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                     cet état, elles sont très-poreuses et ne pour­ | toire inférieur sert à la cuisson définitive de
                     raient servir à aucun des usages auxquels   la porcelaine vernissée. Cette cuisson a pour
                     on les destine. Il faut les recouvrir d’une   double résultat de fritter la terre à porce­
                     couverte, ou glaçure, qu’on vitrifiera ensuite   laine par cette haute température qui l’a­
                     par une seconde cuisson, opérée dans le   mène à un état de demi-fusion et lui com­
                     laboratoire inférieur à une température   munique une véritable transparence, qui est
                     beaucoup plus élevée.                     le caractère particulier et l’avantage spécial
                       La pose de la couverte se fait le plus sou­  de la porcelaine.
                     vent par immersion. Nous avons déjà expli­  En même temps que la pièce subit cette
                     qué que ce moyen consiste à plonger rapi­  forte calcination, le vernis de feldspath qui
                     dement les pièces dégourdies dans un ba­  la recouvre entre en fusion et forme autour
                     quet qui contient en suspension dans l’eau   d’elle une véritable enveloppe de verre.
                     la substance pulvérulente destinée à servir   Les pièces diminuent considérablement de
                     de glaçure. En raison de sa porosité, la pièce   volume par cette cuisson et cette demi-
                     absorbe une couche homogène de la cou­    fusion. Aussi a-t-on grand soin, dans les
                     verte pulvérulente tenue en suspension dans   fabriques de porcelaine, de tenir compte
                     l’eau. L’ouvrier se borne à faire traverser ra­  d’avance de cette diminution de volume.
                     pidement à la pièce la bouillie contenue    On appelle alandiers les foyers des fours à
                     dans le baquet. La bouillie est absorbée aus­  porcelaine. Au nombre de quatre ou six, se­
                     sitôt par toute la surface de la pièce ; l’eau   lon que l’on veut accroître l’intensité du
                     pénètre dans la masse de la porcelaine, et la   calorique, ils sont placés autour du four.
                     poudre feldspathique reste à sa surface. On   Le tirage de tous ces foyers se fait par le
                     termine en appliquant au pinceau un peu de   four lui-même, qui fonctionne comme une
                     la même bouillie de barbotine sur les par­  cheminée.
                     ties de la pièce que l’ouvrier tenait entre   Les portes qui servent à pénétrer dans les
                     ses doigts, et qui n’ont pu prendre de ver­  laboratoires, ainsi que l’étuve, se ferment
                     nis.                                      tantôt au moyen de briques maçonnées avec
                       En parlant des faïences nous avons déjà   de l’argile, tantôt et plus généralement à
                     représenté (fig. 261, page 361) cette manière   l’aide de plaques en terre réfractaire lutées
                     d’appliquer la couverte sur une poterie.   par le même moyen, et que l’on main-
                     Nous renvoyons donc à cette figure pour  । tient par des barres de fer. Ces plaques
                     l’aspect de l’opération.                 । portent des ouvreaux, qui permettent aux
                                                               ouvriers de surveiller l’opération de l’exté­
                       La cuisson de la porcelaine se fait dans   rieur.
                     un four à deux étages et de très-grandes    11 existe à la manufacture de Sèvres trois
                     dimensions, pour développer la température   fours semblables à celui que nous repré­
                     très-élevée qui est nécessaire à la cuite de   sentons ici. Pendant que l’un se refroidit,
                     la pâte de la porcelaine et à la fusion de   on charge et on allume l'autre.
                    son vernis feldspathique.                    Longtemps on chauffa uniquement au
                      Nous représentons (fig. 273, page 389), ce­  bois les fours à porcelaine. La consommation
                    lui de la manufacture de Sèvres. L’étage ou   du bois, qui devait être sec et de bonne qualité,
                    le laboratoire supérieur sert, comme nous   était considérable, et entrait pour une très-
                    l’avons dit, à dégourdir la porcelaine, c’est-à-   forte part dans le prix de revient de la porce­
                    dire à lui donner une première cuisson, qui   laine. De nos jours, on est parvenu à chauf­
                    la dispose à recevoir la couverte. Le labora-   fer sans aucun inconvénient, les fours à la
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