Page 19 - La Lecture Expressive
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Lecture 6. L'Écureuil et les Geais <fin>
II
1. Jacquot, le geai, voyant le geste, vira de l'aile brusquement, de
sorte que Guerriot ne put lui arracher que deux plumes de la queue,
ce qui fit crier l'autre bien plus fort encore de colère et de souffrance.
En même temps, il appelait à l'aide tous ses frères pour repousser
l'ennemi.
2. A son appel, il y eut parmi les branches un froufroutement 1
e!Trayant d'ailes claquant et un vacarme assourdissant de cris. Tous
les geais, prenant leur vol, se précipitèrent en piaillant sur l'écureuil...
Guerriot, alors, se détendit comme un ressort, d'un coup de tête
en renversa un, en grilTa un autre d'un coup de patte au passage,
en mordit un troisième d'un coup de dents, et se trouva perché tout
à coup à deux mètres plus haut, presque au-dessus de l'arbre.
3. Les geais plus furieux que jamais se précipitèrent de nouveau
sur lui. « Tchaïe ! Tchaïe ! Tchaïe ! » piaillaient-ils pour s'exciter ...
Ce fut sur le vieux hêtre de la clairière que Jacquot, l'ancien, leur
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général, cerna Guerriot et l'atteignit.
Le bête poussa trois longs cris aigus, le cri de rappel des écureuils,
pour inviter les frères de race et les compagnons à venir à son secours.
Et, du haut de son arbre, il se prépara en grinçant des dents à tenir
tête à ses ennemis.
Ils arrivèrent tous ensemble, d'un même élan, serrés l'un contre
l'autre ; ils vinrent griffer Guerriot et le culbutèrent.
4. Mais, tout à coup, il y eut sur la bande qui assommait Guerriot
un grand choc ; c'étaient les trois frères de l'écureuil ainsi que son
père, qui, accourus, se mettaient aussi à mordre.
Alors les plumes et le poil tombèrent plus drus sur le sol à travers
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les branches du hêtre, et la mêlée devint terrible ...
5. Mais un ébranlement fit sursauter la forêt, un coup formidable
tonna, un nuage empesté monta de terre en même temps que
retentissait un furieux aboi de chien.