Page 272 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES.                             267


           On voit dans les figures 203 et 204 les   d’origine italienne: ils venaient de Pesaro
         types des principales divisions établies par   et de Faenza. On cite comme spécimen re­
         Potier dans les faïences de Rouen.         marquable de l’industrie céramique lyon­
            La figure 203 montre à part, et comme   naise du milieu du xvf siècle, un plat de
         le type le plus curieux et le plus caracté­  45 centimètres de diamètre, représentant,
         ristique de cette faïence, une pièce déco­  dans le style de Pesaro, le roi Salomon. Au
         rée dans le style rayonnant. Dans la fi­   revers, ce plat porte pour inscription :
         gure 204, on a réuni les autres types de la j
         fabrique rouennaise, le style rocaille et le      La royne de Sabat qui vient
         style à figures.
                                                    A Sallomon au 3e livre des Boys, chapitre X.
            Enumérer les œuvres remarquables en
         faïence de Rouen que renferment les col­
                                                      Ce plat appartient à M. Meusnier, qui l’a
         lections privées, serait sortir des limites que
                                                    donné au Musée de Sèvres.
         nous trace le cadre de cette Notice. C’est
         par milliers que se comptent les beaux
                                                      La faïencerie lyonnaise nous amène à par­
         échantillons de ce genre de poterie émi­
                                                    ler de la faïencerie dans le Midi de la France.
         nemment française. Citer quelques pièces
                                                    Nous aurons à signaler ici les produits de
         particulières ne nous conduirait donc à rien.
                                                    Marseille et surtout ceux de Moustiers
            Nous ajouterons seulement que les fa- I
                                                    (Basses-Alpes).
          briques de Rouen ont cessé depuis long­
                                                      Dans une brochure ayant pour titre An­
         temps leur production. En 1789, on comp­
                                                    ciennes industries marseillaises : faïences, ver­
         tait à Rouen dix-huit faïenceries. Mais les dé­
                                                    res, émaux et porcelaines (1), M. Montreuil,
         sastres de l’industrie, à l’époque de la Révo- .
                                                    correspondant du Ministère de l’instruction
          lution, l’introduction des faïences anglaises
                                                    publique, a donné des renseignements in­
         et la concurrence de la porcelaine portè­
                                                    téressants sur l’existence des fabriques de
          rent un coup funeste à la faïencerie. En
                                                    faïence à Marseille au siècle dernier.
          1802 on ne comptait plus que sept faïenciers
                                                      D’après M. Montreuil, le plus ancien
          à Rouen. Aujourd’hui il n’existe plus dans
                                                    faïencier dont le nom soit connu à Marseille,
          cette ville une seule faïencerie artistique.
                                                    est Jean Delaresse, qui était établi en 1709.
         Toutes les pièces que l’on voit dans les col­
                                                    Vers 1750 on comptait à Marseille douze fa­
          lections remontent au siècle dernier. A cette
                                                    bricants de poteries, dont neuf fabricants de
         époque, l’avénement de la porcelaine, et de
                                                    faïence émaillée.
          nos jours, le progrès de la fabrication de   Ces fabriques produisaient beaucoup, car
         cette admirable poterie, qui a permis d’en
                                                    en 1766 elles avaient exporté en Amérique
         abaisser de plus en plus le prix, ont fait   105,000 livres de faïence.
         disparaître peu à peu les faïences com­
                                                      Honoré Savy et Robert sont les faïenciers
          munes des usages de l’économie domestique.
                                                    marseillais dont les œuvres sont aujourd’hui
                                                    recherchées des amateurs. Les mémoires du
            Nous avons eu déjà occasion de dire,
                                                    temps s’accordent à regarder Honoré Savy
         qu’il y eut de bonne heure, à Lyon, des fa­
                                                    comme supérieur aux autres fabricants. Cette
          briques de poteries et même de faïences. Un
                                                    supériorité nous est attestée par ce fait que
          auteur ancien ,Piccolpassi, citait Lyon comme
                                                    Monsieur, frère du roi, ayant visité Marseille
          étant un grand centre de fabrication cé­
                                                    et ses principales usines en 1777, se com-
          ramique en 1548.
            Les premierspotiers établis à Lyon étaient   (1) Brochure de 27 pages in-8°, Marseille, 1858.
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