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280 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

appareils en usage en France et dans d’au­ de laine, les autres de soie et les autres de sable;
tres pays pour la filtration domestique. Ces elles ont toutes donné constamment une eau très-
claire et très-limpide. »
systèmes, très-nombreux et très-divers en ap­
parence, sont fort simples au fond, et ne dif­
Amy doit donc être considéré comme le
fèrent entre eux que par la nature des ma­
créateur des fontaines filtrantes domestiques
tières filtrantes et la manière de les installer en France.
dans la fontaine. Dans son Dictionnaire de P industrie, pu­
Tous les peuples ont fait usage, pour pu­ blié en 1800, Duchesne a signalé les incon­
rifier l’eau, de vases de terre poreux dans vénients du plomb et du sable employés dans
lesquels l’eau se clarifie en les traver­ les fontaines filtrantes :
sant. Les Égyptiens purifiaient l’eau du Nil
en la plaçant dans un mince vase de grès, à « C’est pour y remédier, dit-il, que l’on a imaginé
des fontaines de pierres filtrantes; ces fontaines sont
travers lequel elle s’écoulait goutte à goutte.
depierre déliais, rondes ou carrées, jointes ensemble
Chez beaucoup de peuples de l’Orient,
par un mastic impénétrable à l’eau, et peintes exté­
particulièrement chez les Japonais, ces rieurement à l'huile en forme de granit ou de por­
vases de grès sont encore en usage au­ phyre. Au lieu de sable ou d’éponge, on construit
intérieurement, et au fond de la fontaine, une petite
jourd’hui.
chambre plus ou moins grande et bien mastiquée,
En France, au milieu du xviiie siècle, la avec trois à quatre pierres de 27 millimètres d’é­
fragilité des fontaines filtrantes en terre paisseur, dressées de champ, pouvant contenir à peu
donna l’idée de les remplacer par des vases près deux à trois pintes d'eau. Ces pierres filtrantes
viennent de Picardie ; on leur donne le nom de
de cuivre étamé, contenant une couche de Vergier. C’est en passant à travers ces pierres que
sable. On fit également usage de fontaines l’eau versée dans la fontaine filtre et s’épure, et de
de bois, revêtues intérieurement de laines de sale et bourbeuse qu’elle était, elle en sort claire et
limpide par un robinet, qui pénètre dans cette
plomb et contenant une couche de sable fin.
chambre fermée, dans laquelle entre un tuyau
Mais le contact permanent d’un métal quel­ mastiqué qui, venant aboutir au haut de la fontaine,
conque avec l’eau ne pouvait qu’avoir de sert à donner de l’air à l’intérieur de la chambre ou
réservoir et facilite l’écoulement de l’eau. A peu
grands inconvénients. En 1745, un fabricant,
près tous les trois mois, et lorsque les pores de la
nommé Amy, présenta à l’Académie des pierre filtrante sont bouchés par la bourbe et les
sciences de Paris, une fontaine filtrante en saletés de l’eau, on ratisse la pierre avec un racloir
bois, ou en terre cuite, dans laquelle la ma­ et on la lave. C’est afin que la pierre qui recouvre
la petite chambre s’encroûte moins, qu’elle est posée
tière filtrante se composait d’un lit d’éponges en forme de toit. »
et d’un lit de sable.
Amy donnait à ses fontaines filtrantes La fontaine filtrante à plaque de grès dé­
différentes dispositions. Il se servit d’abord crite en 1800, par l’auteur du Dictionnaire
de coffres de bois revêtus entièrement de la­ de l'industrie, est encore en usage à Paris,
mes de plomb, et divisés en compartiments avec peu de modifications. On a cherché ce­
dans lesquels l’eau passait successivement à pendant à l’améliorer de diverses manières.
travers du sable et des éponges. Il construisit Un rapport a été fait à la Société d'encoura­
ensuite des fontaines en terre, en verre, en gement, en 1831, sur une fontaine filtrante
grès, qu’il garnissait de différentes matières domestique proposée par M. Lelogé, et que
filtrantes. Réaumur écrivait, le29 juillet 1749, l’auteur nomme filtre ascendant ou fontaine
dans un certificat délivré à l’inventeur : à eau ascendante filtrant par le charbon et
la pierre poreuse (1).
« J’ai eu plusieurs de ses fontaines, dont chacune
avait été garnie par lui-méme d’un filtre différent, (1) Bulletin de la Société d’encouragement, tome XXX,
les unes d’éponges, les autres dé coton, les autres page 171.