Page 236 - Histoire de France essentielle
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Lectures.              — 228 —         PÉRIODE CONTEMPORAINE.

                     Quand il eut fini de parler, l’Assemblée constituante se leva en
                   poussant d’une seule voix ce grand cri : Vive la République!
                     .... La Constitution, à laquelle Louis-Napoléon prêta serment le
                   ao décembre i8/|8 « à la face de Dieu et des hommes », contenait,
                   entre autres articles, ceux-ci :
                    « Art. 36. Les représentants du peuple sont inviolables.
                     « Art. 68. Toute mesure par laquelle le président de la République
                   « dissout l’Assemblée nationale est un crime de haute trahison. Parce
                   « seul fait, le président est déchu de ses fonctions; les citoyens sont
                   « tenus de lui refuser obéissance.... »
                    Moins de trois ans après cette journée mémorable, le a décembre
                   i85i, au lever du jour, on put lire, à tous les coins des rues de Paris,
                   l'affiche que voici :
                    « Au nom du peuple français,
                    « Le président de la République décrète :
                    « Art. ier. L’Assemblée nationale est dissoute.
                    « Fait au palais de l’Elysée, le a décembre i85i.
                                          « Louis-Napoléon Bonaparte. »
                    En même temps Paris apprit que quinze représentants du peuple
                   avaient été arrêtés chez eux, dans la nuit, par ordre de Louis-Napoléon
                   Bonaparte.        (D’après Victor IIugo, Napoléon le Petit.')

                             io5c Lecture.— Le Deux décembre.

                    .... 11 y a déjà d’ailleurs quelque chose qui juge nos adversaires.
                   Écoutez, voilà dix-sept ans que vous êtes les maîtres absolus, discré­
                   tionnaires de la France — c’cst votre mot; — nous ne rechercherons
                   pas l’emploi que vous avez fait de ses trésors, de son sang, de son hon­
                   neur et de sa gloire; ce qui vous juge le mieux, parce que c’est l’attes­
                   tation de vos propres remords, c’est que vous n’avez jamais osé dire :
                   Nous célébrerons, nous mettrons au rang des solennités de la France
                   le a décembre comme un anniversaire national! Et cependant tous les
                   régimes qui se sont succédé dans ce pays se sont honorés du jour qui
                   les a vus naître. Ils ont fêté le i j juillet, le 10 août; les journées de
                  juillet i83o ont été fêtées aussi, de même que le al\ février; il n’y a que
                   deux anniversaires, le 18 brumaire et le a décembre, qui n’ont jamais
                   été mis au rang des solennités d’origine, parce que vous savez que si
                   vous vouliez les y mettre, la conscience universelle les repousserait.
                    Eh bien! cet anniversaire dont vous n’avez pas voulu, nous le re­
                  vendiquons, nous le prenons pour nous, nous le fêterons toujours,
                  incessamment ; chaque année, ce sera l’anniversaire de nos morts jus-
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