Page 352 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES. 347
à la condition de fonctionner jour et nuit j le tout, après avoir eu le soin de placer sur
sans interruption. Le refroidissement, qu’il la terre à faïence une poudre fusible, com
soit lent ou rapide, fait fendiller ou briser posée de sable et d’oxyde de plomb. Par l’ac
ces fragiles et précieux récipients. tion de la chaleur il se formait un émail
Aujourd’hui les cornues de terre sont em coloré, qui remplissait le creux du dessin
ployées dans les usines à gaz du monde en ménagé sur la terre cuite ; le vernis fondait
tier. La Compagnie parisienne du gaz de ÏÉ- et recouvrait la surface de la faïence d’une
clairage a établi dans son usine d’Ivry, des mince couche de glaçure.
ateliers pour cette fabrication spéciale. Ce vernis vitreux placé sur les carreaux
de pavage, les préservait de toute altération,
Formes à sucre. — La terre cuite a très-
en même temps qu’il leur donnait des cou
longtemps servi d’une manière exclusive, à
leurs élégantes et vives.
préparer les moules, ou formes, des pains
Les carreaux émaillés anciens sont imités
de sucre. Aujourd’hui on les fait générale
aujourd’hui en Angleterre, dans l’usine de
ment en métal.
M. Herbert Minton, qui a beaucoup perfec
Quoi qu’il en soit, Xesmoulesàpainsde su
tionné le procédé des artistes du Moyen-âge.
cre se fabriquent en argile très-commune,
M. Salvétat, dans ses Leçons sur la cérami
par un procédé de moulage mécanique. Un
que, fait connaître en ces termes le ’ procé
noyau de bois est placé sur un tour; on en
dé de M. Herbert Minton, pour la prépara
tasse l’argile sur le sommet, et on la com
tion des carreaux émaillés enterre cuite.
prime, jusqu’à ce qu elle vienne reposer
sur un anneau de bois, qui entoure le bas du « Les terres rouges et jaunes, qui font à Sloke-
upon-Trent la base de la fabrication, sont extraites
noyau. Quand la terre est un peu sèche, on du sol même de l’usine.
démoule et on fait sécher la forme d’argile. « Lorsque les pâtes ont été broyées et ressuyées
Enfin, on la cuit dans un four à briques. convenablement, on les tamise, surtout pour celles
qui sont destinées à donner les parties incrustées.
Carreaux incrustés. — Nous avons vu que La pâte est ensuite raffermie ; on l’amène à consis
tance pâteuse. Un plâtre préparé d’avance et don
les carreaux en faïence peinte ou décorée,
nant le relief du dessin qu’offrira le carreau, est dis
furent la grande mode au Moyen-âge. Les posé dans un moule métallique dent les dimensions
églises, ainsi que les palais et les châteaux, sont calculées en vue de la retraite qui se produira
pendant la fabrication. Ce moule, pour une surface
étaient pavés avec ces carreaux en terre
carrée de 38 centimètres, doit en avoir une de 42.
cuite, recouverts d’émaux colorés, aux des « La surface du carreau est faite avec de l’argile
sins réguliers. Depuis quelques années, ce de première qualité : elle doit avoir une épaisseur
pavage élégant et artistique ayant repris fa d’un peu plus de 6 millimètres : on la presse sur le
sable, qui laisse en creux une empreinte du dessin.
veur en France et en Angleterre, les potiers Cette première couche est surchargée d’une seconde
fabriquent de grandes quantités de carreaux plus commune, puis d'une troisième, jusqu’à ce que
en terre cuite, émaillée. l’épaisseur voulue soit obtenue. Les qualités de
terre sont alternées de telle sorte que, en dimi
On connaît aujourd'hui le procédé qui ser
nuant la dépense, on évite les irrégularités de re
vait aux potiers du Moyen-âge à fabriquer trait. Quand la dernière couche a été mise, on
ces carreaux incrustés. La terre argileuse donne un fort coup de presse, afin d’obtenir une
capacité suffisante ; puis on coule dans les creux du
moulée recevait l’empreinte d’un dessin en
dessin les couleurs convenables à l’état de pâtes li
creux, par la pression d’une matrice en quides, de telle sorte que la surface du carreau soit
plomb. On faisait sécher la pièce au soleil, entièrement recouverte. Deux ou trois jours après, on
racle la surface du carreau pour enlever les irrégu
et dans le creux de ce dessin on appliquait
larités; cette opération fait apparaître le dessin, qui
une terre d’une couleur différente,ordinaire ne reçoit sa couleur propre que pendant la cuisson.
ment de la terre à faïence. Puis on cuisait « Les carreaux ainsi préparés sont portés au sé-