Page 10 - Hermone Notice historique3_1989
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Le  monde  rural

                       A cette époque, le  paysan n'est pas considéré en tant qu'individu.  Il  fait
                   partie d'un corps  : il  dépend d'un seigneur ou bien il  est sujet d'une abbaye,
                   et  en  plus,  il  est  membre  de  sa  communauté  paroissiale.  En  dehors  de  ces
                   structures,  il  n'a aucune existence juridique. Les  bien sont d'ailleurs possédés
                   en  commun  pour  que  chacun  puisse  y  avoir  accès.
                       Le  contexte  économique  du  temps  fait  que  les  abbayes  de  montagne
                   vont  remettre,  moyennant  le  versement  de  redevances,  une  part  de  leur
                   domaine  foncier  aux  paysans  de  l'endroit.  Elles  peuvent  le  faire  puisque
                   ceux-ci  possèdent  maintenant  du  numéraire.  Double  avantage : · l'abbaye
                   encaissera de  l'argent et pourra réparer les  bâtiments dont elle a la charge -
                   les  paysans mettront en valeur les  biens auxquels ils  sont directement intéres-
                   sés  et  en  tireront  profit.  C'est ainsi  qu'en  1426  la chartreuse  de  Vallon  cède
                   aux  hommes  de  Vallon  un  lot  immense  de  terres,  alpages  et  forêts,  qui
                   désormais  leur  appartiendra en  indivision.  Et il  est  probable  que  ces  mêmes
                   chartreux ont dû donner  aux  hommes  de Vailly  les  forêts  d'Hermone.  Mais
                   de  cette  tractation,  nous  n'avons  aucune  trace.  Il  faut  nous  contenter  de
                   cette  supposition  qui  apparaît  vraisemblable.


                   La  paroisse  au  Moyen  Age
                       La paroisse,  comme nous la connaissons,  n'existe pas.  Elle est  alors for-
                   mées  de  trois  entités  que  nous  avons  vues  plus  haut,  entités  qui  parfois
                   s'entraident  et  parfois  s'opposent.
                   1)  -  L'église : elle  appartient  à un protecteur  (le  plus  souvent  une  abbaye)
                         qui y entretient un prêtre pour assurer  le  culte,  prélève la dîme et doit
                         entretenir  le  chœur ;  à  Vailly,  le  prieur  de  Saint-Hippolyte  de  Tho-
                         non.
                   2)  -  La  seigneurie  féodale  :  elle  relève  d'un  seigneur  qui  rend  la  justice,
                         assure  la  protection  des  individus  et  encaisse  des  taxes:  A  Vailly,  en
                         1300  :  le  seigneur  d' Allinges ;  après  1400  :  le  comte  de  Savoie  lui-
                         même  (les  hommes  de  Vailly  sont  appelés· :  «  homines  Domini  »  =
                         « les  hommes  du  Seigneur »)  ;  après  1530  :  le  seigneur  de  Genève-
                         Lullin.
                   3)  -  Les  communiers  :  ils  gèrent  les  biens  communaux,  versent  la dîme  et
                         les  taxes  et  doivent  entretenir  la  nef  de  l'église.  Ces  communiers  se
                         réunissent  en  assemblée  générale  soit  à date  fixe,  soit,  selon  la  néces-
                         sité,  le  dimanche  après  la  messe  devant  l'église  sous  le  tilleul.  Ils
                         débattent en  public  de  leurs  problèmes  sous  la direction  du  procureur
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