Page 39 - A-F_Frezier_homme de science
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                               la valeur scientifique et les qualités morales de Frézier,
                              sont confirmées par plusieurs publications contempo­
                              raines. Voici comment le secrétaire de l’Académie de
                              Marine s’est exprimé :
                                 « Il aimait tous les arts ; il en cultivait la plus
                              grande partie, et réussissait dans ceux qu’il cultivait.
                              La peinture et la poésie le délassaient d’occupations
                              plus sérieuses. On conserve dans sa famille dos ta­
                              bleaux d’histoire qui auraient fait la réputation d’un
                              peintre de profession ; il faisait des vers agréables, que
                              sa modestie ne lui permettait de montrer qu’à ses
                              amis ; et ce qui justifie son goût, c’est le cas qu’il fai­
                              sait des poésies de Rousseau 1.
                                « Nous avons dit qu’il avait une grande facilité
                              pour apprendre les langues : il en possédait plusieurs -,
                              mais de toutes les langues, soit anciennes soit moder­
                              nes, la latine était celle à laquelle il donnait la préfé­
                              rence. Il entretenait une correspondance très étendue
                              avec les savants et les gens de lettres ; ils le consul­
                              taient avec confiance; et il leur faisait part de ses
                              lumières avec sincérité : son estime pour les personnes
                              instruites allait jusqu’au respect, et il avait pour l’i­
                              gnorance présomptueuse un mépris dont il ne pouvait
                              se défendre. Il ne connut jamais l'envie que, sans
                              penser trop avantageusement de lui-même, il regar­
                              dait dans l’envieux comme l’aveu le plus humiliant de
                              sa faiblesse. Il s’intéressait si vivement aux progrès
                              des sciences et des arts, que lorsqu’il apprenait que
                              l’on avait fait quelque nouvelle découverte, il en res­
                              sentait autant de satisfaction que l’inventeur lui-

                               i Jean-Baptiste Rousseau.
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