Page 206 - Histoire de France essentielle
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Lectures. — 198 — PÉRIODE CONTEMPORAINE.
94e Lecture. — Lassitude de la France vers 1810.
La nation souffre déjà beaucoup de la guerre qui s’éternise. Le « sac
du soldat» pèse de plus en plus sur ses épaules. La conscription saisit
chaque année « tous les adolescents valides ». Ceux qui par hasard
échappent sont « ressaisis par des décrets ». Le nombre des réfractaires
s’accroît toujours. « De ces réfractaires, dit Taine, en 1810 on en comp
tait déjà 160000, condamnés nominativement ; de plus 170 millions
d’amende ont été imposés à leurs familles. » Sur la frontière, la pro
portion des déserteurs atteint parfois 80 pour 100. « La France, suivant
un contemporain, ressemble à une grande maison de détention où
l’un surveille l’autre, où l’un évite l’autre.... Souvent on voit un jeune
homme qui a un gendarme à ses trousses; souvent, quand on y re
garde de près, ce jeune homme a les mains liées, et quelquefois il porte
des menottes. » Un autre témoin oculaire constate que, dès la cam
pagne de 1807, un certain nombre de conscrits blessés légèrement ne
l’ont pas été « par le feu de l’ennemi » mais se sont « mutuellement
mutilés aux pieds et aux mains ».
Voilà de bien mauvais signes. (R. Périé, l'École du citoyen.)
Fig. 168. — Incendie de Moscou.