Page 120 - Histoire de France essentielle
P. 120

Lectures.               — 114 —          LES TEMPS MODERNES.


                       56" Lecture. — Louis ÀVL à Versailles.
                Versailles doit tout à Louis XIV. C’est une création du grand roi. Il
              y fit élever un château magnifique avec un parc immense, où l’on
              amena l’eau de la Seine, et où l’on transplanta des forêts entières: il
              y attira une population de 80 ooo habitants.
                A partir de 1682, Louis XIV fit sa résidence habituelle à Versailles,
              qui devint la vraie capitale de la France. Il y vécut dans son château,
              comme une divinité dans son temple, entouré de ses courtisans, comme
              d’autant d'adorateurs. Tous les actes de sa vie. son lever, son coucher,
              ses repas, étaient solennels comme une cérémonie religieuse. C’était
              un honneur pour les courtisans d’y être admis, et surtout de présenter
              une pièce de l’habillement royal ou de tenir le bougeoir. Un regard,
              une parole du souverain, étaient des faveurs signalées. Le respect de
              l’autorité royale tournait à l’idolâtrie.
                Louis XIV avait autour de lui pour la garde et le service de sa per­
              sonne une maison militaire de 10000 hommes et une maison civile de
              /iooo serviteurs. La plus haute noblesse (fig. 107) briguait à la Cour même
              d’humbles emplois. Le palais était toujours plein de gentilshommes et
              de dames qui voulaient mériter la faveur du roi par leur assiduité, et
              qui craignaient qu’on ne leur sût mauvais gré de leur absence. Vivre
              loin de la Cour était pour eux une déchéance.   (Choublier.)

                                   5~,; Lecture. — Les nobles à la cour
                                             de Louis XIV.
                                   Louis XIV fil à sa noblesse une obligation
                                  de séjourner à la Cour. Chaque jour, à son
                                  lever, à son coucher, raconte le duc de Saint-
                                  Simon, « il voyait et remarquait tout le
                                  monde; aucun ne lui échappait, jusqu'à ceux
                                  qui n’espéraient pas même être vus. » Il ob­
                                  servait les absences du moindre courtisan et
                                  lui en savait mauvais gré. « Je ne le connais
                                  point », répondait-il désormais aux sollicita­
                                  tions de ses amis, ou encore : « C’est un
                                  homme que je ne vois jamais. »
                                   Au reste il n’avait pas besoin d’user de tant
                                  de rigueur. Les nobles désertaient en masse
                                  leurs magnifiques châteaux de province, leurs
                 Fig. 107.— Costume
                   de la noblesse   somptueux hôtels de Paris. Leur suprême
                du temps de Louis XIV,  ambition était d’obtenir un appartement à
                    8,
   115   116   117   118   119   120   121   122   123   124   125