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226                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                   On peutdistinguer les eaux ferrugineuses   l’air libre, et que l’on voit, pour ainsi dire,
                 en trois espèces, savoir : 1° les eaux ferru­  l’eau minérale se former à la vue de tout
                gineuses bicarbonatées, qui sont les plus   le monde.
                 communes; 2° les eaux ferrugineuses sulfa­  Les eaux ferrugineuses crénatées renfer­
                 tées, qui sont plus rares ; 3° les eaux ferru­  ment de l’oxyde de fer combiné à un acide
                 gineuses crénatées. Les eaux de Tunbridge,   organique, l’acide crénique, que Berzelius
                 en Angleterre, celles de Schwalbach, en   découvrit le premier, en 1832, dans l’eau
                 Allemagne, et celles d’Orezza, en Corse,   minérale de Porta (Suède), et qui a été re­
                 celles de Spa, en Belgique, appartiennent   trouvé, depuis cette époque, dans plusieurs
                 à la première division ; celles de Passy à la   autres sources minérales ferrugineuses. L’a­
                 deuxième, et celles de Forges à la troisième   cide crénique paraît provenir de la décom­
                 catégorie.                                position de l’humus des tourbes. Les ma­
                   Dans les eaux ferrugineuses bicarbo­    tières organiques ont, d’ailleurs, beaucoup
                 natées l’oxyde ferreux est tenu en disso­  de tendance à se combiner au protoxyde
                 lution par l’acide carbonique.            de fer, et à former des composés solubles
                   L’oxyde de manganèse, à l’état de bicar­  dans l’eau.
                 bonate, accompagne souvent le bicarbonate   Une découverte qui a fait beaucoup de
                 ferreux dans les eaux ferrugineuses.      sensation de nos jours, c’est la constatation
                   Quelques eaux ferrugineuses renferment   de l’existence de l’arsenic dans les eaux
                 une si grande proportion de gaz acide car­  minérales ferrugineuses. Quand il fut dé­
                 bonique, qu’elles sont effervescentes : telles   montré, pour la première fois, que les eaux
                 sont celles de Pyrmont, de Schwalbach, de   minérales ferrugineuses contiennent de l’ar­
                 Spa.                                      senic, la présence de cet agent toxique dans
                   Les eaux ferrugineuses, surtout celles qui   les eaux médicinales produisit beaucoup de
                 renferment du bicarbonate de fer, sont très-   frayeur. Mais on reconnut bientôt que l’ar­
                 instables. Bien qu’elles soient limpides en   senic n’existe dans ces eaux qu’en très-faible
                 sortant de leur source, elles se troublent au   proportion, et de manière à leur communi­
                 contact de l’air, parce que le carbonate fer­  quer seulement des propriétés médicamen­
                 reux, absorbant l’oxygène de l’air, et perdant   teuses.
                 son gaz acide carbonique, passe à l’état    C’est en 1839 que l’arsenic fut signalé
                 d’oxyde ferrique hydraté, qui n’est pas so­  pour la première fois dans les eaux miné­
                 luble dans l’acide carbonique, et qui, dès   rales ferrugineuses de l’Algérie, par un
                 lors, se dépose, sous la forme d’un précipité   pharmacien militaire, M. Tripier. Ce fait
                 rougeâtre, qui trouble l’eau. Ce même dépôt   fut alors très-contesté ; mais, en 1846, le
                 ocreux tapisse les parois des vases dans   chimiste allemand Walchner reconnut la
                 lesquels on recueille les eaux, ainsi que le   présence de l’arsenic en analysant les dépôts
                 sol sur lequel elles coulent.             ocreux qu’abandonnent spontanément les
                   Les eaux ferrugineuses sulfatées, moins   eaux ferrugineuses de Pyrmont, de Schwal­
                 nombreuses que les précédentes, doivent   bach, de Viesbade et d’autres sources.
                 provenir de l’action de l’air et de l’eau sur   Walchner s’était servi de l’appareil de
                 la pyrite de fer (sulfure de fer). L’air oxyde   Marsh pour constater la présence de l’ar­
                 le sulfure et le change en sulfate; l’eau,   senic dans ces dépôts. L’annonce de ce fait
                 venant ensuite à laver la pyrite sulfatée, dis­  ayant vivement excité l’attention des chi­
                 sout ce sulfate de fer. Ossian Henry assure   mistes et des médecins, le docteur Ch. Flan-
                 que ce phénomène se passe à Cransac à      din s’empressa de répéter les expériences
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