Page 388 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES FT PORCELAINES. 383
comprendre toute l’opération. Contenue fait usage d’une machine pneumatique, qui
dans le réservoir R, la barbotine, c’est-à- extrait l’air contenu dans la capacité fer
dire la pâte liquide d’eau et de terre à porce mée où le moule est logé. On arrive ainsi
laine, descend par le tube S, à l’intérieur au même résultat, avec plus d’avantage. Pen
du moule A. Quand le moule est plein, on dant qu’elle est molle, la pâte est toujours
arrête l’écoulement de la barbotine. comprimée contre le moule par un excès de
Ce moule est en plâtre, par conséquent pression intérieure, puisque le vide existe à
très-poreux. 11 absorbe doncrapidementl’eau l’extérieur du moule. L’opération est d’une
de la pûte qui est venue le remplir. exécution plus facile, car il suffit de recou
La pâte de porcelaine forme une couche vrir le moule d’une cloche en tôle, que l’ex
mince appliquée contre les parois du moule cès de la pression atmosphérique applique
et reproduisant très-exactement sa forme. toujours hermétiquement sur la face su
Mais, en raison de ses grandes dimensions, périeure du moule. On n’a pas à redouter
de son poids, de sa faible consistance et de son d’explosion. Enfin, l’ouvrier peut suivre
peu d’épaisseur, la couche de pâte pourrait continuellement le raffermissement de la
se détacher et tomber. L’air comprimé a pour pâte, puisqu’il voit librement à l’intérieur
mission d’empêcher cet accident. Arrivant du moule.
par le tube C, qui est lui-même en commu La figure 271, dessinée, comme la précé
nication avec la machine à compression dente, à la manufacture de Sèvres, montre
atmosphérique, P, l’air comprimé s’intro l’installation de l’appareil de M. Régnault
duit à l’intérieur du moule A, et pressant pour l’application du vide au coulage des
la couche de pâte encore mince et peu so grandes pièces de porcelaine.
lide contre les parois du moule, il la main La légende détaillée qui accompagne cette
tient et prévient sa chute. figure permet de suivre l’ensemble de l’opé
Cette méthode permit d’obtenir de très- ration.
grandes pièces de porcelaine. Elle présen La barbotine arrive du réservoir supérieur
tait cependant des inconvénients sérieux. Le C dans le moule A, au moyen du tube D, fixé
moule était fermé à sa partie supérieure, contre le poteau de support du réservoir.
pour que l’on pût y comprimer l’air. L’ou Quand le moule est plein, on suspend l’é
vrier travaillait donc en aveugle ; il ne pou coulement de la barbotine en fermant le ro
vait pas voir la pâte à l’intérieur du moule, binet E, et au bout d’une demi-heure, on
et reconnaître à son aspect si elle avait ac écoule l’excédant de barbotine par le tube FG.
quis la consistance suffisante. La compres Faisant alors agir la machine pneumati
sion de l’air à l’intérieur présentait d’ail que, on fait le vide dans l’espace contenu
leurs quelques dangers avec les moules à entre les parois extérieures du moule et
grande section intérieure ; il était difficile de celles de la cloche B. Dès lors la pression
maintenir solidement les moules en plâtre, de l’air extérieur, agit librement à l’in
et des explosions survenaient quelquefois. térieur du moule A, car ce moule est ou
M. Victor Régnault, pendant qu’il était vert et l’ouvrier peut, en se penchant un
directeur de la manufacture de Sèvres, per peu, suivre parfaitement de l’œil l’état
fectionna ce système en remplaçant la com de la pâte qui se durcit de plus en plus.
pression de l’air par sa raréfaction, c’est-à- Le manomètre K indique à chaque instant,
dire en opérant le vide partiel, non à Yin- si le vide se maintient bien, et si le lut bb
térieur, mais à Textérieur du moule. Au empêche toujours la rentrée de l’air, le seul
lieu d’une machine à comprimer l’air, on accident à craindre.