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382 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
nir une pièce. La barbotine est contenue dans résultat, il a fallu apporter au procédé or
un récipient supérieur, d’où elle descend, dinaire du coulage un perfectionnement ca
quand on ouvre un robinet qui lui donne pital.
accès dans le moule de plâtre. A gauche on Comme on ne trouve décrits dans aucun
voit représentés à part des moules, avec le ouvrage les appareils pour le moulage de la
conduit qui doit amener dans leur intérieur porcelaine au moyen de l’air comprimé ou
la barbotine contenue dans le réservoir. raréfié, nous représenterons ces deux opé
Ce procédé de fabrication des pièces de rations par des dessins pris à la manu
porcelaine, c’est-à-dire le coulage de la pâte facture de Sèvres. Ce nouveau procédé
liquide dans des moules de plâtre, a été constitue le progrès le plus sérieux que la
inventé en 1790, à Paris. En 1814 la ma manufacture de Sèvres ait apporté, de nos
nufacture de Sèvres l’appliqua à la fabri jours, à la fabrication de la porcelaine.
cation des grandes plaques de porcelaine,
des tubes et des cornues, et elle y apporta Quand on veut obtenir, au moyen du cou
de notables perfectionnements. On fit, lage de la barbotine, de grandes pièces, on est
vers 1831, des plaques de plus de 1 mètre 25 exposé à un accident grave. Après l’absorp
de hauteur sur 1 mètre de largeur. tion d’une partie de l’eau par le moule de
A partir de 1850, on s’est servi, à la ma plâtre, la pâte est sujette à se détacher du
nufacture de Sèvres, de ce procédé du cou moule et à se trouver ainsi abandonnée à
lage pour modeler des tasses et d’autres elle-même. 11 arrive trop souvent que la
pièces minces de cabarets, qu’il n’eût pas partie supérieure, qui forme une voûte peu
été possible de fabriquer par les moyens or consistante, s’affaisse et tombe, de sorte que
dinaires de l’ébauchage et du tournassage. l’opération est manquée.
C’est ainsi que l’on façonnait les tasses L’emploi de l’air comprimé permet de
dites coquilles d'œuf, qui sont si recherchées. remédier à cet inconvénient. Voici le pro
En laissant séjourner très-peu de temps la cédé imaginé, il y a trente ans, à la manu
barbotine dans le moule, on obtient des facture de Sèvres, et qui fut depuis employé
tasses aussi minces qu’on le désire. Elles avec un certain succès.
sont même si légères qu’on est obligé d’y Dès que l’on avait fait écouler la barbotine
adapter des anses creuses ; une anse pleine du moule, on comprimait de l’air dans ce
ferait basculer, par son poids, cette tasse, moule, au moyen d’une machine à compres
qui pèse quelques grammes à peine. sion. L’excès de la pression atmosphérique
Les anses creuses se font par ce même intérieure sur la pression extérieure mainte
coulage de la barbotine, en versant la bar nait, pendant quelque temps, la pâte contre
botine dans un petit canal creusé dans un le moule absorbant, par une pression par
bloc de plâtre. faitement égale sur toute sa surface, et lui
permettait ainsi d’acquérir la consistance
Ce même procédé du coulage, qui permet nécessaire pour que la pièce pût se supporter
d’obtenir des pièces d’une minceur extraor seule par sa propre consistance.
dinaire, permet également aujourd’hui de Nous représentons ici (fig. 270), ce pro
fabriquer, à la manufacture de Sèvres, lés cédé en action, c’est-à-dire la compression
plus énormes pièces, quelle que soit leur de l’air à l’intérieur d’un moule par le jeu
lorme, même celles qu’on ne croyait pou d’une pompe atmosphérique foulante.
voir obtenir que par le tournassage ou par La légende qui accompagne cette figure
le moulage seulement. Pour arriver à ce explique le rôle de chaque pièce et fait