Page 17 - Apiculture Moderne
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ROLE DE L’ABEILLE.                  13

              encore en bouton, ou plutôt la jeune larve dont le pollen est, pro­
              bablement, la première nourriture.
                On affirme également que les champs de colza situés près des
              ruchers sont moins attaqués par les pucerons. Les abeilles les
              troublent sans doute par la trépidation qu’elles causent aux
              plantes en butinant, ou par le battement de leurs ailes.
                On a songé à utiliser les abeilles pour le transport des dépêches
              à l’instar des pigeons voyageurs. Ce sujet, un
              peu spécial, a été de la part de M. Teynac
              (Gironde) l’objet d'essais intéressants. Elles
              ont même, s’il faut en croire l’histoire, joué
              autrefois un rôle belliqueux. Les Espagnols,
              d’après M. Pingeron, furent arrêtés au siège de
              Tanly où les assiégés avaient garni les brèches
              avec des ruches. 11 en fut de même au siège
              d’Albe-la-Grecque, où elles firent reculer les
              janissaires d’Amurat, empereur des Turcs.
                Ajoutons que les Chinois consomment un
              mets presque entièrement composé d’abeilles à
              l’état de couvain.
                Enfin, nous mentionnerons l’utilisation de la
              piqûre de ces précieux hyménoptères dans la
                                                        Fig. 4. — Abeille
              guérison des rhumatismes. Ce traitement, pa­  récoltant le miel
                                                       dans une fleur de linaire
              raît-il, a donné d’excellents résultats. Il aurait   percée par les bourdons.
              également une action salutaire contre les pe­
              santeurs de cerveau, et, si l’on en croit Toussenel, l’ours se ferait
              volontairement piquer par les abeilles pour se soulager de ses
              pesanteurs.
                On voit donc, d’après ce qui précède, combien la culture des
              abeilles est utile, surtout aux agriculteurs. Chateaubriand le com­
              prit admirablement lorsqu’il écrivit : L'abeille est l'avant-garde
              du laboureur.
                On les voit quelquefois butiner sur les fruits très murs. Mais il
              est bien constaté que leurs mandibules sont impuissantes à les
              entamer, et qu’elles n’y viennent puiser le suc que lorsque les
              fruits ont déjà été percés par les oiseaux ou les guêpes, ou bien
              qu’ils se sont fendus accidentellement.
                Il serait à désirer que l’État pût venir plus largement en aide à
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