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270 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
ces faïences. Nous laissons parler M. Fillon,
qui a groupé les différentes opinions qui
ont été émises sur cette question.
CHAPITRE XX
« Du Sommerard, le savant créateur du Musée de LA TERRE CUITE ÉMAILLÉE EN ALLEMAGNE ET EN HOLLANDE.
Cluny,les aeslimées,dit M. Fillon, venuesde Beauvais. — LA GLAÇURE EN ÉMAIL INVENTÉE A SCHELESTADT. —
M. L. Pottier les a dites faites à Florence; A. Bron- LES CARREAUX VERNISSÉS DE NUREMBERG. — LES POÊLES
gniart a laissé supposer qu’il les croyait françaises; EN FAÏENCE. — LES GRÈS-CÉRAMES. — LES JaCOBATS
M. A. Salvetat partage le même avis qu’a nettement KANNETJES. — FONTAINES EN GRÈS-CÉRAMES. —
exprimé M. J. Labarte. M. de La Borde, et l’Anglais — LES PRODUCTIONS CÉRAMIQUES DE DELFT.
J. Marryat, M. Thoré et A. Tainturier les ont don
nées au contraire à Pagolo ou à Ascanio, élève de
Benvenuto Cellini, M. Clément de Bis à quelque bi C’est bien malgré nous que nous classons
joutier resté inconnu venant d’Italie ; M. Bernard sous le titre de la Renaissance allemande un
à Geoffroy Tocy, imprimeur célèbre, M. de La Fer
fait important qui concerne une ville de
rière Percy a insinué qu’elles pouvaient bien être
l’œuvre de quelqu’un des potiers italiens établis à l’Alsace ; mais au xme siècle l’Alsace
Lyon; M. Moore, marchand d’antiquités de Londres, appartenait à l’Allemagne.
les affirmait modelées par l’un de ses compatriotes; Dans YAlsatia illustrata, on trouve le
M. Delange a émis l'opinion qu’elles étaient l'œuvre passage suivant : Ars fujulina quoque Scheles-
de Girolamo délia Robbia. D’autres encore ont
écrit à ce sujet ; mais en fin de compte, MM. Labarte, tad sua debet augmenta; seculo enimXIIl
de La Borde, Marryat et E. Piot ont seuls affirmé, figulus hujus urbis vasa fictilia PRIMUS
avant 1862, l’origine purement française de cette VITRO INDUXIT, ut annales Colmar testa i-
sorte de faïence. »
tur. Et en note Anno, MCCLXXXIII quo figu
lus hic anongmus decessit. Ainsi un potier de
On voit que le champ des hypothèses
est large et que nous avons bien pu nous Schelestadt dont on n’a même pas conservé
permettre d’émettre, nous aussi, une sup le nom, mais qui est mort en 1283, aurait,
position. quelques années auoaravant, inventé une
glaçure ou un émail ; mais on ne nous donne
Au Musée de Cluny, sous le numéro 2139,
aucun détail à ce sujet, et on ne dit pas s’il
figure une faïence d’Oiron très-remarquable.
s’agit d’une glaçure plombifère ou d’un
C’est une coupe à couvercle aux armes de
Cœtmen de Bretagne. Achetée un franc par émail stannifère.
11 faut donner aux poteries allemandes dont
la grand’mère de M. Burges, dans une vente
nous allons parler le nom de terres cuitesémail-
faite en 1793, à la Flèche (Sarthe), d’objets
Ices, pour les distinguer des faïences propre
qui provenaient du couvent de Saint-Fran
ment dites, des majoliques ou faïences italien
çois, elle fut vendue à un marchand de cu
nes et françaises, qui leur sont postérieures.
riosités, pour 60 francs, et rachetée immé
Nous avons eu l’occasion, dans un chapi
diatement par M. Burges, qui les revendit
tre précédent, de signaler plusieurs exem
plus tard au Musée de Cluny, pour huit
ples de l’emploi de l’émail en Allemagne, à
cents francs.
une époque très-éloignée, et longtemps
avant Lucca délia Robbia. De bonne heure
apparut à Nuremberg toute une pléiade
d’artistes, presque contemporains de Lucca
délia Robbia, et qui créèrent, avec cet émail,
devrais chefs^’œuvre. Ce sont d’abord les
Ilirschvogel le père, ses fils et un petit-fils,
puis les Reinhardt, les Nickel, etc. A peu