[[Accueil][Maison de la mémoire][Brancardier][jean-claude_MOREL-VULLIEZ][Les conscrits][Vincent DELAVOUET][Francois DUCRET][Les secrets de la Philo][Sapeur-Pompier] [Les Anciens  ][Guerre de Prusse][Photos_Colette][Vielles mécaniques][Histoire de l'orgue][Les Maquisards][Les jeux de cartes][Page Jeunesse][La Chapelle d'Hermone][Cartes Postales][A. F. Frézier]

 

Le feu a toujours été un fléau pour la population. De tout temps, les sapeurs pompiers combattent les flammes. 

Le village de Marphoz-Vailly détruit par le feu : 7 familles sans abri

(22/4/1922) Dimanche soir, le village de Marphoz, écart de la commune de Vailly, repose sous la pluie froide. La demie de onze heures vient de sonner. Soudain, un bruit insolite réveille Joseph Charles-Mangeon. Il se lève pour aller voir à l'extérieur si ce n’est pas la porte de la grange qui est restée ouverte et découvre une lueur rouge : c’est le feu ! Il donne l'alarme, toute la famille s'habille. La toiture de la grange est déjà dévorée par les flammes qui sont en train d'atteindre celle : de la grange de Rosalie Bouvier, sa voisine. Bientôt les deux bâtiments flambent comme des torches, Mme Bouvier et ses quatre enfants n'ont que le temps de sortir de chez eux avant que leur maison, à son tour, soit en feu.
C’est finalement tout le groupe de maisons constituant le village qui sera détruit avant que n'arrivent les pompiers de Vailly, puis ceux de Reyvroz et de Lullin. Sept ménages, toute la population de Marphoz, .se retrouvent sans abri car, outre les familles de Rosalie Bouvier et Joseph Charles-Mangeon, celles de Mme • veuve Mélanie Bouvier, de Mme veuve Mathieu Bouvier, de MM. Nicolas Trabichet, Jérôme Bouvier,

Victor Bouvier ont tout perdu et ne sont quasiment pas couvertes par les assurances.
Face à cette grande détresse qui plonge dans la misère et le désespoir les malheureux, une souscription a été ouverte à Thonon, à l'initiative commune des trois journaux de l'arrondissement : « Le Messager », « L’Echo du Leman » et « L'Union Républicaine ».

Incendie du presbytère

Le 29 avril 1774, le presbytère de Vailly est ravagé par les flammes. Le curé de l'époque était le Révérend pierre CHENEVRIER. Le presbytère actuel a été achevé en 1779, le curé à cette époque était le Révérend Claude GALLAY. Pour mener à bien cette entreprise, ce dernier avait dû plaider pendant 7 ans avec le syndic.

 

 

En 1886, la commune s'équipe de la pompe à bras DUREY-SONY. 

Toutes les procédures de combat du feu étaient décrites dans un manuel Individuel du sapeur. La maison de la mémoire vous donne lecture de ce document d'époque.

MANUEL
d'Instruction Technique

Des Sapeurs-pompiers
par
Félicien MICHOTTE
INGÉNIEUR E.C.P. PRESIDENT ET INGÉNIEUR EN CHEF DU COMITE TECHNIQUE CONTRE L'INCENDIE ET LES ACCIDENTS
PRÉSIDENT DU CONGRES INTERNATIONAL DE PARIS 1908

Pour combattre avec succès un ennemi quelconque, il faut le connaître»


PREMIÈRE PARTIE
NOTIONS GÉNÉRALES —  LE FEU ET SON EXTENSION

 


Le feu est le résultat de la combustion des corps dits combustibles, par opposition avec les corps ne brûlant pas et appelés incombustibles. Pour que le feu puisse prendre aux matières combustibles et se développer, il faut deux choses : de la chaleur et de l’air. Néanmoins il se trouve des cas où le feu prend tout seul par suite de la chaleur développée par l'humidité et la fermentation; c'est le cas des fourrages, des pailles, des balles de coton, des fibres textiles incomplètement sèches, des graines oléagineuses, des chiffons gras, ainsi que dans les tas de charbon de terre. C'est ce phénomène que l’on désigne sous le nom de combustion spontanée. Tout corps qui brûle dégage de la chaleur, des gaz et généralement des flammes. Les gaz dégagés sont connus sous les noms d'acide carbonique et d’oxyde de carbone ; ils sont dangereux à respirer car ils sont asphyxiants.
Le premier se produit quand il y a abondance d'air, le second manque d'air. On a donc à redouter du feu :
La chaleur, qui brûle la peau à distance ou enflamme les objets; 
Les flammes, qui brûlent tout objet à leur contact; 
Les gaz, qui nous asphyxient si on les respire.


COMMENT COMBATTRE LE FEU ?.
Pour combattre le feu et éteindre, il faut l'atteindre dans les éléments qui lui sont nécessaires, soit en lui supprimant la chaleur, soit en lui supprimant l’air D'où trois méthodes :
La première en supprimant la chaleur à l'aide de l'eau; La seconde en empêchant Pair d'arriver au contact du feu; La troisième en abattant les flammes.


EMPLOI DE L'EAU :
Pour la première, il faut jeter le plus d'eau possible et ce le plus près possible; sans cela l'eau, en trop faible quantité, se vaporise sous l'influence de la chaleur développée et n'a aucune action extinctive.
Il faut donc jeter l'eau sur les parties en feu et en masse compacte, ce que l'on obtient en projetant l’eau sous une pression donnée par les pompes ou par la pression d'eau des villes. OU ne doit se servir de l'eau en pluie que pour mouiller des matières voisines qui vont être atteintes, ou pour éteindre des étoffes en feu ou des matières pulvérulentes ou légères, telles que la farine en vrac ou en sac, de la plume ou des feux de très minime importance, tel un meuble en feu. On ne doit donc pas :
1° Envoyer sur le feu de l’eau en pluie, c'est-à-dire en arrosant;
2° Diriger l'eau sur les flammes.
D'où nécessité d'agir le plus près possible et à la base des flammes et jamais à leur partie supérieure; ne pas se contenter de braquer un jet sur les flammes; en agissant ainsi, on ne fait qu'activer l'incendie et l’on n'éteint rien; mais agir toujours sur les objets en feu eux-mêmes.


SUPPRESSION DE L'AIR :
Pour supprimer l'air on doit :
Soit fermer toutes les ouvertures et supprimer tous les courants d'air;
Soit recouvrir les objets en feu de tout ce qui peut empêcher l'air d'arriver à leur contact;
Soit encore en substituant à l'air des gaz empêchant la combustion ou de la vapeur.
Pour le premier moyen, fermer les ouvertures des bâtiments; pour le second, recouvrir à l'aide d'étoffes épaisses ou mouillées, ou bien des matières en poudre incombustibles telles que la terre, le plâtre, le ciment, la craie, la terre glaise, ou bien étouffer le feu en faisant tomber les objets enflammés les uns sur les autres. Pour l'emploi des gaz incomburants, acide sulfureux, acide carbonique, chlore, ammoniaque, il ne peut être fait que par grande quantité et dans des endroits fermés. Pour la vapeur, elle peut agir dans les bâtiments, même ceux-ci étant aérés. Le soi-disant emploi de l'eau chargée d'acide carbonique ou même de l'acide carbonique pour éteindre un incendie ordinaire est une fumisterie.

ABATTAGE DES FLAMMES :
La troisième méthode, par abattage des flammes, ne peut s'employer que lorsque le feu est à la surface de la matière. On frappe alors sur la matière à l'endroit où sont les flammes, avec des étoffes mouillées de préférence, un balai, un martinet, une pelle, etc. On emploie utilement cette méthode dans les débuts d'incendie de matières n'étant en feu qu'à la surface ou répandues en couches minces telles que les étoffes, le pétrole et le collodion en couches minces.


Prévention ET RETRAIT :
A côté de ces trois méthodes il en existe deux autres : une par prévention et une par retrait. Par prévention, on retire des environs du feu tout ce qui peut être atteint par les flammes; on empêche ainsi l'incendie de se développer et on le circonscrit. Il est alors facile à éteindre. Par retrait, on arrache du feu les objets un à un et on les jette là où ils ne peuvent propager l'incendie et où il est facile de les éteindre séparément.


CAS PARTICULIERS :
Les moyens précédents sont des moyens généraux qui ne peuvent pas toujours être employés. Ainsi il ne faut jamais jeter de l’eau sur le pétrole, les essences, la térébenthine, les graisses fondues, l'encaustique en préparation en feu,
car on répand le feu et on l'active. Il n'y a qu'à laisser brûler ces matières, ou si on le peut, étouffer les flammes à l'aide d'étoffes mouillées. Ces matières, répandues sur le sol en couches peu épaisses, peuvent s'éteindre en jetant de la terre, du plâtre, du ciment, de la craie etc.
Il ne faut pas confondre un incendie occasionné par le pétrole avec un incendie de pétrole. Dans un incendie occasionné par le pétrole, celui-ci est généralement en petite quantité, il se répand en mettant le feu à tout ce qu'il touche et brûle très vite; on peut alors jeter de l'eau sur les objets en feu pour les éteindre. Mais si vous avez un bidon de pétrole en feu, gardez-vous de jeter sur ce bidon de l'eau, mais vous pouvez en jeter sur les objets à côté qui ont pris ou qui vont prendre feu.


INCENDIE DES MATIERES SPECIALES
Pétrole et essences. — S'il y a, dans un local où est le feu, des vases ou des bouteilles contenant de ces produits, les enlever et les mettre au dehors. Si ces corps sont en feu, ne pas jeter d'eau, mais agir par étouffement ; si l'on ne peut pas, les laisser brûler en combattant les à-côtés qui ont pris feu.
Alcools. — On peut jeter de l'eau sur l'alcool ou les matières alcooliques, l'eau les dilue et le feu s'arrête. Il faut avoir soin, si le feu est dans des récipients, de ne pas faire déborder les récipients, ce qui répandrait l'alcool en feu. S’il y a des bouteilles de liqueur, ne pas les arroser, les enlever.
Celluloïd. — Le celluloïd s'éteint par l'eau : les expériences faites, destinées à montrer qu'il n'est pas éteint par l'eau, sont truquées.
Électricité. — Quand l'électricité a mis le feu, la première choseà faire est de supprimer l'arrivée du courant, puis éteindre comme à l'ordinaire; ne jamais toucher les câbles électriques, il y a danger mortel; la prudence conseille de ne pas les arroser. Quand une explosion s'est produite dans un caniveau électrique, elle est causée par le gaz qui s'y est introduit. Supprimer le courant électrique, ventiler le caniveau et rechercher la fuite de gaz en découvrant les tuyaux situés près du caniveau. Ne pas toucher aux câbles électriques en aucune façon.
Carbure de calcium. — Le carbure de calcium dans le feu ne présente aucun danger, il n'est dangereux que si l’on projette de Veau dessus, car il dégage alors de l'acétylène inflammable et explosible.
Gaz d'éclairage. — Pour*éteindre un incendie de gaz d'éclairage en feu, tel que celui d'une conduite, supprimer le gaz en fermant l'arrivée de gaz ou bien, si l'on ne peut fermer la conduite, on aplatit avant endroit en feu à l'aide d'un marteau ou de tout autre objet, ou bien encore appliquer sur la sortie du gaz en feu des étoffes mouillées, ou une poignée de plâtre ou de ciment en pâte. Ne pas s'occuper du compteur à gaz ou d'un réservoir à gaz placés près ou dans le feu : ils ne sautent pas. Fermer seulement le branchement de la partie où est le feu et réserver la canalisation générale pour s'éclairer. Si le feu est dans une tranchée, on comble celle-ci à l'endroit où le gaz brûle, avec des sacs de sable, de plâtre, de ciment ou de la terre, ou de ces matières jetées à la pelé si l'on n'en a pas en sacs sous la main.
Poudre. — La poudre chauffée on au contact d’une flamme explose. Enlever si possible, sinon noyer.
Dynamite. — La dynamite brûle mais ne saute pas. L'hiver, quand elle est gelée, elle se décompose et explose au contact de la chaleur. Les matières incombustibles sont celles résistantes au feu et que par suite le feu ne brûle pas, ce sont : La pierre, la brique, le plâtre, le ciment, l'ardoise, la tuile, la terre. Matières qui fondent : le plomb, l’étain et le cuivre. Matières qui éclatent : le verre, la tuile, l'ardoise, la fonte. Matière qui se dilate et se tord : le fer.

Les matières combustibles ou brûlant sont : Les bois ,les étoffes, les fourrages, la paille, le papier, les fibres textiles (lin et chanvre), les huiles, les graisses, les pétroles, les essences, les phénols, le celluloïd, les graines, le sucre, le charbon, l'encaustique, le zinc. Matières incombustibles sans danger si on ne les arrose pas, dangereuses si on les arrose : Le carbure de calcium (servant pour l'acétylène) qui, arrosé, peut donner lieu à une violente explosion; les acides sulfurique, azotique, chlorhydrique dont les projections sont dangereuses.


RÈGLES POUR ÉTEINDRE A L'AIDE DE L'EAU
On peut agir avec l'eau de deux façons : par jet de seau d'eau ; par jet de lance. Par seau d'eau, il faut projeter l'eau à même le feu et le plus près possible; jeter un seau en deux ou trois fois au plus. Avec une lance, agir aussi près que possible et à la base des flammes — ne jamais agir par arrosage, c'est-à-dire par eau en pluie, ni agir sur les flammes ou au-dessus des flammes. Pour que le jet de lance agisse, il faut de la pression et une grosseur de jet d'au moins 5% pour un incendie de début très faible, au moins 10 % pour un feu un peu important, tel que des meubles en feu; 15, 20, 25% et plus dans les cas d'incendie sérieux. Aussi ne doit-on jamais chercher à se servir des appareils dénommés extincteurs chimiques qui n'ont qu'un faible jet d'eau sans aucunes propriétés extinctives spéciales, vu que l'on perd un temps précieux et l'on risque de se blesser, car ils vous sautent souvent à la figure, quand on veut les faire fonctionner.
Les fabricants savent si bien la valeur de leurs appareils qu'ils les présentent à l'aide d'expériences truquées s'éteignant toutes seules. Tous les pompiers qui ne sont pas intéressés dans leur vente sont de cet avis. Ne jamais employer les bouteilles de verre dites grenades contenant 1/4 ou 1/2 litre d'eau salée. Un outil bon à employer pour un début d'incendie, c'est un siphon d'eau de Seltz, qui donne de la pression et un gros jet, ou de.l'eau projetée par une pompe h main ayant un jet d'au moins 5 à 6%.
Remarques très importantes. — 1° Dans l'extinction par l'eau, il ne faut jamais arroser les murs, les toitures (sauf celles en zinc, en carton ou en chaume), les plafonds (excepté s'ils sont en bois), les cloisons (sauf celles de bois sans recouvrements) ; autrement l'on gâche de l'eau et l'on perd du temps, Ton fait éclater les pierres, les tuiles et les plâtres, et l'on facilite l'activité du feu au lieu de la réduire;
2Q On ne doit projeter d'eau que la quantité qui est strictement nécessaire, vu que l'eau détériore; plus il y en a, plus la détérioration des obje s intacts et des planchers est sérieuse; de plus, 1 eau en excès sur des matières textiles des graines, les imprègne et les gonfle; la charge qui en résulte fait écrouler les planchers et le gonflement renverse les murs.

DEUXIÈME PARTIE
APPLICATION A L'EXTINCTION DES DIVERS FEUX


Feux de cheminée. —• Pour éteindre dans une cheminée à trappe, on re ire le feu, c'est préférable que de l'éteindre en y jetant de l'eau, vu que l'on risque d'être brûlé par la vapeur. Puis on fait brûler dans une assiette du soufre en fleur ou, à défaut, des oignons; l'on met l'assiette dans la cheminée et on baisse la trappe.
On emploie également le sulfure de carbone, mais c'est un corps dangereux qu'il n'est pas prudent de mettre entre les mains de tout le monde et qui peut amener plus d'accidents que de services. S'il n'y a pas de trappe, on ferme, à l'aide d'une couverture mouillée ou de draps mouillés, le devant de la cheminée. Puis, par le toit, l'on jette dans la cheminée des morceaux de poterie, de vaisselle, des pierres, en un mot des corps durs qui, en tombant, racleront la cheminée et feront tomber la suie. Durant le feu, visiter le conduit sur toute la hauteur et voir s'il ne met pas ou ne peut mettre le feu aux objets placés contre, qu'il est toujours prudent d'enlever. Ne jamais se servir d'eau à l'intérieur de la cheminée, ni tirer de coups de fusil ou de revolver.
Feux de cave, — Les feux de cave ne sont pas dangereux pour les immeubles, à moins de matières spéciales dans les caves, vu qu'on peut toujours maîtriser facilement leurs attaques à l'immeuble. Mais leur extinction est difficile, car il est dangereux de descendre dans la cave et souvent difficile d'atteindre le foyer. Tâcher de savoir où est le foyer, par examen des soupiraux ou par renseignements auprès de ceux qui peuvent vous renseigner; puis fermer toutes les arrivées d'air et, pour lancer l'eau, ouvrir le mur, s'il n'y a pas de soupiraux à l'endroit du foyer. N'y descendre qu'après l'extinction et avoir ventilé énergiquement.
Feux de chambre. — Un feu de chambre dans lequel deux ou trois meubles et quelques objets sont en feu s'éteint facilement, une paire de seaux d'eau jetés au bon endroit suffit; puis faire tomber les vêtements ou étoffes en feu, les piétiner ou les arroser. S'il n'y a que des vêtements en feu, on les fait tomber par terre avec un bâton, un balai, on les piétine ou on les arrose. Si le lit est en feu, on le saisit par les pieds et on le retourne; s'il reste des flammes sur les côtés, * un arrosage d'eau avec un broc ou une carafe suffit, ou l'on tape sur les flammes. Si ce sont les rideaux, les arracher et les piétiner. Si toute la pièce est en feu, agir avec des seaux d'eau et retirer du feu ce que l'on peut en attendant une lance. Si une première pièce brûle et que le feu commence à se communiquer à une seconde à côté, agir sur celle-ci d'abord par écartement des objets et leur extinction par frappage ou par eau, puis ensuite opérer sur la seconde. Dans le cas où la pièce qui commencera à prendre feu est derrière celle en feu, il faut agir par la première forcément.
Nota. — 1° Éviter de créer des courants d'air par ouverture de portes et de fenêtres quand tout n'est pas atteint; 2°Si les flammes sont sorties par la fenêtre, monter, dès l'origine, à l'étage au-dessus et voir si le feu n'a pas pris à la fenêtre du dessus et à la pièce, ou au grenier, le cas échéant.
Feux d'appartements. — Nous avons alors plusieurs pièces en feu, les flammes sortent par une ou plusieurs fenêtres et lèchent les fenêtres du dessus. Monter à l'étage au-dessus, faire sauter la porte si besoin est, entrer dans les pièces, voir si personne n'est tombé sous l'action de la fumée, puis faire sauter les rideaux et enlever tous les meubles ou chaises près des fenêtres et les pousser vivement au fond de la pièce.
Pendant ce temps d'autres pompiers doivent agir en dessous, comme il est indiqué pour les feux de chambres, ou agir avec des lances si l'on en a.
Nota. — N'attaquer un feu par les fenêtres que lorsqu'on ne peut le faire par l'escalier, et toujours avoir soin de vérifier si le feu ne se propage pas par des fenêtres ou des ouvertures situées à l'opposé de la façade attaquée dans des cours ou courettes.
Feux de magasins. -— S'il n'y a qu'une entrée, on ne peut attaquer que par ce côté; si l'on n'a pas d'eau sous pression, agir avec seau d'eau, par déblaiement, par retrait ou par étouffement.
Ce qu'il faut, c'est chercher à limiter le feu au fond ou au milieu et à empêcher «pie les flammes n'arrivent à la façade. Si celles-ci gagnent, agir comme pour le local au-dessus, comme il a été dit précédemment.
Nota. — Avoir soin de s'enquérir s'il n'y a pas de portes, de fenêtres ou de irasistas à l'arrière; dans ce cas, diriger une attaque par ce côté; si on ne le peut, ïboucher la fenêtre ou le vasistas par l'extérieur avec des briques, de fortes planches ou des bâches que l'on maintiendra mouillées. On arrête ainsi un courant d'air toujours puissant, et l'on ralentit considérablement la rapidité de l'incendie. Voir également, par renseignement du locataire ou par visite,
s'il n'existe pas de communications entre les deux étages, soit escalier, monte-charge, trappes; dans ce cas, diriger une attaque par ces points ou les boucher si le feu ne les a pas atteints. Si le magasin a deux entrées, agir par ces entrées en ayant soin de tenir compte du courant d'air ainsi créé et le réduire au minimum par la moindre ouverture des fermetures.
Feux de maisons et grands feux.— Le mode d'extinction à, employer est du ressort du chef et chaque homme ne doit plus agir avec son initiative propre que dans le rayon qui lui a été assigné, ou demander à son- chef d'exécuter telle ou telle action qu'il sait utile.
Feux d'escaliers. — Le feu étant dans l'escalier, il faut l'attaquer par ses propres fenêtres, et passer par les appartements en entrant par les fenêtres pour qu'il ne mette pas le feu à ceux-ci. Agir par les portes des appartements comme pour les fenêtres, c'est-à-dire écarter de leur proximité tout ce qui peut être une solution de continuité si la porte cède; jeter de l'eau sous les portes sans les ouvrir- on protège ainsi très utilement.
Explosions. — S'il y a eu explosion dans un local, ne jamais y pénétrer 
avec de la lumière, car une deuxième explosion peut se produire. 
Avant d'y entrer, ventiler par tous les moyens à la fois : fenêtre, portes, 
brèches agrandies, etc.
Machines à vapeur. — S'il y a une machine à vapeur dans un local où est le feu, l'arrêter. S'il y a une chaudière, fermer le registre de la cheminée, faire tomber le feu si l'on en a le temps (ce n'est pas absolument nécessaire), puis ouvrir les soupapes; la vapeur s'échappera, éteindra l'incendie et la chaudière ne sautera certainement pas; si on peut les atteindre, ouvrir le robinet inférieur du tube de niveau d'eau et les robinets de niveau.
Moteurs à gaz. S'il y a un moteur à gaz, fermer l'arrivée du gaz située hors la salle.
Moteurs à pétrole. -— Arrêter le moteur et vider je réservoir; 
ne pas chercher à le vider ni à l'arroser, on risque de l'enflammer eu de le 
faire exploser Enlever les bidons de réserve qui se trouvent dans les environs.
Feux de grange. — Lorsque des fourrages prennent feu, éteindre à la lance et, après avoir éteint la surface, défaire le tas de lottes, vu que le feu a pénétré à l'intérieur du tas et qu'il reprendra à bref délai.
Feux d'écurie feu de ferme. — Faire sortir les animaux, si le feu est dans l'écurie ou la menace et, si les flammes sont visibles, leur couvrir la tête. Si l'on ne peut les faire sortir par la porte à cause des flamme, faire une brèche dans le mur opposé.
Feux de voiture de paille. -— Écarter la voiture des immeubles, dételer les chevaux, puis la faire basculer en arrière; retirer la voiture si possible et, tout en arrosant, retirer toutes les bottes non atteintes.
Feux de meules.— Couvrir avec des bâcher mouillées les meules voisines,. dans la direction du vent d'abord, puis les autres si on le peut, vu que le feu peut tourner; arroser la meule en feu par les deux côtés, et opérer par retrait du côté opposé si on le peut.
. -
Feux d'herbages ou de forêt. — On agit en frappant les herbes en feu avec des branches et à l'aide de contre-feux; cette dernière opération est très dangereuse à exécuter; il faut en avoir la pratique et elle est surtout du rôle des gardes forestiers, qui possèdent mieux que quiconque les éléments pour la mener à bien.
On peut aussi agir très utilement par arrosage à l'aide d'arrosoirs ou mieux de tonnes d'arrosage.
Il faut agir sur les deux côtés du feu dans le sens de sa marche et en le resserrant toujours de façon à aboutir à un moment donné à la jonction des deux équipes latérales.
Automobiles. — Pour éteindre une auto, si le feu n'est qu'à l'avant, jeter de l'eau sur le parquet de la carrosserie avant; celle-ci suinte en dessous et coupe le feu; puis en jeter sur le moteur.
Nota— Si le feu est dans la partie où se trouve le réservoir et que celui-ci soit échauffé, se garder d'y jeter de l'eau : on peut provoquer une explosion. — Si la caisse, en tout ou partie, est en feu, agir par projection d'eau ou par abattage des flammes.
Nota. — Les soi-disant extincteurs chimiques spéciaux ne servent à rien.
Personne dont les vêtements ont pris feu.—Pour un homme, enlever ou arracher les vêtements; pour une femme ou un enfant, étouffer les flammes en l'enroulant dans des effets mouillés, des couvertures, des rideaux ou, à défaut, dans un pardessus, tout en arrachant tout ce qui est possible.
Personne] dont la chevelure est en feu.] — Jeter sur la tête une serviette mouillée ou non et l'appliquer fortement.


TROISIÈME PARTIE
CONSEILS PRATIQUES


Le pompier doit, s'il veut être utile agir avec sang-froid et méthode, sans emballements ni sans entraînements irréfléchis, pas plus pour satisfaire son ardeur que pour se faire remarquer. Il doit s'abstenir de tout ce qui n'est pas utile — tel que descendre des gens par la fenêtre, alors qu'il peut le faire sans danger par l’escalier. Il doit se faire valoir par les résultats qu'il aura pu obtenir, mais non par du battage, qui n'aboutit à éteindre que rarement, mais à détruire toujours. Il doit toujours chercher le plus rapidement possible et avec le moins de dégâts qu’il peut ; il doit donc n’user que de la quantité d’eau strictement nécessaire et non arroser à tort et à travers pour le plaisir de faire non pas le pompier mais l’arroseur. Il ne doit démolir que ce qui est strictement nécessaire à l'extinction; ainsi il ne doit pas arracher une porte parce que cette porte a été touchée par le feu; arracher des conduites de gaz parce que le feu a pris à un endroit; jeter un mobilier par la fenêtre parce que certains objets mobiliers ont été touchés par le feu; arracher ou démolir une installation électrique parce que les fils ont brûlé en un endroit; arracher des tableaux ou les tentures parce que le feu est dans la pièce; démolir une glace parce qu'il y a le feu dans la cheminée, etc. Le pompier doit combattre le feu, mais il ne doit pas être victime de ses dangereux effets et il doit craindre la chaleur, la flamme et la fumée.
La chaleur agit à une distance variable, suivant l'intensité du feu et suivant la position où l'on se trouve; sous le vent on peut s'approcher très fort d'un foyer, 3, 4, 5 mètres, alors que latéralement ou sous le feu, la distance de 10, 15, 20, 30 mètres et même quelquefois plus est encore insuffisante. Il est facile, grâce à la sensation sur la figure, de voir où le danger commence — là où l'on ne peut plus avancer. En se mouillant la figure, ou en se protégeant avec des linges mouillés, on peut s'approcher plus près. L'air chaud des pièces en feu agit sur la gorge et la brûle intérieurement; un linge mouillé sur le nez et la bouche est une bonne protection en dehors des masques spéciaux. doit être fait qu'en cas de sauvetage à opérer; autrement, éteindre d'abord.
La fumée agit par sa composition et par son intensité. Dans les endroits aérés, elle attaque les yeux et gêne la respiration; c'est un inconvénient plus ou moins agréable, mais non dangereux; un temps assez long de séjour est nécessaire pour amener une indisposition des yeux ou de la respiration.
L'on voit d'ailleurs facilement le danger, vu que l'on juge si l'on peut ou si Ton ne peut pas y rester. La fumée est dangereuse lorsqu'elle est produite dans un endroit renfermé, où le feu se développe plus ou moins lentement, tel un magasin et surtout les caves, car alors la fumée est composée d'acide carbonique si l'air arrive au foyer, et d'acide carbonique et surtout d'oxyde de carbone si l'air y arrive mal; ces deux gaz sont tous les deux sans odeur. Or, l’acide carbonique arrête la respiration et vous asphyxie, et l'oxyde de carbone vous empoisonne excessivement rapidement par une dose faible.
Il n'y a guère que les appareils spéciaux qui peuvent vous protéger avec efficacité. L'acide carbonique est lourd, il coule sur le sol; l'oxyde de carbone, léger, monte vers le haut, d'où la méthode d'entrer à quatre pattes dans une pièce remplie de fumée. Si un pompier doit entrer dans une fumée qu'il croit dangereuse, afin d'y opérer un sauvetage, il doit se bander la bouche et le nez avec un mouchoir mouillé et y entrer très vivement. S'il se sert de soufre pour un feu de cheminée, il doit savoir qu'il se dégage alors des vapeurs irrespirables qui prennent
La flamme n'agit que si elle vous atteint; lorsque l'on est en présence de flammes de faible intensité, on peut passer vivement à leur contact et même le subir sans danger; ceci ne doit être fait qu'en cas de sauvetage à opérer; autrement, éteindre d'abord.
La fumée agit par sa composition et par son intensité. Dans les endroits aérés, elle attaque les yeux et gêne la respiration; c'est un inconvénient plus ou moins agréable, mais non dangereux; un temps assez long de séjour est nécessaire pour amener une indisposition des yeux ou de la respiration.
L'on voit d'ailleurs facilement le danger, vu que l'on juge si l'on peut ou si Ton ne peut pas y rester. La fumée est dangereuse lorsqu'elle est produite dans un endroit renfermé, où le feu se développe plus ou moins lentement, tel un magasin et surtout les caves, car alors la fumée est composée d'acide carbonique si l'air arrive au foyer, et d'acide carbonique et surtout d'oxyde de carbone si l'air y arrive mal; ces deux gaz sont tous les deux sans odeur. Or, l’acide carbonique arrête la respiration et vous asphyxie, et l'oxyde de carbone vous empoisonne excessivement rapidement par une dose faible.
Il n'y a guère que les appareils spéciaux qui peuvent vous protéger avec efficacité. L'acide carbonique est lourd, il coule sur le sol; l'oxyde de carbone, léger, monte vers le haut, d'où la méthode d'entrer à quatre pattes dans une pièce remplie de fumée. Si un pompier doit entrer dans une fumée qu'il croit dangereuse, afin d'y opérer un sauvetage, il doit se bander la bouche et le nez avec un mouchoir mouillé et y entrer très vivement. S'il se sert de soufre pour un feu de cheminée, il doit savoir qu'il se dégage alors des vapeurs irrespirables qui prennent fortement à la gorge et aux yeux. Il doit savoir que le sulfure de carbone est un corps qui se volatilise très facilement, qui forme avec l'air un mélange explosif et qui s'enflamme excessivement vite, et qu'il convient de ne
le conserver qu'en flacons bouchés avec du verre et loin de tout foyer, et de le manipuler et de l'allumer à distance du feu.
Il doit savoir que le chlore est irrespirable et fait cracher le sang; qu'il en est de même de l'ammoniaque qui prend aux yeux et attaque la peau. Il ne doit jamais toucher, ni s'accrocher, aux câbles électriques: il y a danger mortel pour lui.
D'autres dangers guettent encore le pompier : la chute des matériaux, sa chute au travers des planchers ou l'écroulement des bâtiments. Pour la chute des matériaux, vérifier en s'avançant qu'il n'y en a pas qui soient prêts à tomber; pour éviter de passer au travers des planchers atteints, il doit s'assurer par le dessous de l'état du plafond; si le plancher est à claire-voie, s'assurer de l'état des solives ou mieux mettre une planche reposant sur plusieurs solives le long des murs ou sur la partie interne. Quant à l'écroulement des bâtiments, c'est surtout l'affaire de ses chefs néanmoins il doit s'assurer, là où il est posté, s'il y a du danger et le leur signaler immédiatement, en se mettant à l’abri si le danger est imminent. Dans les bâtiments construits avec du bois, les dangers imminents sont généralement visibles; avec ceux en fer, il n'en est pas de même, vu qu'une partie chauffée s'écroule brusquement et entraîne avec elle celle qui n'est pas soumise à l'action du feu.





F. MICHOTTE,
Ingénieur E. C. P. Président et Ingénieur en chef du Comité technique contre l'incendie et les accidents, Président du Congrès international de Paris 1908.

Le diplôme du sapeur-pompier

La compagnie de sapeurs au début du siècle

[Accueil][Maison de la mémoire][Brancardier][jean-claude_MOREL-VULLIEZ][Les conscrits][Vincent DELAVOUET][Francois DUCRET][Les secrets de la Philo][Sapeur-Pompier] [Les Anciens  ][Guerre de Prusse][Photos_Colette][Vielles mécaniques][Histoire de l'orgue][Les Maquisards][Les jeux de cartes][Page Jeunesse][La Chapelle d'Hermone][Cartes Postales][A. F. Frézier]