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INDUSTRIE DE L’EAU. 231

Les eaux sulfurées sodiques ont une réac­ logique du principe sulfureux des eaux mi­
tion légèrement alcaline au papier de tour­ nérales.
nesol rougi et une saveur sulfureuse. Elles 11 paraissait tout simple d’admettre que
sont presque toutes thermales et émergent les eaux circulant souterrainement emprun­
des terrains primitifs. tent un sulfure soluble aux terrains pri­
Les principales stations d’eaux sulfurées mitifs ou aux terrains volcaniques qu’elles
sodiques sont : Luchon, Eaux-Bonnes, Eaux- traversent. Seulement, il était un peu plus
Uhaudes, Baréges, Cauterets, Amélie-Ies- difficile de comprendre l’origine du sulfure
Bains, Molitg, La Presle, Saint-Sauveur, de calcium enlevé par les eaux aux terrains
Le Vernet, Bagnols, Saint-Honoré, dans les de transition et aux terrains modernes. En
Pvrénées françaises; Escaldas, Guagno,Gui- examinant de plus près les caractères qui
tera, Olette, Pietrapola, dans les Pyrénées différencient ces deux groupes d’eaux, on
espagnoles. arriva à expliquer parfaitement l’origine
Les eaux sulfurées calciques renferment géologique du soufre dans les eaux sulfu­
du monosulfure de calcium et souvent de rées calciques ; et bientôt on étendit cette ex­
l’acide sulfhydrique libre. Elles contiennent plication aux eaux sulfurées sodiques; de
plus de principes minéraux et surtout plus sorte que l’on a fini par attribuer à la même
de chlorure de sodium que les eaux sulfu­ origine géologique le principe sulfureux
rées sodiques; mais moins de barégine et de de ces deux groupes d’eaux.
glairine. Elles sont généralement froides et C’est le docteur Fontan, célèbre hydrolo­
émergent des terrains de transition et des giste pyrénéen, qui posa le premier le grand
terrains modernes. Leur saveur est saumâ­ principe de la division des eaux sulfureuses
tre, et leur réaction faiblement alcaline. en sodiques et calciques. Joseph Anglada,
Elles renferment toujours de l’acide sul­ professeur à la Faculté de médecine et à la
fhydrique libre, qu’on ne trouve pas dans Faculté des sciences de Montpellier, à qui
les eaux sulfurées sodiques. Aussi laissent- l’on doit les premières bonnes études chi­
elles dégager spontanément, c’est-à-dire miques et hydrologiques sur les eaux sulfu­
sans aucune intervention de l’acide car­ reuses de la chaîne des Pyrénées (1), avait
bonique de l’air, du gaz sulfhydrique, et découvert que le principe sulfuré de ces
sont-elles odorantes dès leur sortie de la eaux n’était point simplement, comme on
source. l’avait cru jusque-là, de l’acide sulfhydrique,
Les principales stations d’eaux sulfu­ mais du monosulfure de sodium combiné à
rées calciques sont : Allevard , Auzon, l’acide sulfhydrique, et formant un sulfhy-
Uriage, Cambs, Castéria, Verduzan, Cau- drate de monosulfure alcalin ou terreux.
valat, Digne, Enghien, Euzet, Gréoulx, Fontan, continuant les recherches d’An-
Guillon, Montmirail, Pierrefonds, Puzzi- glada, confirma la présence du monosulfure
chiello. de sodium dans les eaux sulfureuses des
La division des eaux sulfureuses en deux Pyrénées; mais il fit une grande distinc­
groupes, les eaux sulfurées sodiques appar­ tion entre les eaux sulfurées qui jaillissent
tenant aux terrains primitifs, et les eaux des terrains primitifs (granit, gneiss, mica­
sulfurées calciques appartenant aux terrains schiste) et celles qui émergent des terrains
de transition ou aux terrains modernes, qui, de transition ou des terrains modernes (grès,
au premier abord, semble ne pas avoir calcaire, argile, schiste argileux, pouddin-
grande importance, a amené une révolution (1) Mémoires pour servir à l'histoire des eaux sulfureuses
dans la manière d’expliquer l’origine géo­ et des eaux thermales, 2 vol. in-8. Montpellier, 1826.