Page 384 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES                             379

            la pâte elle-même, on la fait pourrir, selon   3° Le coulage.
            l’expression consacrée (1).                  Nous avons parlé, à propos des poteries
               Au bout de ce temps on reprend la pâte,   communes, du tour à potier, qui joue un
             on la malaxe avec la main, on la comprime,   si grand rôle dans toutes les branches de la
             on l’exprime et on la met sous la forme de   fabrication céramique. Nous savons déjà
             boules ou de ballons, qu’on projette avec   qu’il consiste en un disque de bois traversé
             force contre les parois d’un mur.         par un axe vertical et aboutissant à un dis­
               Ce travail de pétrissage intime que l’on   que supérieùr plus petit. Le grand disque
             fait subir à la pâte pourrie, a pour but,   de bois est mis en mouvement par le pied de
             d’une part, de mélanger tous ses éléments   l’ouvrier, le petit disque supérieur reçoit la
             hétérogènes, et d’autre part, de faire déga­  pâte qu’il s’agit de modeler. Nous avons déjà
             ger les bulles de gaz qui se sont développées   dit ce qu’on appelle ébauchage et tournassage.
             au sein de sa masse pendant sa pourriture.  On sait que, dans la première de ces opéra­
               Après cela il reste à mélanger la pâte I  tions, l’ouvrier donne, à la pièce placée sur
             d’une quantité convenable d’eau. C’est ce i  le tour la forme approximative qu’elle doit
             que l’on fait dans le gàchoir. La figure 267 j  avoir; qu’ensuite ilia laisse sécher à l’air, et
             représente le gàchoir de la manufacture de   que lorsqu’elle est sèche, un autre ouvrier la
             Sèvres. La pâte est enfermée dans des cy­  prend et la travaille sur le tour avec des outils
             lindres de fer, avec une quantité d’eau con­  d’acier, c’est-dire la tournasse, comme fe­
             venable, et au moyen d’agitateurs qne meu­  rait un tourneur pour une pièce de bois ou
             vent des roues à déclic commandées par un   pour un objet de métal.
             arbre de couche, on mélange intimement
             l’eau et la pâte, de manière à en faire une
             sorte de bouillie parfaitement homogène :
             c’est ce qu’on nomme la barbotine.
               Quand la pâte est devenue, par ces lon­
             gues opérations, liante, ductile et éminem­
             ment facile à modeler, enfin quand on a
             préparé dans le gàchoir la bouillie liquide
             qui constitue la barbotine, on s’occupe de
             façonner les pièces.
               Le façonnage des pièces s’exécute par
             trois procédés, qui ne sont point exclusifs
             l’un de l’autre, et qui, au contraire, sont
             souvent employés tous les trois pour le fa­
             çonnage complet d’une même pièce. Ces
             trois procédés sont :
               1° Le travail au tour,
               2° Le moulage,

              (1) On a observé, à la manufacture de Sèvres, que l’on
             peut activer extraordinairement le vieillissement de la pâte
             et réduire le temps de la pourriture, en ajoutant à cette
             pâte les débris, les rognures qui proviennent du travail du   fig. 267. — Gàchoir de. la manufacture de Sèvres.
             tournassage, et qui sont de la pâte de porcelaine pure.
             Cette matière semble agir comme une espèce de ferment
             pour accélérer la pourriture et hâter le vieillissement.  Les assiettes, les plats, et toutes les pièces
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