Page 387 - Les merveilles de l'industrie T1
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                   nir une pièce. La barbotine est contenue dans   résultat, il a fallu apporter au procédé or­
                   un récipient supérieur, d’où elle descend,   dinaire du coulage un perfectionnement ca­
                   quand on ouvre un robinet qui lui donne   pital.
                   accès dans le moule de plâtre. A gauche on   Comme on ne trouve décrits dans aucun
                   voit représentés à part des moules, avec le   ouvrage les appareils pour le moulage de la
                   conduit qui doit amener dans leur intérieur   porcelaine au moyen de l’air comprimé ou
                   la barbotine contenue dans le réservoir.  raréfié, nous représenterons ces deux opé­
                     Ce procédé de fabrication des pièces de   rations par des dessins pris à la manu­
                   porcelaine, c’est-à-dire le coulage de la pâte   facture de Sèvres. Ce nouveau procédé
                   liquide dans des moules de plâtre, a été   constitue le progrès le plus sérieux que la
                   inventé en 1790, à Paris. En 1814 la ma­  manufacture de Sèvres ait apporté, de nos
                   nufacture de Sèvres l’appliqua à la fabri­  jours, à la fabrication de la porcelaine.
                   cation des grandes plaques de porcelaine,
                   des tubes et des cornues, et elle y apporta   Quand on veut obtenir, au moyen du cou­
                   de notables perfectionnements. On fit,    lage de la barbotine, de grandes pièces, on est
                   vers 1831, des plaques de plus de 1 mètre 25   exposé à un accident grave. Après l’absorp­
                   de hauteur sur 1 mètre de largeur.        tion d’une partie de l’eau par le moule de
                     A partir de 1850, on s’est servi, à la ma­  plâtre, la pâte est sujette à se détacher du
                   nufacture de Sèvres, de ce procédé du cou­  moule et à se trouver ainsi abandonnée à
                   lage pour modeler des tasses et d’autres   elle-même. 11 arrive trop souvent que la
                   pièces minces de cabarets, qu’il n’eût pas   partie supérieure, qui forme une voûte peu
                   été possible de fabriquer par les moyens or­  consistante, s’affaisse et tombe, de sorte que
                   dinaires de l’ébauchage et du tournassage.   l’opération est manquée.
                   C’est ainsi que l’on façonnait les tasses   L’emploi de l’air comprimé permet de
                   dites coquilles d'œuf, qui sont si recherchées.   remédier à cet inconvénient. Voici le pro­
                   En laissant séjourner très-peu de temps la   cédé imaginé, il y a trente ans, à la manu­
                   barbotine dans le moule, on obtient des   facture de Sèvres, et qui fut depuis employé
                   tasses aussi minces qu’on le désire. Elles   avec un certain succès.
                   sont même si légères qu’on est obligé d’y   Dès que l’on avait fait écouler la barbotine
                   adapter des anses creuses ; une anse pleine   du moule, on comprimait de l’air dans ce
                   ferait basculer, par son poids, cette tasse,   moule, au moyen d’une machine à compres­
                   qui pèse quelques grammes à peine.        sion. L’excès de la pression atmosphérique
                     Les anses creuses se font par ce même   intérieure sur la pression extérieure mainte­
                   coulage de la barbotine, en versant la bar­  nait, pendant quelque temps, la pâte contre
                   botine dans un petit canal creusé dans un   le moule absorbant, par une pression par­
                   bloc de plâtre.                           faitement égale sur toute sa surface, et lui
                                                             permettait ainsi d’acquérir la consistance
                     Ce même procédé du coulage, qui permet   nécessaire pour que la pièce pût se supporter
                   d’obtenir des pièces d’une minceur extraor­  seule par sa propre consistance.
                   dinaire, permet également aujourd’hui de    Nous représentons ici (fig. 270), ce pro­
                   fabriquer, à la manufacture de Sèvres, lés   cédé en action, c’est-à-dire la compression
                   plus énormes pièces, quelle que soit leur   de l’air à l’intérieur d’un moule par le jeu
                   lorme, même celles qu’on ne croyait pou­  d’une pompe atmosphérique foulante.
                   voir obtenir que par le tournassage ou par   La légende qui accompagne cette figure
                   le moulage seulement. Pour arriver à ce   explique le rôle de chaque pièce et fait
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