Page 57 - Les conseils du veterinaire
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HYGIÈNE  ET  PROPHYLAXIE               55

           le  soigneur de  se.s  animaux  malades ;  il  doit,  au  contraire;
           devenir  celui  dont les  avis  éclairés  et prévoyants l'aideront,
           avant de guérir, à prévenir dans son troupeau l'apparition des
           maladies qui peuvent le décimer.  Le jour où l'exploitant sera
           convaincu, sur tout le  tern·toire, qu'en appliquant des  mesures
          prophylactiques  rationnelles,  il  évitera  des  pertes  qui  se
           chiffrent annuellement, dans chaque département, par millions
           et souvent par dizaines rie  millions,  il viendra  de  lui-mime a
           l'idée  nécessaire  de  l'assainissement  de  son  cheptel.  Car  il
           aura corn pris que  l'opération  lui  sera  profitable au  premier
           chef, et se traduira, en fin de corn pte, par un bénéfice certain.


           Un  exemple  déjà  ancien  mais  très  significatif.
             L'épizootie  de  fièvre  aphteuse  de  :1. 937  nous  fournira
           encore  un exemple assez  significatif,  susceptible  de  mieux
           éclairer cette ~monstration. Dans un village  de l'Est, l'épi-
           zootie  s'est déclarée en octobre, et comme c'était le premier
           cas dans  la  région, on  ne  disposait pas  de sang  pour  prati-
           quer  l'hémoprévention.  La  sérothérapie,  qui  avait  été
           conseillée,  fut  repoussée  par  les  propriétaires,  auxquels
           elle apparaissait  comme  trop  onéreuse ;  et  puis,  c'était la
           quatrième fois  depuis la guerre que la fièvre aphteuse sévis-
           sait dans la commune ; on  s'en était toujours  tiré  sans  trop
           de  pertes, et  il  n'y avait aucune  raison  qu'il en  soit,  cette
           fois encore, autrement. D'un accord tacite mais unanime, tout
           le monde  décida  de  se  limiter  aux  mesures  de  police  sani-
           taire. Le  résultat  se  traduisit  par  une mortalité  de 20 °/., et
           les pertes, de  ce  fait,  dépassèrent  :l.00.000  francs.  Pourtant,
           il existe  dans la commune un  syndicat d'élevage et une mu-
           tuelle assurances, possédant tous deux des réserves; un effort
           de ces organisations, qui seraient intervenues pour aider leurs
           adhérents,  aurait pu décider ceux-ci à recourir à la sérothé-
           rapie. Il  n'est pas besoin d'être grand  calculateur pour con-
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