Page 206 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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204                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                   tion dans toutes les sources thermales d’Eu­  Les sources situées dans les montage
                   rope.                                     de Viajama, à Saint-Domingue, apparurent
                     Pendant cette convulsion géologique qui   pour la première fois pendant un tremble,
                   détruisit une partie de la ville de Lisbonne,   ment de terre arrivé en 1751.
                   et étendit ses ravages sur un rayon considé­  En 1812, à la suite d’une commotion ter-
                   rable de l’Europe et du littoral du Nord de   restre semblable, une source froide située
                   l’Afrique, une nouvelle source apparut à   dans les mines d’Elliot (Amérique septen-
                   Néris ; la température des eaux de Luchon   trionale) devint chaude, puis se troubla et dis-
                   augmenta considérablement, tandis que     parut tout à fait, pour faire place à un déga­
                   celle des eaux d’Aix, en Savoie, s’abais­  gement abondant de gaz acide carbonique.
                   sait beaucoup durant plusieurs heures, et   Enfin, pendant les terribles tremblements
                   reprenait ensuite son degré normal. Le vo­  de terre qui eurent lieu en juillet 1868, sur
                   lume des sources de Néris et le Bourbon-   la presque totalité du globe, on assure que
                   TArchambault augmenta considérablement.   l’eau de la source de César, à Cauterets,
                   L’eau de cette dernière station devint trou­  augmenta de 10 degrés, le 19 juillet, au
                   ble , rougeâtre et très-chaude , pendant |  moment d’un violent orage qui précéda le
                   quatre jours, et reprit ensuite son état ordi­  tremblement de terre (1).
                   naire. Le même jour, entre 11 heures et     Les exemples d’altération dans la tempé­
                   midi, l’eau de la principale source de Tœ-   rature des eaux minérales, par l’effet des
                   plitz, en Bohême, se troubla, puis devint   tremblements de terre, sont nombreux, et la
                   jaune et épaisse, cessa de couler pendant   science ne les a pas tous enregistrés. Si l’on
                   quelques minutes, et revint bientôt avec   avait porté plus d’attention à cette coïnci­
                   abondance.                                dence, peut-être aurait-on trouvé que les
                     Dans la cour du château d’Alfieri, en   différences de température et de composition
                   Piémont, trois puits d’une eau douce excel­  observées depuis un certain nombre d’an­
                   lente devinrentsulfureuxet salés et conservè­  nées, dans plusieurs stations thermales, tien­
                   rent cet état jusqu’en 1808, où un autre trem­  nent aux révolutions intérieures du globe.
                   blement de terre vint rendre l’eau potable.  Celte remarque est d’autant plus à noter
                     Pendant le tremblement de terre d’Iser-   que quelquefois l'effet des commotions ter­
                   nia, en Italie, au mois de juillet 1805, les   restres se fait sentir à des distances consi­
                   sources de Carlsbad cessèrent de jaillir pen­  dérables.
                   dant quelques heures, et leur température   En résumé, sauf les cas, très-rares en dé­
                   s’abaissa.                                finitive, des tremblements de terre, la com­
                     Le tremblement de terre qui se fit sentir,   position chimique et la température des
                   en Autriche, en 1768, eut pour résultat   sources minérales varient fort peu. Les va­
                   d’angmenter notablement le débit des eaux   riations portent plutôt sur les proportions
                   de Bade. En 1809, la Sprudela et d’autres   des éléments minéralisateurs que sur la dis­
                   sources de Carlsbad éprouvèrent les plus   parition d’un ou de plusieurs d’entre eux.
                   grandes altérations ; la Schlossbrunenn dis­  La cause habituelle de la variation de
                   parut complètement et ne reparut qu’en    composition des eaux minérales tient au
                   1823, mais avec une température différente.  voisinage des sources d’eau douce ou à leur
                     Lors d’un tremblement de terre arrivé en   mélange avec les eaux pluviales. Les saisons
                   1616, l’eau de Luchon devint plus chaude,   font également varier la composition ou le
                   en même temps que celle de Bagnères-de-
                   Bigorre se refroidissait.                ;   (i) Moniteur scientifique, 1868, tome X, page 1026.
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