Page 55 - La Lecture Expressive
P. 55

62


                    Lecture       24.  Le  combat  de  Tristan


                                                I

                   1.  I:.e  roi  d'Irlande  a  envoyé  à  Marc,  roi  de  Cornouailles,  un
                 chevalier géant, le Morholt, que nul n'a jamais pu vaincre en bataille.
                                                   1
                 Le  Morholt  vient  réclamer  le  tribut  dû  par  la  Cornouailles  à
                 l'Irlande : trois  cents  jeunes  garçons  et  trois  cents  jeunes  filles.
                   Le roi Marc a convoqué à sa cour tous les barons de sa terre pour
                 prendre leur conseil.
                   2.  Au  terme  marqué,  quand  les  barons  furent  assemblés  dans
                 la  salle  voûtée  de  son  palais et que  Marc  se  fut assis,  le  Morholt
                  parla  ainsi :  11  Roi  Marc,  mon  seigneur  le  roi  d'Irlande  t'ordonne
                  de  me  livrer  en  ce  jour  trois  cents  jeunes  garçons  et  trois  cents
                  jeunes filles,  de  l'âge de  quinze ans, tirés au sort parmi les  familles
                                       2
                  de -:::ornouailles.  Ma  nef  les emportera pour qu'ils  deviennent nos
                      3
                  serfs  •
                    Pourtant, si quelqu'un de brave veut combattre pour affranchir
                                             6
                  son pays,  j'accepterai son gage  ,  »
                    3.  Les  barons se  regardaient entre  eux  à la  dérobée,  puis  bais-
                  saient la  tête.
                                                                 6
                    Celui-ci  se  disait :  « Vois,  malheureux,  la  stature  du  Morholt
                  d'Irlande ;  il  est plus  fort  que  quatre  hommes  robmtes.  Regarde
                  son épée : ne sais-tu point qu'elle a fait voler la tête des plus hardis
                  champions  ,  depuis  tant  d'années  que  le  roi  d'Irlande  envoie  ce
                           7
                                      8
                  géant  porter  ses  défis  par  les  terres  vassales ?  Chétif,  veux-tu
                  chercher la mort ?  A quoi  bon tenter Dieu  ? »
                    Cet autre songeait : « Vous  ai-je  élevés, chers  fils,  pour ces  beso-
                  gnes  de serfs, et vous,  chères  filles,  pour celles  de servantes 'l  Mais
                  ma  mort ne  vous  sauverait  pas. »
                    Et tous  se  taisaient.
                    4.  Le  Morholt  dit encore :  « Lequel  d'entre  vous,  seigneurs  cor-
                  nouaillais,  veut prendre mon  gage ?  Je lui offre  une  belle  bataille,
                  car,  à trois  jours d'ici,  nous  gagnerons  sur des  barques l'île  Saint-
                  Samson au large de Tintagel. Là, votre chevalier et moi, nous  corn-
   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60