Page 122 - Histoire de France essentielle
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Lectures. — 116 — LES TEMPS MODERNES.
Versailles, c’est-à-dire une chambre étroite, incommode, servant
parfois de passage, mais où ils se trouvaient les commensaux du
maître. La plus cruelle disgrâce qui pùt les frapper était qu’on les
invitât à retourner pour quelques semaines dans leurs terres. Dans
cet exil, ils languissaient loin du maître, l’oreille tendue du côté de la
Cour, faisant agir tout ce qu’ils avaient d’amis, prêts à toutes les sou
missions et à toutes les bassesses pour obtenir leur rappel. Un courtisan
éloigné de la Cour était un corps sans âme. Il n’avait plus d’esprit,
n’était plus au courant de la mode, ne savait plus s’habiller. « Sire,
disait l’un d’eux, après son rappel, loin de vous, on n’est pas seule
ment malheureux, on devient ridicule. »
(Alfred Rambaud, Histoire de la civilisation française.)
Fig. 110. — Le coclie (d’après Rigautl).
58e Lecture. — Un voyage de Louis XIV, de Paris
à Bourbon-l’ Archambault.
En 1681, le roi Louis XIV décide qu’il ira prendre les eaux à
Bourbon-l’Archambault. Colbert, dès le mois de janvier, écrit à l’in
tendant de la généralité de Moulins de faire réparer promptement
tous les chemins. L’intendant propose d’en faire paver quelques-uns
qui sont en très mauvais état. Colbert lui répond qu’on n’aurait pas
le temps. Voici ce qu’il faut faire, dit-il : « Il faut faire remplir les
mauvais endroits de cailloux ou de pierres, s’il y en a dans le pays;
sinon, les remplir de terre avec du bois, et vous pouvez encore em
ployer un troisième expédient, qui serait de faire ouvrir les terres en
abattant les haies et en remplissant les fossés pour le seul passage du
roi. Ce sont là les expédients dont on s’est toujours servi pour faciliter
les voyages du roi dans toutes les provinces par où Sa Majesté fait
voyage. »
D’après une autre lettre de Colbert, nous voyons que le roi devait
partir de Versailles le a6 du mois d’avril, pour arriver à Bourbon-
l’Archambault le 4 ou le 5 du mois de mai.