Page 254 - La Lecture Expressive
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bouché la lucarne avec du foin. Vous comprenez, il croit toujours
qu'il fait encore nuit ... Je ne lui ouvre que quand vous êtes levé.
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FRITZ. - Ah! ah! ah! la bonne farce ! C'est lui qui doit être
étonné quand il voit le soleil ! Ah ! ah ! ah ! pendant que le coq guette
le jour, moi je dors comme un bienheureux ... (Il rit.)
SuzEL. - Justement, monsieur Kobus ; ça me fait penser que je
ne lui ai pas encore ouvert.
FRITZ. - Eh bien ! va lui ouvrir, SO.zel ; dépêche-toi.
3. SuzEL. - Oui, monsieur Kobus, et je lèverai les œufs en même
temps. Est-ce que vous voulez manger des œufs frais, ce matin, à
votre déjeuner ?
FRITZ. - Je veux bien, Sûzel ; oui, j'aime beaucoup les œufs frais,
c'est une nourriture saine et délicate.
SuzEL. - Nous avons aussi des radis bien tendres, avec du beurre
tout frais, que je battrai tout à l'heure, si vous voulez.
FRITZ. - Volontiers, S0.zel, volontiers.
SuzEL. - Et puis, des cerises.
FRITZ. - Des cerises! est-c~qu'elles sont déjà mûres ?
SuzEL (montrant le cerisier d droite). - Oui !. .. Regardez là sur
le petit cerisier.
FRITZ. - Eh bien! si tu veux en cueillir, Sûzel.
SuzEL. - J'y vais tout de suite, monsieur Kobus. ( Elle sort ioule
ioyeuse par la porte du jardin.)
4. FRITZ. - Cette petite m'étonne; elle devine tout ce qui peut me
faire plaisir ... Ce matin, en écoutant les rossignols, je me disais : je
mangerais bien des œufs à la coque, avec des radis et du beurre frais
battu. Et voilà qu'elle a la même idée, sans parler des cerises que
tous les Kobus aiment de père en fils ... C'est une enfant remplie de
bon sens.
( A suivre.)
Lea mot11 : 1, Gdter : proprement, détériorer (rapprocher dlgdt et dévaster),
et, ici, choyer à l'excès (d'où galerie). 2. Gueux : ce mut a Je sens de mendiant,
et aussi de mauvais sujet, de roquin. C'est en plaisantant que Kobus traite Je
coq de gueux. 3. Farce : grosse plaisanterie.