Page 11 - Hermone Notice historique3_1989
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qu'ils ont élu.  On appelle  cela « la démocratie »  -  gouvernement  du
                      peuple  par le  peuple - telle  que la connaissent encore les  Cantons  pri-
                      mitifs de la Suisse.  Le euré n'est pas partie prenante dans ces  délibéra-
                      tions,  car  il  n'est  pas  communier ;  nommé  par  l'évêque  sur  présenta-
                      tion  de  l'abbaye,  il  s'occupe  des  choses  du  culte  et  des  biens  de  la
                      manse  curiale.

                à  Vailly
                    C'est  donc  en  assemblée  générale  que  se  réunissent  les  communiers  de
                Vailly en ce  deuxième dimanche du mois de juin 1489.  Ce sont eux qui pren-
                nent  la décision  d'élever  un sanctuaire à la Mère  de  Dieu  sur un  point de  la
                montagne  qui  domine  leur  paroisse.  Ce  lieu  leur  appartient  en  propre
                puisqu'ils  l'ont reçu  des  chartreux  à  perpétuité.  Notre-Dame  protégera leurs
                maisons  et,  durant  l'été,  les  alpagistes  pourront  l'honorer.
                    Si,  des  dernières  maisons  du  village  de  La  Côte,  on  lève  les  yeux  vers
                l'ouest,  on aperçoit un promontoire rocheux  qui  se  dresse vers  le  ciel.  De là-
                haut,  une  vue  magnifique  s'étend  sur  la  vallée  et  les  montagnes  à l'orient,
                sur la plaine du Chablais et le  lac Léman vers l'occident.  A cause de cela,  on
                lui  avait donné le  nom de «  Miribel ».  C'est sur cet  emplacement,  à une alti-
                tude  de  1 333  mètres,  que  les  communiers  de  Vailly décidèrent  de construire
                une  chapelle  en  l'honneur  de  la  Mère  de  Dieu.
                    Ils  devaient  regarder  ce  promontoire  avec
                crainte  et  tremblement  quand  la  foudre  y  tombait,
                car  ce  lieu  l'attire  volontiers  ;  ils  en  avaient  peur.
                Le  tonnerre  et  le  feu  du  ciel  paraissaient  aux
                anciens  comme  expression  de  la  divinité :  la  colère
                des  dieux,  la colère  de  Dieu.  Est-ce  pour  se  préser-
                ver  de  cette  colère,  comme  pour  se  préserver  de  la
                foudre  sur  leurs  maisons,  qu'ils  décidèrent  d'élever
                cette  chapelle ?  Passant  de  la  crainte  de  Dieu,  ils
                découvraient  sa  miséricorde  en  la  personne  de
                Marie :  « Son  amour  s'étend  d'âge  en  âge  sur  ceux
                qui  le  craignent »,  dit  justement  le  Magnificat,  le
                cantique  de  la  Visitation  de  Notre-Dame.






                                   Un  oratoire de  1827,  à la  Côte d'en bas,
                                       tout près du chemin des Chartreux.
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