Page 234 - Histoire de France essentielle
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Lectures.               — 220 —        PÉRIODE CONTEMPORAINE.
                 « qui, comme le dit Lamartine, est dévoué à la République, tête,
                 « cœur et poitrine, de pouvoir ajouter le mot et « biens ». J’ai pour
                 « toute fortune cinq cents francs à la caisse d’épargne. Soyez assez
                 « bon pour m’inscrire le premier pour la somme de quatre cents
                 « francs que je tiens à votre disposition trois jours après votre de-
                 « mande. Que la patrie me pardonne si je garde cent francs pour mes
                 « besoins ; mais, depuis six mois, je suis sans travail. »
                                                {D’après Louis Blanc.)
                 io4° Lecture. — Louis-Napoléon traître à la parole donnée.
                   Le jeudi 20 décembre 1868, l’Assemblée nationale constituante étant
                 en séance, au milieu du profond silence des neuf cents constituants
                 réunis en foule et presque au complet, le président de l’Assemblée.
                 Armand Marrasl, se leva et dit :
                   « Au nom du peuple français,
                   « Attendu que le citoyen Charles-Louis;Napoléon Bonaparte, né à
                 « Paris, remplit les conditions d’éligibilité prescrites par l’art. 44 de
                 « la Constitution ;
                   « Attendu que, dans le scrutin ouvert sur toute l'étendue du terri-
                 « foire de la République pour l’élection du président, il a réuni la
                 « majorité absolue des suffrages;
                   « En vertu des articles 47 et 48 de la Constitution, l’Assemblée na-
                 « tionalc le proclame président de la République depuis le présent
                 « jour jusqu’au deuxième dimanche de mai i85a. »
                   Un mouvement se fit sur les bancs et dans les tribunes pleines de
                 peuple. Le président de l’Assemblée constituante ajouta ; « Aux termes
                 « du décret, j’invite le citoyen président de la République à vouloir
                 « bien se transporter à la tribune pour y prêter serment.
                   .... Ce serment, le voici : « En présence de Dieu et devant le peuple
                 « français, représenté par l’Assemblée nationale, je jure de rester fidèle à
                 ’u la République démocratique, une et indivisible, et de remplir tous les
                 « devoirs que m’impose la Conslilution. »
                   Le président, debout, lut cette formule majestueuse; alors, toute
                 l’Assemblée faisant silence et recueillie, le citoyen Louis-Napoléon Bo­
                 naparte, levant la main droite, dit d’une voix ferme et haute: « Je le
                 jure!» — Puis il demanda la parole.
                   « Vous avez la parole », dit le président.
                   L’attention et le silence redoublèrent. Le citoyen Louis-Napoléon
                 Bonaparte déplia un papier et lut un discours : « ....Les suffrages de
                 la nation et le serment que je viens de prêter commandent ma con­
                 duite future. Mon devoir est tracé. Je le remplirai en homme d’hon­
                 neur. Je verrai des ennemis de ma patrie dans tous ceux qui tenteraient
                 de changer, par des voies illégales, ce que la France entière a établi. »
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