit un brevet de
Pour nettoyer ce filtre, il fallait y faire pas­ dix ans pour des perfectionnements appor­
ser un courant d’eau intense au moyen tés aux filtres à base de charbon. L’inven­
d’une pompe. teur donnait en ces termes la composition
Ce système de filtration par ascension et de son filtre :
descente, n’était pas assez pratique pour 1° Un fond solide, percé de trous, et des­
devenir d’un usage général. L’appareil de tiné à porter le filtre;
Peacock ne fut pas plus adopté en Angle­ 2° Une couche de gros sable, qui ne puisse
terre que ne l’avait été en France celui de passer à travers les trous ;
Lelogé. 3° Une seconde couche de sable moyen,