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386 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE
cet état, elles sont très-poreuses et ne pour | toire inférieur sert à la cuisson définitive de
raient servir à aucun des usages auxquels la porcelaine vernissée. Cette cuisson a pour
on les destine. Il faut les recouvrir d’une double résultat de fritter la terre à porce
couverte, ou glaçure, qu’on vitrifiera ensuite laine par cette haute température qui l’a
par une seconde cuisson, opérée dans le mène à un état de demi-fusion et lui com
laboratoire inférieur à une température munique une véritable transparence, qui est
beaucoup plus élevée. le caractère particulier et l’avantage spécial
La pose de la couverte se fait le plus sou de la porcelaine.
vent par immersion. Nous avons déjà expli En même temps que la pièce subit cette
qué que ce moyen consiste à plonger rapi forte calcination, le vernis de feldspath qui
dement les pièces dégourdies dans un ba la recouvre entre en fusion et forme autour
quet qui contient en suspension dans l’eau d’elle une véritable enveloppe de verre.
la substance pulvérulente destinée à servir Les pièces diminuent considérablement de
de glaçure. En raison de sa porosité, la pièce volume par cette cuisson et cette demi-
absorbe une couche homogène de la cou fusion. Aussi a-t-on grand soin, dans les
verte pulvérulente tenue en suspension dans fabriques de porcelaine, de tenir compte
l’eau. L’ouvrier se borne à faire traverser ra d’avance de cette diminution de volume.
pidement à la pièce la bouillie contenue On appelle alandiers les foyers des fours à
dans le baquet. La bouillie est absorbée aus porcelaine. Au nombre de quatre ou six, se
sitôt par toute la surface de la pièce ; l’eau lon que l’on veut accroître l’intensité du
pénètre dans la masse de la porcelaine, et la calorique, ils sont placés autour du four.
poudre feldspathique reste à sa surface. On Le tirage de tous ces foyers se fait par le
termine en appliquant au pinceau un peu de four lui-même, qui fonctionne comme une
la même bouillie de barbotine sur les par cheminée.
ties de la pièce que l’ouvrier tenait entre Les portes qui servent à pénétrer dans les
ses doigts, et qui n’ont pu prendre de ver laboratoires, ainsi que l’étuve, se ferment
nis. tantôt au moyen de briques maçonnées avec
En parlant des faïences nous avons déjà de l’argile, tantôt et plus généralement à
représenté (fig. 261, page 361) cette manière l’aide de plaques en terre réfractaire lutées
d’appliquer la couverte sur une poterie. par le même moyen, et que l’on main-
Nous renvoyons donc à cette figure pour । tient par des barres de fer. Ces plaques
l’aspect de l’opération. । portent des ouvreaux, qui permettent aux
ouvriers de surveiller l’opération de l’exté
La cuisson de la porcelaine se fait dans rieur.
un four à deux étages et de très-grandes 11 existe à la manufacture de Sèvres trois
dimensions, pour développer la température fours semblables à celui que nous repré
très-élevée qui est nécessaire à la cuite de sentons ici. Pendant que l’un se refroidit,
la pâte de la porcelaine et à la fusion de on charge et on allume l'autre.
son vernis feldspathique. Longtemps on chauffa uniquement au
Nous représentons (fig. 273, page 389), ce bois les fours à porcelaine. La consommation
lui de la manufacture de Sèvres. L’étage ou du bois, qui devait être sec et de bonne qualité,
le laboratoire supérieur sert, comme nous était considérable, et entrait pour une très-
l’avons dit, à dégourdir la porcelaine, c’est-à- forte part dans le prix de revient de la porce
dire à lui donner une première cuisson, qui laine. De nos jours, on est parvenu à chauf
la dispose à recevoir la couverte. Le labora- fer sans aucun inconvénient, les fours à la